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Correction dissertation: L'Etat et la justice


DJhuff

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Bonjour, j'ai réalisé un plan de dissertation à partir du sujet suivant: Peut-on dire qu'il n'y a pas de justice, mais seulement des lois ?

Je vous prie d'y apporter une correction avant le 15 Juin, date de l'épreuve.

"              Peut-on dire qu'il n'y a pas de justice, mais seulement des lois ?
Amorce: Le IIIème Reich a édicté des lois qui obligeaient les juifs à porter un signe distinctif, à vivre dans des quartiers précis, à les empêcher de se marier avec des Allemands non juifs. Il autorisait la déportation des populations juives, leur esclavage et leur extermination, la population était forcée d'obéir à des lois. Bien que la justice soit une notion sujette à controverse, car elle peut être définit comme un ensemble de valeurs qui diffère d'un individu à l'autre, toute personne s'accorde à dire que le IIIème Reich était fondamentalement injuste. 
Problématique: L'Etat garantit-il des lois compatibles à la notion de justice ?
-La justice serait-elle contraire à l'Etat ?
+L'Etat institue des lois qui favorisent bien souvent ceux qui les édictent. Il est alors source d'inégalités. Ce sont ces inégalités mêmes qui peuvent être à la base du sentiment d'injustice touchant les personnes qui ne profitent pas des effets de ces lois. En ce sens, la notion de justice serait purement subjective, il dépendrait à chacun de juger de la compatibilité ou non entre justice et Etat.
Par exemple, les Etats des sociétés développées de notre époque ont de multiples similitudes car ils accordent une grande importance à l'économie. Les moyens de production et les richesses sont détenus par une minorité, fait favorisé par le cadre juridique de nos sociétés, lors que la majorité ne profite pas du fruit de son labeur. En ce sens, l'Etat est source d'injustice pour une grande partie de la population.
+Les Etats peuvent être une forme d'oppression sur leurs populations. Au fur et à mesure que les Etats se sont agrandis - passant de la cité grecque, par exemple, de César ou de Napoléon - ils sont devenus plus autoritaires, écrasants par rapport aux populations. La où l'Etat n'est pas un empire, il cherche à le devenir (comme dans l'Allemagne nazie ou en Russie soviétique) et ses chefs deviennent des dictateurs. C'est ce qu'illustre Friedrich Nietzsche en disant: "L'Etat est le plus froid des monstres froids".
Par exemple, dans la tragédie antique d'Antigone de Sophocle, Antigone est une jeune fille révoltée contre la loi de la cité (c'est-à-dire de l'Etat) représentée par son oncle Créon: ses deux frères s'étant entretués au cours d'une bataille pour le pouvoir, l'un d'eux a été privé de sépulture par Créon. Antigone veut l'enterrer religieusement. Dans cet exemple, Hegel voit le conflit du droit familial, représenté par Antigone, et du droit de l'Etat, représenté par Créon. Antigone invoque des valeurs considérées comme justes mais que Créon (autrement dit l'Etat) rejette.
+L'oppression de l'Etat sur la société peut se transformer en véritable totalitarisme. L'Etat est alors contre la société humaine qu'il contrôle voire détruit. Hannah Arendt, qui a étudié les régimes totalitaires, considère le totalitarisme comme un phénomène de "masses". Pour elle, ces "masses" sont perdues, elles ont besoin d'un modèle fort et acceptent facilement les idéologies totalitaires. Le totalitarisme se caractérise par un Etat maximal qui concentre toute l'autorité entre les mains d'une seule personne au point de réglementer elle-même la société, l'économie et les libertés publiques. Ces dernières tendent à disparaître du fait du poids de la censure et de la police.
Par exemple, le dictateur de la Russie soviétique, Staline, a sacrifié une partie importante de la population de son pays pour la croissance de son économie et l'affirmation de son contrôle total sur la population. Au total, les experts estiment que plus de 50 millions de soviétiques ont été victimes du régime politique de Staline de 1930 à 1950. La justice, bien que son acception en tant que système de valeurs diverge d'un individu à l'autre, est alors en totale contradiction avec l'Etat et les lois qu'il édicte.
Transition: La justice en tant qu'ensemble de valeurs semble donc contraire à l'Etat, car celui-ci est toujours source d'injustices et d'inégalités pour une partie de la population. Souvent, il oppresse même les populations qu'il contrôle. Cette oppression peut aller jusqu'à la destruction de la population. Définir la justice autrement que comme ensemble de valeurs pourrait apporter une solution.
-La justice et l'Etat peuvent-ils coexister ?
+La justice n'a pas de définition universellement approuvé. Certains s'entendent pour la décrire en tant que système de valeurs, d'autres en tant que formes. Si l'on considère la justice comme un ensemble de valeurs, la liberté et l'égalité en sont les principes majoritairement approuvés. L'Etat est le cadre juridique régi par une constitution. D'après de nombreux philosophes, tels que Hobbes ou Rousseau, l'être humain vivait à l'état de nature en société. Cet état de nature a entraîné une insécurité, qu'illustre Hobbes avec sa fameuse citation: "Et comme il est vrai, et qu'un homme est un dieu à un autre homme, et qu'un homme est un loup à un autre homme". Hobbes sous-entend par là que tout homme, étant libre de faire ce qu'il veut dans l'état de nature, peut donc librement priver d'autrui sa liberté. L'état de nature est alors source d'injustices. La solution a été donné par l'instauration de l'Etat, qui permet d'assurer à chacun la sécurité contre la suppression d'une partie de leur liberté. L'Etat est alors synonyme de justice.
