La question qui fâche...

[Liu]

Bonsoir, 

Aujourd'hui, après avoir entendu l'histoire d'un enfant sourd, mon élève de CM1 m'a posé la question qui fâche à savoir :  Est-ce que moi aussi je suis handicapé ? 

Je n'ai pas voulu répondre oui ou non. Je lui ai posé des questions sur ce que c'était pour lui être handicapé. J'ai essayé de relativiser sa perception car il était très dur dans les qualificatifs qu'il employait. J'ai préféré parler  du handicap plutôt en terme de "particularités, spécificités" ou de "forces et de faiblesses" propres à chaque personne. 

Mais j'avoue que la question m'a surprise et que j'avais le sentiment de marcher sur des oeufs.... 

Qu'auriez-vous dit à ma place ? 

[Mamy]

J'aurais dit "oui"  en lui citant d'autres formes de handicaps, la vue , la motricité,... inutile de l’installer dans le déni, il doit apprendre à vivre avec, et s'il a posé la question, c'est qu'il y avait réfléchi.

[Micheline]

Bonjour

A ta place, Liu, j'aurais sans doute réagi comme toi.

 Si son déni d'enfant de se dire handicapé est sa seule défense , je ne me permettrais pas d'autre réponse que la tienne.

 

Il est possible que ton élève ait en effet posé cette question après y avoir réfléchi.

Je doute  cependant qu'il puisse facilement identifier sa psychopathologie, telle qu'il en a conscience, à celle d'un handicap (visible et répertorié).

 

Et si c'était son obligation de participation à la vie scolaire le mettant en situation de handicap qui avait motivé sa question...?

 

Bon courage!

 

 

 

[Mamy]

C'est parce qu'on a une vision négative du handicap. Pour avoir beaucoup fréquenté les enfants handicapés, le fait pour eux de le savoir, leur permet de compenser leur handicap. Comment expliquer à ce petit garçon pourquoi il a droit à une AVS? Comment réagirez vous le jour où un autre enfant le lui dira , peut être un peu violemment?

[Liu]

Disons que j'ai bien senti qu'en se retournant sur moi, ce qu'il voulait, c'est que je le rassure. J'ai essayé de le faire sans mentir.

C'est un garçon qui est rejeté par les autres (et les rejette aussi). Il a un suivi psy suite à des propos suicidaires qu'il a tenu. Bref il est instable. 

Je ne sais pas ce que ses parents lui ont expliqué exactement et j'estime que ce n'est pas mon rôle de lui dire ce qu'il a. 

@ Mamy : il sait qu'il a des problèmes avec l'écriture/géometrie, c'est comme cela que je justifie ma présence : pour t'aider lorsqu'il faut écrire/manipuler des instruments de mesures.

J'aide d'autres élèves en difficulté lorsqu'il n'a pas besoin de moi ou qu'on a fini, de sorte à ne pas trop le singulariser par ma présence continuelle. 

[Liu]

Je n'ai pas fini d'être confonté à cette question car la maitresse va faire plusieurs séances dessus. Je ne sais comment elle a prévu sa séance mais je trouve que l'ouvrage lu renforce les stéréotypes car les élèves croient que le handicap c'est un handicap physique (le fauteuil/être sourd...) alors que ce ne sont que des handicaps parmi d'autres (les troubles dys, mentaux...) J'aurais préféré un ouvrage sur un petit dyslexique (si vous en connaissez, je suis preneuse) pour montrer que le handicap peut être invisible. Ce qui est le cas pour mon élève (dyspraxique) De plus la dyslexie est de mieux en mieux acceptée. (il me semble)

Je suis d'accord avec vous sur le fait que pouvoir mettre un mot sur ses difficultés soulage. Ca permet de se déculpabiliser. Mais, ce sont à ses parents de lui dire. En tout cas moi, je n'ai pas eu le courage... Un peu de lacheté probablement.

Ce qui me désole c'est que je sais très bien qu'il va devoir faire 4X plus d'efforts pour arriver au même résultat que d'autres. Il lui faudra du courage et de la confiance en lui (c'est ce que j'essaye de préserver) Mais comme on dit l'enfer est pavé de bonnes intentions.... Le problème est qu'on ne sait jamais d'avance.

