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Explication texte de Bachelard


laurence_5

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Bonjour, j'ai une explication de texte à faire sur un texte de Bachelard extrait de la formation de l'esprit scientifique pour dans 2 semaines et je rencontre quelques difficultés pour la compréhension de certains passages. Le texte est découpé en 3 paragraphes. Dans la première partie Bachelard explique que la connaissance scientifique n'est possible que par le franchissement d'obstacles qu'il appelle obstacles épistémologiques c'est à dire qui s'opposent au progrès de la science. Voici la première partie :

Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain : c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait croire » mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.

J'ai à peu près compris le texte et j'ai su m'en sortir mais je ne comprends pas vraiment certains passages.

Le premier point qui me pose problème est le suivant : c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles.

J'ai compris que ces obstacles internes comme la certitude ou l'opinion sont les causes de lenteurs et de troubles c'est à dire qu'ils ralentissent et font régresser la science. Je sais que la nécessité fonctionnelle par définition c'est ce qui n'apparait pas par hasard mais par un enchainement nécessaire des causes et des effets mais je ne comprend pas la définition ni le sens de la phrase.

Ensuite deuxième point que j'ai du mal à comprendre c'est : La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres.

J'ai compris qu'il subsiste des choses dans l'ensemble du réel qui ne sont pas forcément perçues instantanément au moment de l'observation. Les parts d'ombres sont liées au fait qu'un scientifique ne peut pas voir la connaissance du réel dans son ensemble, et c'est pourquoi elle n'est jamais pleine. Mais j'ai du mal à comprendre cette notion de réel.

Merci de votre aide :)

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  • E-Bahut

Bonjour, 

Pour la première phrase : c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. 

Elle se comprend je pense en relation avec ce qui précède à savoir que les obstacles épistémologiques dont il parle ne sont pas exterieurs à l'individu (à rechercher dans la compléxité du réél par exemple ou un défaut de perception) mais interne, "intimement lié à l'acte de connaitre" lui-même. 

Pour énoncer autrement l'idée : connaitre  quelque chose c'est  nécessairement être confronté à des obstacles épistémologiques. Ils sont inhérent à l'esprit humain qui n'a pas d'autre choix que de partir/de prendre appui sur ce qu'il pense savoir.

La conquête de nouvelles connaissances va nécessiter que l'on déconstruise nos préjugés, nos connaissances acquises pour construire un nouveau cadre d'analyse. 

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D'accord je comprends mieux merci :)

Et j'avais aussi une autre question pour m'assurer que j'avais bien compris la différence entre croire et penser. Si j'ai bien compris Bachelard dénonce l'action de croire en favorisant la pensée. J'ai compris du texte que la pensée implique une réflexion tandis que la croyance c'est plutôt adhérer à un jugement sans forcément se poser de question. Donc tant que l'on croit on ne peut pas avancer et pour progresser il vaut mieux penser que croire. Et c'est pourquoi c'est seulement lorsqu'une vérité est approuvée par la science et que cette vérité s'oppose à notre croyance que l'on comprend qu'il faut penser avant de croire.

Est ce que mon explication vous semble correcte ? Je ne sais pas si je suis claire dans mes propos. Bien sur c'est mieux développée sur mon brouillon mais c'est l'idée principale que je viens d'écrire.

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  • E-Bahut

Je suppose que tu fais référence à cette phrase : "Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait croire » mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser."

Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait croire »  // il est toujours ce qu'on aurait dû penser."

Oui....

Bachelard oppose effectivement la croyance et la pensée.

D'un coté il y a la croyance c'est-à-dire une connaissance immédiate, Cette connaissance nous donne le sentiment (l'illusion) du savoir. D'où le "on pourrait croire" qui signifie qu'effectivement aux premiers abord on pense que les croyances que l'on a formées sur les phénomènes sont justes. Elles nous paraissent si évidentes  qu'on pourrait croire qu'on a là une connaissance et donc ne pas chercher plus loin. Or Bachelard nous dit le réel n'est jamais cela. Le sens commun est faux. 

Il oppose à la croyance, la pensée c'est-à-dire l'analyse scientifique rigoureuse. L'analyse scientifique montre retrospectivement à quel point nos croyances immédiates (ce que l'on pourrait croire) étaient fausses. L'analyse scientifique nous montre une fois faite ce que "l'on aurait dû penser". Ainsi la connaissance n'est pas première, immédiate donnée, c'est un travail long, rigoureux qui passe par la décontruction de  nos croyances, de nos erreurs pour conquérir une connaissance....

 

 

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D’accord c’est clair dans l’ensemble j’avais bien compris :) 

Ensuite il y’a juste une phrase que j’ai du mal à comprendre dans l’an suite du texte. Voici la deuxième partie du texte :

L’idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse. Mais devant le mystère du réel, l’âme ne peut se faire, par décret, ingénue. Il est alors impossible de faire d’un seul coup table rase des connaissances usuelles. Face au réel, ce qu’on croit savoir clairement offusque ce qu’on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. Accéder à la science, c’est, spirituellement, rajeunir, c’est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.

C’est cette phrase : Mais devant le mystère du réel, l’âme ne peut se faire, par décret, ingénue.

Quand Bachelard dit mystère du réel est ce qu’il fait référence aux parts d’ombres de la première partie ? Du fait que que connaissances ne peuvent être vues dans leur ensemble. 