Par exemple, Athènes est la première cité à réaliser effectivement la démocratie. La démocratie est un régime politique dans lequel le peuple élit ses dirigeants. Ainsi, l'Etat est ici juste dans le sens qu'il assure l'égalité et la liberté des citoyens Athéniens.
+Pour le philosophe Hobbes, la justice n'existe pas à l'état de nature. L'ordre de justice se met en place à partir du moment où l'être humain vit en société. Pour assurer la sécurité de cette société humaine, il est nécessaire que chacun obéisse aux lois de son pays, que chacun les respecte. Dans cette perspective, la justice ne correspond pas à l'institution de telle ou telle règle particulière: elle relève de la nécessité de l'institution d'une règle mais ne dépend pas du contenu de cette règle.
Par exemple, dans cette approche, cela signifie qu'obéir à des lois comme celles de l'Etat de Corée du Nord qui obligent chaque citoyen à la formation militaire et au culte quotidien de Kim Jong-Un est la définition même de la justice. Ici, justice et Etat sont donc strictement identiques.
+Le libéralisme est une idéologie qui semble combiner justice et Etat. Dans le concept de libéralisme, défendu par Adam Smith et John Locke notamment, l'Etat n'occupe qu'une fonction sécuritaire, la justice se fait d'elle-même. L'Etat "libéral" est un Etat minimal qui assure la sécurité sans gêner le libre-échange qu'il favorise le plus possible.
Par exemple, le régime politique français actuel peut être considéré comme libéral. L'Etat laisse de nombreuses libertés, telles que celles de se déplacer, de s'exprimer, de penser, et favorise effectivement le commerce. Il n'y a ainsi aucune restriction douanière des échanges entre les différents pays de l'Union Européenne. Justice et Etat semble alors coexister effectivement.
Transition: L'Etat fût institué car l'état de nature était injuste. Il a permis l'émergence de la justice. De plus, considérer la justice en tant que forme et non en tant qu'ensemble de valeurs revient à la considérer comme l'expression de l'Etat, quel que soit le droit en vigueur. Egalement, il existe actuellement des Etats "justes" (en considérant leurs valeurs) car ils se fondent sur le respect de libertés fondamentales.
-Qu'est-ce qui rend la coexistence entre Etat et justice possible ?
+Les deux valeurs communément admises de la justice sont l'égalité et la liberté. Pourtant, la première connaît de nombreuses limites, car elle ne prend pas en compte les inégalités de revenus ou de situation. Pour revenir à un système plus juste, la notion d'équité permet d'apporter une correction à la notion d'égalité, jugée trop générale. En un certain sens, l'équité ne s'oppose donc pas à l'égalité mais correspond à une égalité plus précise, c'est-à-dire à une égalité de traitement tenant compte des situations particulières des personnes ou des groupes. Les discriminations positives permettent également de corriger des inégalités dans la mesure où elles tendent à favoriser certains groupes pour compenser une inégalité de fait.
Par exemple, la sous-représentation des femmes dans la haute fonction publique a conduit à l'adoption de lois sur la parité hommes-femmes qui prévoient un nombre égal d'hommes et de femmes dans les candidatures pour les scrutins de liste, les partis ne présentant pas 50% de candidats de chaque sexe devant dès lors payer une amende. L'équité et les discriminations positives semblent donc être des mesures qui apportent une justice "égalitaire" dans un Etat.
+Lorsque l'ordre institué est considéré comme injuste, une partie de la population peut se révolter contre celui-ci. Il s'agit de la révolution pensée par Marx. Selon lui, la révolution correspond au passage d'un ordre injuste, où les moyens de productions sont entre les mains d'une minorité, au passage d'un ordre juste, qu'il associe au communisme, marqué par l'abolition de la propriété privée et l'avènement de la propriété collective.
Par exemple, la révolution de 1789 a permis d'instaurer un nouveau régime politique communément admis comme plus juste. Le premier article de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen adopté en 1795 l'illustre en affirmant l'égalité de tous les hommes sans condition.
+La séparation des pouvoirs pour garantir un Etat de droit semble également être une solution appropriée pour faire coexister justice et Etat, afin que plus aucun chef d'Etat ne puisse dire, à l'instar de Louis XIV: "L'Etat, c'est moi."
Par exemple, les régimes politiques des pays développés d'Union Européenne reposent sur la séparation des pouvoirs exécutif, législatif, et judiciaire. Ainsi, des députés, voire des présidents, sont parfois mis en examen pour avoir enfreint la loi, comme l'ancien président Nicolas Sarkozy, accusé dans quelques affaires pour corruption et trafic d'influence notamment. Ainsi, la séparation des pouvoirs permet la coexistence de la justice et de l'Etat, puisque les organes judiciaires sont indépendants à l'égard de ceux du législatif et de l'exécutif.
Conclusion: La justice et l'Etat peuvent coexister. Toutefois, lorsque l'Etat acquiert trop de pouvoirs, il peut finir par devenir écrasant par rapport aux populations qu'il domine, voire détruit. La révolution et la séparation des pouvoirs semblent être des solutions efficaces pour instaurer et garantir un Etat de droit.
"