Si un autre élève lui dit qu'il est handicapé et que je l'apprends. Je pense que j'aurais une discussion avec cet élève pour lui faire comprendre que ce terme n'est pas une insulte, que le terme désigne des difficultés que les personnes n'ont pas choisies d'avoir etc... Je lui ferai la leçon.

[Micheline]

Au cas où tu n'aurais pas repéré ce lien:

http://www2.ac-lyon.fr/services/loire/ash/spip.php?rubrique26&lang=fr

En particulier :

 4 vidéos expliquant les troubles d’apprentissage

 

 

 Sur le web : Vidéos : dyslexie-dyspraxie-dysphasie-hyperactivité

 

 

[Liu]

Merci Micheline !

Je vais y jeter un oeil !

[Liu]

Je viens d'apprendre que mon contrat n'est pas renouvelé. Je suis déprimée !!

[Micheline]

Liu, t'as-tu au moins donné les causes ce de non- renouvellement? 

Une formation t'est-elle proposée?

Les AVS en CUI (ou AVS en contrat aidé) ont la possibilité, à l'issue de leur contrat de deux années, d’être recrutés comme AESH en CDD « pour une durée minimale de 12 mois 

 

[Liu]

Oui. On m'a donné une raison : "Suite aux restrictions budgétaires que subissent les contrat CUI, j'ai le regret de vous informer que votre contrat ne sera pas renouvelé au 14/07."

J'étais en contrat aidé. Les contrats aidés ont été supprimés et mon emploi avec.... 

Pour postuler à un poste AESH il fallait avoir fait 2 ans de CUI (ou avoir un diplôme particulier que je n'ai pas) Or, moi je n'ai que 1 an et demi. Ce dernier renouvelement aurait pu me permettre de continuer. 

Mais non... Je me sens doublement flouée. 

Aucune formation ne nous est proposée...

Je suis dépitée...

 

[moîravita]

Nous comprenons ta déception . Hélas, c'est la vie . D'autres nous circuitent pour prendre nos places , souvent acquises  par népotisme . Ne te décourage ps , Liu , car c'est peut-être un mal pour un bien . 

Sache que tes interventions judicieuses en philo sont appréciées et qu'ici, tu as ta place .Tes collègues françaises pourront t'aider, t'aiguiller et t'encourager, comme elles le font depuis longtemps . 

Tomorrow is another day ! 

[Micheline]

Citation

• le contingent d’agents AESH en contrat aidé passe de 50 000 à 30 500 pour la rentrée scolaire 2018-2019 (soit 19 500 postes AESH en contrat aidé supprimés)
• Sur 19 500 agents AESH en contrats aidés non renouvelés, seuls, 11 200 pourront bénéficier d’une transformation de leur contrat en CDD AESH conformément à la déclaration prise à l’occasion de la Conférence nationale du Handicap du 19 mai 2016 par le président de la République François Hollande  ayant annoncé la création de 32 000 postes d’accompagnants des élèves en situation de handicap ETP sur les 5 prochaines années.
• La répartition académique des 30 500 agents AESH en contrat CUI-CAE retenus pour exercer dans l’éducation nationale sera connue à compter du 1^er juillet 2018. D’ici cette date, les services académiques sont donc fermement invités 

-soit à geler tout recrutement ou renouvellement d’agents AESH en contrat Cui-Cae

-soit à renouveler, sur réserve restante de quota contrat attribué début septembre 2017 , les contrats Cui-Cae d’agents AESH  en poste avec date terme butoir fin juin 2018. (d’où le constat observé depuis février 2018 dans des académies de renouvellements établis sur moins de 6 mois)

Peut--être un mal pour un bien de ne pas pouvoir continuer pour postuler en AESH...

 

 

Citation

• l

 

 

[Liu]

Merci Moiravita pour votre message !

 

Ce qui me console un peu c'est qu'apparemment mon professionalisme n'est pas en cause. Ce n'est pas mon attitude qui a provoqué la rupture du contrat mais des causes qui ne dépendent pas de moi comme dirait l'autre.

Je ne sais pas pour autant si "c'est un mal pour un bien" dans la mesure où je n'ai aucun plan B professionnel. De ce fait, j'aurais préféré un "pas grand-chose" professionnel plutôt qu'un "rien du tout."

Je vais me remettre à chercher un emploi dès maintenant (dans n'importe quel domaine) avec de la chance, je ne resterais pas longtemps au chômage.