Aller au contenu

Commentaire en philo extrait du Philèbe


GGérard

Messages recommandés

Bonjour,
Je suis en terminal et j'ai un devoir en philosophie cependant j'ai énormément de mal avec ce texte et je ne le comprends pas, c'est pour cela que j'essaye étape par étape. Malgré cela je n'y parviens toujours pas. Ce qui m'amène ici. Je sais que le texte provient du Philèbe et que ce livre parle de plaisir. Mais lorsque je lit ce texte je ne vois pas le rapport avec le plaisir. J'ai cru comprendre que le texte parler de l'apprentissage ou du travail.
Pouvez vous m'aidez à prendre mon envol?

"Socrate : Si d'ailleurs l'un de ces hommes d'opinion se flatte d'étudier la nature, c'est, tu le sais, les choses du monde où nous sommes, la façon dont elles sont nées, les actions qu'elles subissent et celles qu'elles exercent, c'est là ce qu'il passe sa vie à étudier. Affirmerons-nous cela ? Qu'en dis-tu ?
Protarque : Oui.
Socrate : Ce n'est donc pas à ce qui est toujours, mais à ce qui devient, deviendra et devint, qu'un tel homme parmi nous applique son labeur ?
Protarque : C'est très vrai.
Socrate : Et, de telles choses, saurions-nous affirmer qu'aucune puisse devenir sûre au sens de la plus exacte vérité, puisqu'aucune d'elles jamais ne fut ni ne sera ni n'est actuellement dans le même état ?
Protarque : Comment l'affirmer ?
Socrate : Sur des choses qui n'ont aucune espèce de fermeté comment pourrions-nous donc acquérir quoi que ce soit de ferme ?
Protarque : D'aucune façon, je pense.
Socrate : Aussi n'y a-il ni intellect ni science qui possède, à leur sujet, la vérité la plus exacte.
Protarque : Non, apparemment.
Socrate : Alors qu'il ne soit plus du tout question de toi, de moi, de Gorgias, de Philèbe, et, sur la foi de notre raisonnement, proclamons plutôt ceci.
Protarque : Quoi ?
Socrate : Qu'ailleurs se trouvent, à notre avis, la fermeté, la pureté, la vérité et, comme nous disons, l'intégrité, à savoir en ces réalités qui demeurent toujours dans le même état, de la même manière, sans aucun mélange, ou bien en celles qui sont leur sont le plus possible apparentées ; quant à toutes autres choses, il faut les déclarer secondaires et inférieurs.
Protarque : Tu dis la pure vérité."

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • E-Bahut

Salut à toi mon Gégérad!

Désolé de ne pas t'avoir répondu plus tôt, retroussons-nous les manches et partons explorer le Philèbe de Platon! C'est un texte qui explore le concept du Bien, mais d'une façon nuancée qui laisse de la place à l'idée de "vie bonne" et de vie des plaisirs. On peut y trouver la racine de ce que les Epicuriens ont trouvé chez Platon. Mais ces considérations générales sur l'oeuvre ne nous seront d'aucune utilité, donc abandonnons-les dans un endroit où les généralités inutiles sont heureuses, comme Wikipédia ou les programmes électoraux. Et mettons-nous plutôt à la lecture dans le détail!

 

Ce passage évoque la distinction intellectuelle entre différentes formes du savoir. C'est donc un texte d'épistémologie (philosophie de la connaissance, qui pose des questions sur la nature des raisonnements et des sciences).

J'ai retrouvé ce passage dans la nouvelle édition du Philèbe sortie chez Vrin en collection bilingue (traduction par Sylvain Delcomminette, Vrin, 2022, p223, référence 59a). Et la traduction est un peu différente, mais peu importe, j'ai le texte grec original en vis-à-vis.

 

Juste avant ce passage, le dialogue entre Socrate et Protarque recherchait la science la plus pure. Il y avait une comparaison avec la couleur blanche: une petite étendue de blanc pur se distinguerait au milieu d'une grande étendue d'un blanc moins pur. Puisqu'à cette époque l'orateur Gorgias (un maître en rhétorique célèbre de cette époque, qui donnait des leçons particulièrement chères) prétendait que la rhétorique était la science suprême, Philèbe l'avait évoqué. Mais cette idée est écartée par Socrate, pour qui la rhétorique n'est qu'un moyen d'accommoder les idées de façon agréables, sans réfléchir à son sujet, elle n'est donc pas une science (je te renvoie à cet autre dialogue de Platon qu'est Gorgias, où tout cela est expliqué de façon très amusante à lire: c'est pour dire que Gorgias est un emmerdeur négligeable dans le débat).

Il y a une distinction à faire entre la science ou connaissance ( ἐπιστήμη, "épistémè") et l'opinion (δόξα, "doxa"). Avoir une opinion, c'est avoir un jugement tout fait et dénué de réflexion. La connaissance, au contraire, procède d'une réflexion, elle s'appuie sur un raisonnement logique et est toujours supérieure à l'opinion.

 

Donc le début du texte doit t'apparaître plus clair: Platon demande à Protarque d'accepter un exercice de pensée, imaginer un imbécile ("un de ces hommes d'opinion") qui étudie la nature. Mais il définit immédiatement la nature: c'est l'ensemble des choses qu'il y a sous le ciel, là où tout change en permanence (par opposition à ce qui se passe dans le ciel, où les mouvements des planètes sont parfaitement réguliers et respectent des cycles éternels... en tout cas, c'est ce que les Grecs anciens croyaient de l'astronomie).

Le raisonnement qui s'ensuit est limpide: si un homme d'opinion (donc qui ne pratique pas les sciences méthodiques) commence à étudier la nature (qui change continuellement et où les objets n'ont pas de permanence éternelle), il peut bien y consacrer sa vie s'il le souhaite, il n'y trouvera pas de connaissance ferme. A cause de la double-difficulté: d'une part le monde change, d'autre part son esprit n'a pas de méthode.

Mais puisque le monde change en permanence, on ne peut pas en tirer de connaissance ferme et absolue, éternelle (Platon ne connait pas la théorie de l'évolution, la biologie, ni même la géologie, il est en train de défendre que seules les sciences exactes comme la géométrie ou la logique produisent des connaissances certaines).

Pour atteindre une science vraie, il faut trouver une science dont l'objet est stable et sans mélange. On pourrait croire que cette distinction va servir plus tard dans le raisonnement à distinguer le bien stable du plaisir changeant, mais le dialogue est plus subtil que ça et ce serait simpliste.

 

Le propos du dialogue Philèbe étant complexe, je ne vais pas tenter d'examiner cet extrait de trop près. Le petit exemple qu'il nous a fourni suffit à disserter sur la différence entre la science et l'opinion, la différence entre le changeant et le permanent.

Bon courage pour la suite!

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement
×
×
  • Créer...
spam filtering
spam filtering