Mes transitions sont-elles réussies ? De même que mon amorce ?
Mes exemples pertinents ?
Suis-je hors-sujet ?
Quelle note puis-je obtenir avec ce plan de dissertation ?

Je vous remercie d'avance pour votre temps et vos réponses, Calliclès.

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  • E-Bahut

Salut DJhuff,

Puisque le bac philo est dans trois jours, je vais mettre le turbo et te corriger ça le plus vite possible dans la nuit. Je ne pourrais pas te répondre demain, je suis assesseur pour les législatives, donc je vais me taper la tenue du bureau de vote jusqu'à la fin du dépouillement (22h20, 23h, ça va dépendre).

Alors trêve de blabla, on s'y met tout de suite!

Je reprends ta réponse et j'écris mes remarques en gras, comme d'habitude. Les conseils ou remarques en vert, les corrections en rouge.

Modifié par Calliclès
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  • E-Bahut

Bonjour, j'ai réalisé un plan de dissertation à partir du sujet suivant: Peut-on dire qu'il n'y a pas de justice, mais seulement des lois ?

C'est un sujet des plus classiques, un excellent choix pour de l'entraînement. On peut citer:

La loi est-elle une garantie contre l'injustice ? (sujet de remplacement pour série Technique Sportifs de haut niveaux en 1997, code épreuve: 97PHTEHN3)

La justice peut-elle se passer de la loi ? (sujet pour série Technique de la musique et de la danse, 2005, code épreuve: 05PHMIME1)

Est-ce la loi qui définit ce qui est juste ? (sujet pour séries Technologiques en 2011, code épreuve: 11PHTEME1)

Et une dizaine d'autres sujets très similaires, il ne m'a pas fallu longtemps pour constater la popularité de ce sujet dans la base de données BDBac, codée par les collègues de l'université d'Aix-Marseille en 2015 (merci à eux, ils sont géniaux)


Puisque nous sommes dans une année d'élection, je te suggère de ne pas faire l'impasse sur la philosophie politique et la notion d'Etat. Je ne suis pas Madame Soleil, mais pendant les années électorales il y a souvent un sujet de ce genre qui traîne.

 

Je vous prie d'y apporter une correction avant le 15 Juin, date de l'épreuve. Mais bien évidemment!