L’ame c’est un principe de pensées donc tant que l’on étale pas toutes les connaissances on ne peut pas penser et donc pas faire progresser là science. Ingénu c’est naïf donc l’ame serait naïf c’est à dire qu’elle préfère croire que réfléchir c’est ça ?

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  • E-Bahut

Bonjour,

Par mystère du réel, il faut comprendre selon moi les phénomènes que le scientifique cherche à expliquer.

Pour cela l'âme  (au sens du siège de la pensée  effectivement) ne peut se faire par décret c'est-à-dire par sa seule volonté (sur le mode maintenant je décide que) ingénue c'est-à-dire naïf oui, mais je dirais ignorante dans ce contexte.  

L'esprit ne peut mettre de côté tous les préjugés, les connaissances qu'il a acquises. Décréter que l'on rompt avec les préjugés ne suffit pas pour s'en libérer et rares sont les domaines où nous n'avons pas des connaissances, un avis sur la question.  Il est impossible et illusoire de croire qu'il suffirait de se dire du jour au lendemain, j'oublie tout ce que je sais sur tel ou tel sujet. Il faut donc au contraire partir des representations que l'on a d'un phénomène, les expliciter pour ensuite les tester, tester ces connaissances, les mettre à l'épreuve, pour prouver qu'elles sont fausses ou incomplètes et s'en défaire.

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D’accord merci beaucoup :) 

Mais pour en revenir à la première partie je n’ai toujours pas compris le sens de la phrase : La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres

Sinon j’ai compris tout le reste merci beaucoup de votre aide et de votre temps ;) 

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  • E-Bahut

Bonjour, 

La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. 

Je reformule la phrase. L'auteur dit que la connaissance n'est pas exhaustive. La science apporte des connaissances sur des questions précises. Elle éclaire une partie des phénomènes tandis que d'autres phénomènes n'ont pas encore été étudiés ou qui n'ont pas encore d'explication. La lumière fait référence au fait que l'analyse scientifique rend explicable, intelligible une partie du réel. Mais en même temps qu'elle répond à des questions, la connaissance scientifique laisse des parts d'ombres c'est-à-dire les aspects du phénomène qui n'ont pas été traités : dit autrement en éclairant d'une certaine manière, sous un certain angle, en ayant une certaine approche  un phénomène, le scientifique va être amené à négliger  d'autres dimension du problème qu'il étudie, qui ne seront donc pas expliqués par sa théorie. Ces aspects pourront faire émerger de nouvelles questions de recherche qui seront probablement étudiées par d'autres chercheurs, qui par leurs recherches feront émerger de nouvelles questions et ainsi de suite.... Ainsi expliquer un phénomène va avoir pour effet (même si c'est paradoxal) de laisser des aspects dans l'ombre voire produire de nouvelles zones d'ombre...

Pour comprendre ce point, imagine un projecteur. Le projecteur est braqué sur une zone, mais en même temps qu'il se focalise sur cette zone, il laisse le reste de l'espace dans l'ombre. Le projecteur du scientifique, c'est la théorie qu'il utilise (ainsi que ses expériences) Sa théorie va lui fournir des outils susceptible d'expliquer certains aspects d'un fait mais en même temps qu'il fait cela, il laisse d'autres aspects dans l'ombre. 

Bref, j'espère que tu as plus ou moins compris l'idée...

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  • E-Bahut

Les obstacles épistémologiques font partie intégrante de notre structure mentale et ils  ne proviennent pas d'un déficit de connaissance mais de la préexistence de savoirs solidement ancrés. Il sont un empêchement à l'appropriation de concepts nouveaux. Le premier des obstacles est "l'expérience première" non accompagnée d'esprit critique.  

L’esprit qui cherche doit lutter contre sa tendance à satisfaire des savoirs établis qui sont de faux savoirs "celui qui a des certitudes n'a rien approfondi" dit Cioran.  Dans le même esprit Karl Popper propose de "falsifier les théories" de chercher à les prendre en faute plutôt que de les conforter. Ce qu'explique une théorie a moins d'intérêt que les ignorances qu'elle revèles. Le plus intéressant n'est pas ce que la science explique, ce qu'elle met en lumière, mais ce qu'elle n'explique pas c'est à dire l'ombre qu'elle révèle.

La connaissance n'est pas exhaustive, mieux comprendre n'est pas plus comprendre c'est plus ignorer. Apprendre c'est réformer une idée préconçue cela ne peut se faire que contre une connaissance antérieure ce qui explique la difficulté de l'apprentissage et ses lenteurs.  Apprendre nécessite de commencer par douter de son savoir.  En science il n'est pas de connaissance qui ne révèle une ignorance, de réponse qui n'induise pas de nouveaux questionnements. Plus on progresse dans la connaissance et plus l'on prend conscience de l'étendue de son ignorance. 

Pour lutter contre les obstacles épistémologiques qui sont un frein à l'acquisition de nouveaux savoir, Bachelard  conseille de réaliser une catharsis intellectuelle qui consiste à vider son esprit des arguments d'autorité à ne pas se satisfaire de ce qui est établi (laisser sa raison inquiète) en luttant sans cesse devant "l'instinct conservatif" qui consiste a se satisfaire d'un savoir  établi qui préfère les réponses aux questions.

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