ecassiere Posté(e) le 13 mars 2013 Signaler Posté(e) le 13 mars 2013 J'ai étudié l'Etranger de Camus, et pour la lecture analytique l'incipit. Voici mon étude, dites moi ce que je dois modifier : .I.Originalité de l’incipit -Cadre spatio-temporel : o Spatio : + ou – défini : « Marango », « Alger » (≈ étrangeté) o Temporel : Pas de dates précises, seuls quelques indicateurs temporels : « aujourd’hui » (l.1), « hier » (l.2), « demain » (l.3). Nous savons à peu près à quelle période de la journée les différentes actions se déroulent : « 2 heures » (l.9). Nous avons l’impression que le cadre est centré sur hier (passé dans le flou), aujourd’hui et quelques jours, aucune grosse projection dans le futur. ≠ saut dans le temps : pas d’ellipses. -Style d’écriture (Camus) : Ecriture simple : phrases courtes (ex : « c’était peut-être hier »). Incipit au point de vue interne : focalisation sur Meursault, à la première personne du singulier : « je » x22. o La construction grammaticale du premier paragraphe n’est pas très différent de la construction du télégramme. On retrouve des phrases avec une formule grammaticale classique (+ propositions indépendantes juxtaposées) : « Mais il n’avait pas l’air content », qui sont souvent des phrases déclaratives. Sujet – Verbe – Complément o Le présent d’énonciation, les marqueurs temporels ("aujourd'hui", "hier", "demain"), donnent à l’incipit un petit côté ‘journal intime’. Cependant, il manque des indices propres à ce genre : l’heure, la date précise, la forme…. -Pose le sujet principal : « Aujourd’hui, maman est morte » (l.1) : la mort de la mère de Meursault est le cœur du sujet du livre. C’est une entrée brutale, celle-ci fais rentrer d’emblée le lecteur dans la technique narrative particulière de Camus. -Personnages : Le lecteur fait connaissance avec le personnage principal (notamment grâce au point de vue interne). Cependant, la description des personnages est quasi absente (peu d’imparfait), bien que la mère soit le sujet principal de l’incipit, elle n’est presque pas décrite, il en est de même pour les autres personnages. Seul le directeur de l’asile est ‘décrit’: « C’était un petit vieux, avec la légion d’honneur » « Yeux clairs », mais c’est un semblant de description (description « légère »). Ø Cet incipit appartenant au genre romanesque est original, inhabituel. C’est notamment le personnage atypique de Meursault qui nous le montre. II.Présentation d’un personnage principal atypique Ø La focalisation interne permet au lecteur de rentrer dans la conscience de Meursault. -Un personnage principal sans expressions de sentiments : o Il apparait indifférent à la mort de sa mère : il garde ces habitudes : « J’ai mangé chez Céleste au restaurant, comme d’habitude », il tient des propos parfois choquant lorsqu’il parle de sa mère : « Je n’y suis presque plus allé parce que cela prenait tout mon dimanche »… On ne retrouve pas un registre pathétique ou lyrique comme lorsque les personnages de romans sont touchés par la tristesse, aucune expression d’émotion n’est visible : neutralité de Meursault. Il y a présence du lexique de la raison (≠ sentiment) : « affaire classée », « allure officielle ». o Ses amis semblent plus touchés que Meursault : « Beaucoup de peine pour moi » « On n’a qu’une mère ». → En revanche, le personnage principal nous fait part de ses sensations : « il fait chaud », « l’odeur d’essence », « réverbération de la route ». o L’écriture simple reflète la froideur de Meursault. Ø Meursault : Personnage dépourvu de sentiments se réduisant à son corps? Etranger aux évènements ? ≈ Inhumain ? -Un ‘compte-rendu’ d’événements racontés au jour le jour : o A travers ce texte informatif, Meursault rapporte les évènements par ordre chronologique : les événements sont sur le même plan. C’est une succession d'évènements très brève, car les faits sont consignés le plus simplement possible. Les asyndètes ne sont pas nombreuses (mots de liaison) : cela crée l'illusion d'une succession d'actions mécanisées : « L'asile est à deux km. J'ai fait le chemin à pied. J'ai voulu voir maman tout de suite. ». o Les actions : il apprend la nouvelle/ il déjeune/ il prend le train. Meursault commente le télégramme et raconte ce qu’il fait et ce qu’il va faire (≠ ce qu’il ressent). Ø Cette ‘énumération’ chronologique des évènements renforce la froideur de Meursault. -Explications et justifications de Meursault : o Meursault emploi de nombreux connecteurs logiques : « En somme », « donc » ils sont assez marquants. (Dans la scène avec le patron notamment : « En somme, je n'avais pas à m'excuser », le narrateur cherche les raisons de l'attitude peu agréable de son patron, qui viendraient du caractère « non officiel » du deuil). Le lecteur a du mal à suivre le raisonnement. o Meursault se justifie constamment : une volonté de transparence, de neutralité. Le narrateur est objectif (inexistence de vocabulaire subjectif). o La phrase de discours indirect « Ce n’est pas de ma faute » et les nombreuses justifications de Meursault peuvent refléter son seul sentiment apparent : celui de la culpabilité. « J'ai cru qu'il me reprochait quelque chose » : il se sent responsable ? Il veut se débarrasser de ce sentiment ? Ø Meursault : volonté de dire les choses de manières exacte, telles quelles sont : neutralité. -Véritable indifférence ? o Lorsque Meursault se justifie et s’explique, c’est peut-être en quelque sorte pour s'excuser de la mort de sa mère, en faire un événement important. On peut comprendre à travers cet incipit qu'on a affaire à un homme qui cherche à se persuader lui, et les autres, qu'il a fait en sorte que sa mère meure heureuse. o « Maman» x2 (l.1) révèle une connotation affective. o « Si maman n’étais pas morte » (Si= adverbe), il ne réalise peut être pas vraiment ? o « J’ai couru pour ne pas manquer cet enterrement » : il tient à y aller et à la voir : « J’ai voulu voir maman tout de suite ». → Ne pas exprimer ses émotions ne signifie pas être indifférent. Ø Meursault est un personne particulier : il est étranger par rapport à la société : même s’il tente de respecter les codes sociaux (modalisateurs « il a fallu », il essaie de faire un peu comme tout le monde : « brassard », « cravate noir pour le deuil »), il exprime aucun sentiment de tristesse. Il n’est pas un être de la convention, il est différent de la société. CONCLUSION : Cet incipit est surprenant est original. Le personnage principal est atypique, il est en apparence simple, mais devient plus complexe (sensible aux sensations, vision confuse du monde et culpabilité). Bien que la focalisation soit interne, le personnage nous est un peu étranger : impression d’une focalisation externe. Il est différent de la société, cela le rendra inacceptable.
E-Bahut moîravita Posté(e) le 15 mars 2013 E-Bahut Signaler Posté(e) le 15 mars 2013 Que veux-tu de plus ? C'est un bon travail .
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