"              Peut-on dire qu'il n'y a pas de justice, mais seulement des lois ?
Amorce: Le IIIème Reich a édicté des lois qui obligeaient les juifs à porter un signe distinctif tu peux dire simplement "les lois de Nuremberg de 1935", tout le monde connait, à vivre dans des quartiers précis, à les empêcher de se marier avec des Allemands non juifs. Il autorisait la déportation des populations juives, leur esclavage en pratique oui, puisque les camps de concentration sont des camps de travail forcé, mais le terme n'est pas utilisé par les historiens pour décrire la situation des prisonniers car l'esclavage est d'abord une pratique économique, ce qui n'était pas le cas, je te conseille de l'enlever par soucis de clarté et leur extermination là par contre, c'est le bon terme, la population était forcée d'obéir à des lois. Bien que la justice soit une notion sujette à controverse, car elle peut être définit comme un ensemble de valeurs qui diffère d'un individu à l'autre, toute personne s'accorde à dire que le IIIème Reich était fondamentalement injuste ça va être difficile de trouver un contradicteur, à moins d'aller chercher des vieux c... Monsieur Zemmour? Qu'est-ce que vous foutez là?
Problématique: L'Etat garantit-il des lois compatibles à avec la notion de justice ? Mouais, c'est pas une dissertation sur l'Etat, donc attention. Je sens venir le hors-sujet dans 3... 2... 1...


-La justice serait-elle contraire à l'Etat ? Boum! Hors-sujet! Les lois et l'Etat ne sont pas équivalents.
+L'Etat institue des lois qui favorisent bien souvent ceux qui les édictent. Il est alors source d'inégalités. Ce sont ces inégalités mêmes qui peuvent être à la base du sentiment d'injustice touchant les personnes qui ne profitent pas des effets de ces lois. En ce sens, la notion de justice serait purement subjective, il dépendrait à chacun de juger de la compatibilité ou non entre justice et Etat.
Par exemple, les Etats des sociétés développées de notre époque ont de multiples similitudes car ils accordent une grande importance à l'économie. Les moyens de production et les richesses sont détenus par une minorité, fait favorisé par le cadre juridique de nos sociétés, lors que la majorité ne profite pas du fruit de son labeur. En ce sens, l'Etat est source d'injustice pour une grande partie de la population. Un exemple précis serait la bienvenue.
+Les Etats peuvent être une forme d'oppression sur leurs populations. Au fur et à mesure que les Etats se sont agrandis - passant de la cité grecque, par exemple, de César ou de Napoléon - ils sont devenus plus autoritaires, écrasants par rapport aux populations. La où l'Etat n'est pas un empire, il cherche à le devenir (comme dans l'Allemagne nazie ou en Russie soviétique) et ses chefs deviennent des dictateurs. C'est ce qu'illustre Friedrich Nietzsche en disant: "L'Etat est le plus froid des monstres froids". Contre-sens: notre sympathique Friedrich n'avait rien à dire sur les totalitarismes, puisqu'il est mort de la syphilis en 1900 après dix ans de silence. Donc nous sommes certains qu'il ne parlait pas d'Hitler ou de Staline, et en plus sa philosophie politique est pratiquement inexistante! Très mauvais auteur pour cet exemple, c'est une pure citation de complaisance sortie de nulle part et collée ici pour faire beau.
Par exemple, dans la tragédie antique d'Antigone de Sophocle, Antigone est une jeune fille révoltée contre la loi de la cité (c'est-à-dire de l'Etat) représentée par son oncle Créon: ses deux frères s'étant entretués au cours d'une bataille pour le pouvoir, l'un d'eux a été privé de sépulture par Créon. Antigone veut l'enterrer religieusement. Dans cet exemple, Hegel voit le conflit du droit familial, représenté par Antigone, et du droit de l'Etat, représenté par Créon. Antigone invoque des valeurs considérées comme justes mais que Créon (autrement dit l'Etat) rejette. Excellent exemple: c'est bien le sens du dilemme entre Créon et Antigone, l'opposition de la morale et de la loi, c'est bien interprété et pertinent!
+L'oppression de l'Etat sur la société peut se transformer en véritable totalitarisme. L'Etat est alors contre la société humaine qu'il contrôle voire détruit. Hannah Arendt, qui a étudié les régimes totalitaires, considère le totalitarisme comme un phénomène de "masses". Pour elle, ces "masses" sont perdues, elles ont besoin d'un modèle fort et acceptent facilement les idéologies totalitaires. Le totalitarisme se caractérise par un Etat maximal qui concentre toute l'autorité entre les mains d'une seule personne au point de réglementer elle-même la société, l'économie et les libertés publiques. Ces dernières tendent à disparaître du fait du poids de la censure et de la police.
Par exemple, le dictateur de la Russie soviétique, Staline, a sacrifié une partie importante de la population de son pays pour la croissance de son économie et l'affirmation de son contrôle total sur la population. Au total, les experts estiment que plus de 50 millions de soviétiques ont été victimes du régime politique de Staline de 1930 à 1950. La justice, bien que son acception en tant que système de valeurs diverge d'un individu à l'autre, est alors en totale contradiction avec l'Etat et les lois qu'il édicte. Attention tout de même, Arendt décrit le totalitarisme comme un système de surveillance de chacun par tous, pas seulement une concentration de pouvoirs entre les mains d'un seul [censure]: si c'était le cas, pas besoin de parler de totalitarisme, le mot "dictature" suffirait.
Transition: La justice en tant qu'ensemble de valeurs semble donc contraire à l'Etat, car celui-ci est toujours source d'injustices et d'inégalités pour une partie de la population. Souvent, il oppresse même les populations qu'il contrôle. Oui, et c'est parce que cette partie est hors-sujet. L'Etat n'étant pas la loi, on peut dire qu'il oppresse et dérive en manipulant les lois, sans rien dire d'intéressant sur la notion de loi elle-même. C'est ta troisième sous-partie, autrement bien écrite, qui tombe complètement dans le hors-sujet à cause de la confusion de départ. Cette partie est relevée par ton superbe exemple tiré de Sophocle, mais tu as gâché la sous-partie sur Arendt. Cette oppression peut aller jusqu'à la destruction de la population. Définir la justice autrement que comme ensemble de valeurs pourrait apporter une solution.


