Invité Posté(e) le 16 avril 2012 Signaler Posté(e) le 16 avril 2012 "Je vous propose un poème ou une chanson engagé(e) que vous présentez à vos camarades selon le planning établi en cours: présentez dans un premier temps l'auteur, dans un deuxième temps l'oeuvre et l'époque dans laquelle elle a été écrite puis dans un troisième temps après lecture de celle-ci vous expliquerez pourquoi c'est une oeuvre engagée et soulignerez deux faits de langue intéressants" J'ai choisi Le Mendiant de Victor Hugo. Un pauvre homme passait dans le givre et le vent. Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile. Les ânes revenaient du marché de la ville, Portant les paysans accroupis sur leurs bâts. C'était le vieux qui vit dans une niche au bas De la montée, et rêve, attendant, solitaire, Un rayon du ciel triste, un liard de la terre, Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu. Je lui criai : « Venez vous réchauffer un peu. Comment vous nommez-vous ? » Il me dit :« Je me nomme Le pauvre. » Je lui pris la main : « Entrez, brave homme. » Et je lui fis donner une jatte de lait. Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait, Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre. « Vos habits sont mouillés », dis-je, « il faut les étendre, Devant la cheminée. » Il s'approcha du feu. Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu, É talé largement sur la chaude fournaise, Piqué de mille trous par la lueur de braise, Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé. Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières, Je songeais que cet homme était plein de prières, Et je regardais, sourd à ce que nous disions, Sa bure où je voyais des constellations. Victor Hugo, Les Contemplations (1856) Le poète: Victor Hugo , né le 26 février 1802à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un poète,dramaturge et prosateur romantique considéré comme l'un des plus importants écrivains de . Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé qui a compté dans l'Histoire du xixe siècle. Victor Hugo occupe une place marquante dans l'histoire des lettres françaises au xixe siècle, dans des genres et des domaines d'une remarquable variété2,3. Il est poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d'automne(1832) ou Les Contemplations (1856), mais il est aussi poète engagé contre Napoléon III dans Les Châtiments (1853) ou encore poète épique avec La Légende des siècles(1859 et 1877). Il est également un romancier du peuple qui rencontre un grand succès populaire avec par exemple Notre-Dame de Paris (1831), et plus encore avec Les Misérables (1862). Au théâtre, il expose sa théorie du drame romantique dans sa préface de Cromwell en 1827 et l'illustre principalement avec Hernani en 1830 et Ruy Blas en 1838. Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, à l'Assemblée constituante et à l'Assemblée législative, notamment sur la peine de mort, l'école ou l'Europe, des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890), et une correspondance abondante. Victor Hugo a fortement contribué au renouvellement de la poésie et du théâtre ; il a été admiré par ses contemporains et l'est encore, mais il a été aussi contesté par certains auteurs modernes. Il a aussi permis à de nombreuses générations de développer une réflexion sur l'engagement de l'écrivain dans la vie politique et sociale grâce à ses multiples prises de position qui le condamneront à l'exil pendant les vingt ans du Second Empire. Ses choix, à la fois moraux et politiques, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique que la Troisième République a honoré à sa mort le 22 mai 1885 par des funérailles nationales qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon de Paris, le 31 mai 1885. Présentation de l'oeuvre: Les contemplations : recueil de 158 poèmes rassemblés en 6 livres que Victor Hugo a publié en 1856. La plupart des poèmes ont été écrits entre 1841 et 1855. Le recueil a pour thème le souvenir, l’amour, la joie, la mort, le deuil et le mystique. Le mendiant appartient au livre I, le livre du souvenir. Ce court poème dépourvu d’emphase dans lequel ne s’exprime aucune vue philosophique de l’auteur a quelque chose d’exemplaire dans sa simplicité. L’idée que développe l’auteur est belle, mais banale, et tout autant l’image sur laquelle il se termine. Mais le paysage de la réalité la plus banale à la vision poétique est ici noté avec une précision qui donne au lecteur l’impression de voir naître l’image sous ses yeux. En quoi le Mendiant est-il un poème engagé ? Le Mendiant est un poème engagé car à travers l'image d'un personnage, il dénonce la pauvreté et la misère. Il dénonce aussi le fait que l'homme dont il fait l'éloge passe sa vie à prier et consacre sa vie entière à Dieu. Procédés intéressants utilisés : "Semblait un ciel noir étoilé", Hugo compare le manteau du pauvre à un ciel : vaste ; bleu initialement mais il s'est assombri avec le temps. Le manteau se transforme en voûte céleste par l'intermédiaire d'une comparaison. "Un pauvre" (vers 1) -> "le vieux" (vers 6) -> "Le pauvre" (vers 12 : rejet donc transfiguration et incarnation de toute la misère) Qu'est-ce que vous en pensez? Merci d'avance ^^