-La justice et l'Etat peuvent-ils coexister ? Toujours hors-sujet, quand va-t-on parler de la loi?
+La justice n'a pas de définition universellement approuvée. Certains s'entendent pour la décrire en tant que système de valeurs ce serait plutôt la morale, ça, d'autres en tant que formes ...de triangle, de carré? En formes de quoi?. Si l'on considère la justice comme un ensemble de valeurs, la liberté et l'égalité en sont les principes majoritairement approuvés. L'Etat est le cadre juridique régi par une constitution. D'après de nombreux philosophes, tels que Hobbes ou Rousseau, l'être humain vivait à l'état de nature en société. Cet état de nature a entraîné une insécurité, qu'illustre Hobbes avec sa fameuse citation: "Et comme il est vrai, et qu'un homme est un dieu à un autre homme, et qu'un homme est un loup à un autre homme". Hobbes sous-entend par là que tout homme, étant libre de faire ce qu'il veut dans l'état de nature, peut donc librement priver d'autrui sa liberté. L'état de nature est alors source d'injustices pas encore: puisqu'il n'y a ni lois ni justice dans l'état de nature, il n'y a pas non plus d'injustice, juste de la force et des opportunités. La solution a été donné par l'instauration de l'Etat, qui permet d'assurer à chacun la sécurité contre la suppression d'une partie de leur liberté. L'Etat est alors synonyme de justice pas encore, il est synonyme de renoncement par chacun à son droit à la violence.
Par exemple, Athènes est la première cité à réaliser effectivement la démocratie. La démocratie est un régime politique dans lequel le peuple élit ses dirigeants. Ainsi, l'Etat est ici juste dans le sens qu'il assure l'égalité et la liberté des citoyens Athéniens.
+Pour le philosophe Hobbes, la justice n'existe pas à l'état de nature. Ah, on abandonne l'exemple d'Athènes, on repart sur Hobbes? Du coup, je ne vois pas l'intérêt d'avoir introduit Athènes à la phrase précédente. L'ordre de justice se met en place à partir du moment où l'être humain vit en société. Pour assurer la sécurité de cette société humaine, il est nécessaire que chacun obéisse aux lois de son pays, que chacun les respecte. Dans cette perspective, la justice ne correspond pas à l'institution de telle ou telle règle particulière: elle relève de la nécessité de l'institution d'une règle mais ne dépend pas du contenu de cette règle. Ah, un argument intéressant! J'en veux plus, développe.
Par exemple, dans cette approche, cela signifie qu'obéir à des lois comme celles de l'Etat de Corée du Nord qui obligent chaque citoyen à la formation militaire et au culte quotidien de Kim Jong-Un est la définition même de la justice. Ici, justice et Etat sont donc strictement identiques. Merde, on t'a perdu, DJhuff, tu tenais une distinction conceptuelle intéressante avec la phrase d'avant et là tu pars dans un exemple en mousse qui n'a rien à voir avec le raisonnement défendu, quel dommage! On est passé à un cheveux d'avoir une excellente sous-partie!
+Le libéralisme est une idéologie qui semble combiner justice et Etat WTF???. Dans le concept de libéralisme, défendu par Adam Smith et John Locke notamment, l'Etat n'occupe qu'une fonction sécuritaire, la justice se fait d'elle-même. L'Etat "libéral" est un Etat minimal qui assure la sécurité sans gêner le libre-échange qu'il favorise le plus possible.
Par exemple, le régime politique français actuel peut être considéré comme libéral. L'Etat laisse de nombreuses libertés, telles que celles de se déplacer, de s'exprimer, de penser, et favorise effectivement le commerce. Il n'y a ainsi aucune restriction douanière des échanges entre les différents pays de l'Union Européenne ce qui relève d'une politique fédéraliste et inter-étatique qui n'a plus rien à voir avec ton argument sur l'Etat, tu changes de sujet trop facilement. Justice et Etat semble alors coexister effectivement.
Transition: L'Etat fût institué car l'état de nature était injuste pas injuste, puisqu'il n'y avait pas de justice, dis plutôt que l'état de nature est insupportablement violent. Il a permis l'émergence de la justice ou de l'Etat, mais tu sembles confondre les deux depuis le début, donc au moins tu es cohérent dans ton hors-sujet. De plus, considérer la justice en tant que forme de quoi? "la justice en tant que forme" ne veut pas dire grand-chose, tu veux dire en tant que structure, institution? et non en tant qu'ensemble de valeurs revient à la considérer comme l'expression de l'Etat, quel que soit le droit en vigueur. Egalement, il existe actuellement des Etats "justes" (en considérant leurs valeurs) car ils se fondent sur le respect de libertés fondamentales ce serait bien de définir lesquelles.


-Qu'est-ce qui rend la coexistence entre Etat et justice possible ? Quand est-ce qu'on parle des lois dans cette dissertation "lois et justice"?
+Les deux valeurs communément admises de la justice sont l'égalité et la liberté ou encore l'équité, l'impartialité, la présomption d'innocence... il n'y a pas que la devise nationale, mais tu n'as jamais défini la justice, du coup tu rames un peu lorsqu'il s'agit de manier la notion. Pourtant, la première connaît de nombreuses limites, car elle ne prend pas en compte les inégalités de revenus ou de situation. Pour revenir à un système plus juste, la notion d'équité permet d'apporter une correction à la notion d'égalité, jugée trop générale. En un certain sens, l'équité ne s'oppose donc pas à l'égalité mais correspond à une égalité plus précise, c'est-à-dire à une égalité de traitement tenant compte des situations particulières des personnes ou des groupes. Les discriminations positives permettent également de corriger des inégalités dans la mesure où elles tendent à favoriser certains groupes pour compenser une inégalité de fait.
Par exemple, la sous-représentation des femmes dans la haute fonction publique a conduit à l'adoption de lois sur la parité hommes-femmes qui prévoient un nombre égal d'hommes et de femmes dans les candidatures pour les scrutins de liste, les partis ne présentant pas 50% de candidats de chaque sexe devant dès lors payer une amende. L'équité et les discriminations positives semblent donc être des mesures qui apportent une justice "égalitaire" dans un Etat. Et bien c'est un très bon exemple... La loi sur la parité, qui utilise la loi pour corriger une injustice, on est dans le sujet. Mais je ne vois pas quel argument tu veux défendre avec ça, puisque tu parle encore de l'Etat.
+Lorsque l'ordre institué est considéré comme injuste, une partie de la population peut se révolter contre celui-ci. Il s'agit de la révolution pensée par Marx. Selon lui, la révolution correspond au passage d'un ordre injuste, où les moyens de productions sont entre les mains d'une minorité, au passage d'un ordre juste, qu'il associe au communisme, marqué par l'abolition de la propriété privée et l'avènement de la propriété collective.
Par exemple, la révolution de 1789 a permis d'instaurer un nouveau régime politique communément admis comme plus juste. Le premier article de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen adopté en 1795 l'illustre en affirmant l'égalité de tous les hommes sans condition.
+La séparation des pouvoirs pour garantir un Etat de droit semble également être une solution appropriée pour faire coexister justice et Etat, afin que plus aucun chef d'Etat ne puisse dire, à l'instar de Louis XIV: "L'Etat, c'est moi."
Par exemple, les régimes politiques des pays développés d'Union Européenne reposent sur la séparation des pouvoirs exécutif, législatif, et judiciaire. Ainsi, des députés, voire des présidents, sont parfois mis en examen pour avoir enfreint la loi, comme l'ancien président Nicolas Sarkozy, accusé dans quelques affaires pour corruption et trafic d'influence notamment. Ainsi, la séparation des pouvoirs permet la coexistence de la justice et de l'Etat, puisque les organes judiciaires sont indépendants à l'égard de ceux du législatif et de l'exécutif.
Conclusion: La justice et l'Etat peuvent coexister. Toutefois, lorsque l'Etat acquiert trop de pouvoirs, il peut finir par devenir écrasant par rapport aux populations qu'il domine, voire détruit. La révolution et la séparation des pouvoirs semblent être des solutions efficaces pour instaurer et garantir un Etat de droit.
"