E-Bahut moîravita Posté(e) le 16 avril 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 16 avril 2012 Tu as déjà fait la moitié du travail, c'est bien . Mais : -Les notes sur Hugo semblent sorties tout droit d'une anthologie ou du net et sont "ennuyeuses " à lire . Il faut insister sur le contenu des oeuvres poétiques ("Les Contemplations", par exemple, écrites après la mort de sa fille Léopoldine, noyée à VIllequiers , emportée avec son jeune mari par la brutale montée des eaux de la Seine, mort dont il ne se remettra jamais; "Les châtiments" , qui illustrent sa haine pour "Napoléon le petit" , à qui il doit son exil à Guernesey...); pour sa lutte contre la peine de mort, tu peux parler du roman "Les derniers jours d'un condamné". Il me semble que vu le poème que tu analyses, il faudrait aussi parler de l'animisme de Hugo: il pensait que Dieu est dans tout , dans le moindre brin d'herbe, et il était convaincu de la transmigration des âmes (la réincarnation). Donc, ici, pas de dénonciation de la foi, bien au contraire : la foi du pauvre le transfigure, sa misère se pare de milliers d'étoiles pour le poète. Au point de vue du style, tu as trouvé les comparaisons ; il y peu de figures de style, mais de multiples rejets dont il faut trouver le sens . Il s'arrêta// devant moi : le vers s'arrête lui aussi: suspension du souffle (c'est pour cette raison que tu devras lire le texte à haute voix). Rejet de "le pauvre" : mise en valeur de la misère ( le mot est répété deux fois dans le texte): je me nomme //le pauvre : impression presque biblique d'une situation révoltante : l'homme n'a pas de nom: il est entièrement envahi par la misère . "au bas// de la montée : impression de pénibilité : le pauvre marche avec peine, il doit être vieux , sa vie n'est qu'une descente aux enfers , personne ne l' a jamais aidé à "monter" , à "remonter la pente ". PS: n'y a-t-il pas une faute d'orthographe dans le vers: "D'où ruisselai(en)t la pluie ET l'eau des fondrières ? Encore des questions ? Bon travail .
Invité Posté(e) le 16 avril 2012 Signaler Posté(e) le 16 avril 2012 Merci beaucoup de ton aide. D'accord pour l'histoire de la foi, je n'avais pas compris. Et la biographie oui je l'avais trouvé sur internet, merci de tes infos. Pour l'orthographe oui ça me parait bizarre car c'est le deux éléments qui ruisselaient mais je suis retourné sur plusieurs sites et ils ont tous cet orthographe. Je me demande si c'est une faute au départ qui a fait que tous les sites l'ont fait après en publiant leurs poèmes sur le site ou si il y a une astuce peut-être enfin ça m'étonnerait.
E-Bahut moîravita Posté(e) le 17 avril 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 17 avril 2012 Effectivement, la faute d'orthographe se retrouve dans le texte original . On l'explique par le fait que Hugo considérait la pluie et l'eau des fondrières comme un seul élément . N'oublie pas de signaler cette figure de style :" la bure", au dernier vers (étoffe des vêtements monastiques) , mot utilisé pour signifier le vêtement tout entier . Remplacement du nom de l'habit par le nom de sa matière : il s'agit d'une métonymie --bien choisie ici puisque le pauvre est croyant, sorte d'envoyé céleste--, (tout comme dans je bois "un verre", pour signifier le contenu du verre : remplacement du contenu par le contenant, par exemple ): certains pensent qu'il s'agirait d'une synecdoque . tape ces deux termes dans la rubrique "figures de style " sur le net pour t'en assurer . Bon travail . Bonne chance .
E-Bahut moîravita Posté(e) le 17 avril 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 17 avril 2012 PS: Ne perds pas de vue le sens général du poème , dont le début est très prosaïque, les 17 premiers vers ne faisant que retranscrire une réalité familière dans tous ses détails . Le détail des ânes, sans rapport avec l'anecdote, remontant du marché rappelle celui de Jersey où Hugo fut en exil.L'art de H. consiste à passer de l'observation banale de la réalité à une vision surnaturelle . L'idée sous-jacente du poème est celle de la valeur spirituelle de la pauvreté .Le pauvre n'a aucune tentation, rejette tout souci matériel et s'en remêt à l'aumône pour assurer sa subsistance (le mot mendiant n'apparaît que dans le titre, et tu peux faire remarquer la différence entre UN pauvre et "je suis LE pauvre , l'adjectif défini conférant à ce mot une sorte d'abstraction: ce pauvre représente toute la misère en soi .), peut consacrer toute sa vie à la prière(cfr légendes antiques et moyenageuses où le miséreux se transforme en dieu dès qu'on a été charitable envers lui). Hugo donnerait donc une version moderne à ces légendes ici . D'ailleurs , l'homme , moine autant que mendiant, réalise la règle des ordres mendiants : il a rejeté l'action ("rêve") et la fréquentation des hommes ("solitaire")" pour n'avoir plus de contact qu'avec la nature pourtant hostile ("un rayon de ciel triste") et avec le créateur . le dernier vers le rappelle ("sa bure").
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