Mes transitions sont-elles réussies ? De même que mon amorce ? Oui, dans l'ensemble l'écriture n'est pas mauvaise à part quelques étrangetés soulignées en rouge.
Mes exemples pertinents ? Pas toujours, puisque la problématique est hors-sujet. Tu n'es jamais hors-sujet par rapport à ta problématique: tu es cohérent! Mais ta problématique tape à côté du sujet, c'est dommage.
Suis-je hors-sujet ? Oui, hélas. Tu as fait des efforts pour définir la justice, mais parfois en la confondant avec l'Etat, et en confondant l'Etat avec la loi dans tout le reste du raisonnement. Avoir ramené la notion d'Etat a vraiment parasité ta dissertation et t'a empêché de parler des lois avec pertinences, à quelques exceptions près (Antigone et Créon).
Quelle note puis-je obtenir avec ce plan de dissertation ? Selon la sévérité du correcteur, entre 8,5 et 9,5/20, car formellement parfait, mais hors-sujet.

Je vous remercie d'avance pour votre temps et vos réponses, Calliclès.

 

 

 

Encore une fois, je dois saluer le saut qualitatif depuis tes premières dissertations: tu écris tellement mieux, j'ai presque du mal à croire que c'est le même élève. Tu as visiblement appris de chaque exercice, tu as appris de la méthodologie et tu vas piocher dans des exemples philosophiques à chaque fois, c'est vraiment encourageant. Au moins, tu ne peux pas vraiment te planter et récolter un 4/20 pour dissertation médiocre, tu as appris à écrire quelque chose qui tient la route, ta méthode est solide, je ne vois pas comment tu pourrais sombrer sous la barre du 8/20.

Maintenant, il reste un travail préliminaire à faire avant l'écriture: un travail d'analyse un peu mieux approfondi. Tu as tendance à confondre parfois certaines notions, à ne pas faire les bonnes distinctions. Pourtant, à côté de ça, dans cette dissertation tu as montré une capacité à expliquer des distinctions conceptuelles assez fines, qui démontrent une vraie compétence dans la réflexion. Mais elles ne sont pas toujours utilisées au bon endroit.

Pour progresser encore un peu, il te suffit de prendre 10 à 15 minutes de plus pendant l'analyse du sujet. Avant de trouver une accroche, des exemples, une problématique, je veux que tu te poses la question: "de quoi ça parle vraiment?"

 

 

Prenons ce sujet comme exemple concret: "Peut-on dire qu'il n'y a pas de justice, mais seulement des lois ?" On va l'analyser tranquillement pour que tu vois comment je procède.

Cela semble peut-être élémentaire, mais on n'a affaire à deux notions: lois et justice. Juste ces deux notions, on n'a pas besoin d'en introduire une troisième tout de suite, ou alors seulement de façon limitée dans un exemple. En balayant "lois" de ta problématique pour remplacer la notion par "l'Etat", tu es parti dans une autre direction: celle du hors-sujet. Je me contenterais d'une problématique connectant ces deux notions, mais dans le corps du raisonnement je m'autoriserait, sans confusion, à utiliser parfois des notions complémentaires comme par exemple l'Etat (qui promulgue et garanti l'application des lois) ou la morale (qui reste de l'ordre conceptuel, mais précède logiquement l'idée de justice: finalement la justice, c'est de la morale appliquée).

Ensuite, faisons attention au vocabulaire précis: "lois" au pluriel, on parle donc des lois qui ont été écrites de fait, pas forcément du concept: la loi, qui s'écrirait au singulier. La justice, elle, est au singulier, donc on parle bien du concept philosophique de justice et pas seulement des procédures pénales et des tribunaux.

De plus, il y a cette question formulée par "peut-on dire?" qui place le sujet dans le discours. Et si possible le discours rationnel: peut-on dire avec bonne foi et argumentation que la justice n'existe pas, seulement la loi ou la police? En l'état, si tu réponds "oui, on peut le dire, merci de m'avoir lu." on va te reprocher de ne pas avoir justifié ta réponse pas un discours rationnel argumenté.

Ensuite, pourquoi "seulement" des lois? Cela veut dire que les notions du sujet sont connexes et que l'une est subordonnée à l'autre: "des lois" serait un élément de l'ensemble "justice". Comme le pouce fait partie des doigts, ou le 14 fait partie des nombres entiers positifs. Alors comment distinguer la justice des lois? Et peut-on trouver des lois injustes? Est-ce que cela a du sens, logiquement, une "loi injuste"?

Ensuite, il y a un paradoxe que tu n'as pas vu à l'analyse du sujet, et tu le payes cher par un hors-sujet. Comment pourrait-on dire "il n'y a pas de justice, seulement des lois", alors que les lois sont écrites et votées pour être appliquées en justice? L'existence même des lois suppose un sentiment d'injustice, des intuitions morale amenant à l'idée de justice. Donc la réponse est évidemment: non, on ne peut pas dire ça, c'est une opinion cynique qui relève ultimement de la contradiction logique.

Nous allons voir comment les lois impliquent la notion de justice (le simple fait d'écrire une loi suppose qu'on vise un idéal, tout en acceptant qu'il ne sera pas toujours respecté en pratique, c'est justement pour ça qu'on prévoit des punitions: le volant pénal des codes de loi), mais aussi comment ces deux notions peuvent se contredire (ton exemple du IIIe Reich qui écrit des lois injustes, et l'exemple d'Antigone et Créon, qui illustre parfaitement le conflit entre la justice morale ou divine, et les lois dictées par les mortels).

 

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Bonjour.

J'avais supposé pour ce sujet que "lois" et "Etat" étaient strictement équivalents, puisqu'il n'y a pas de lois sans Etat, et qu'un Etat édicte forcément des lois.
Les lois n'existent que grâce à l'Etat, selon moi, donc il était juste de remplacer la notion "les lois" par la notion "l'Etat" qui elle, est une notion de cours. Mais, je comprends ce que vous voulez dire, les lois peuvent être bonnes ou mauvaises, elles sont surtout manipulées par l'Etat et ses dirigeants. 

Je tâcherais de prendre acte de vos conseils et d'éviter d'écarter un pan du sujet en ratant la problématisation.

A partir du sujet suivant: Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

La problématique-ci est-elle exacte : Le langage permet-il de dépasser la violence ou en est-il l'instrument ?

Ici, ai-je raison d'associer "langage" et "discussion" ?

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  • E-Bahut
Il y a 6 heures, DJhuff a dit :

Bonjour.

J'avais supposé pour ce sujet que "lois" et "Etat" étaient strictement équivalents, puisqu'il n'y a pas de lois sans Etat, et qu'un Etat édicte forcément des lois.
Les lois n'existent que grâce à l'Etat, selon moi, donc il était juste de remplacer la notion "les lois" par la notion "l'Etat" qui elle, est une notion de cours. Mais, je comprends ce que vous voulez dire, les lois peuvent être bonnes ou mauvaises, elles sont surtout manipulées par l'Etat et ses dirigeants. 

Je tâcherais de prendre acte de vos conseils et d'éviter d'écarter un pan du sujet en ratant la problématisation.

A partir du sujet suivant: Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

La problématique-ci est-elle exacte : Le langage permet-il de dépasser la violence ou en est-il l'instrument ?

Ici, ai-je raison d'associer "langage" et "discussion" ?

 

Pour ce nouveau sujet "Discuter, est-ce renoncer à la violence?", tu peux entièrement associer "langage" et "discussion" car le sujet le formule ainsi. En choisissant le mot "discuter", le sujet écarte un certain nombre de débats sur le langage (le rapport du mot à l'idée par exemple) pour se concentrer sur le dialogue. Donc tu ne serais pas hors-sujet du tout, mais bien dans les clous.

Ta problématique est excellente, tu as bien cerné le sujet.

Attention, ceci est une anecdote impromptue: Le sujet du renoncement à la violence par le langage est le premier sujet que j'ai eu à traiter lorsque j'étais élève en Terminale L. Nostalgie! Je ne me souviens absolument pas de ce que j'ai répondu, mais ma première note était 12 ou 13 environ: c'était pas génial.

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