aimant Posté(e) le 8 avril 2012 Signaler Posté(e) le 8 avril 2012 Bonjour, Je dois faire un commentaire composé sur un extrait du chapitre deux de l'Assommoir d'Emile Zola, ci-dessous : "Oh ! C'est vilain de boire !"dit-elle à demi voix. Et elle raconta qu'autrefois, avec sa mère, elle buvait de l'anisette, à Plassans. Mais elle avait faillit mourir un jour, et ça l'avait d'goutée ; elle ne pouvait plus voir les liqueurs : "Tenez, ajouta-t-elle en montrant son verre, j'ai mangé ma prune ; seulement, je laisserai la sauce, parce que ca me ferait du mal." Coupeau, lui aussi, ne comprenait pas qu'on pût avaler de pleins verres d'eau de vie. Une prune par-ci par-là, ca n'était pas mauvais. Quant au vitriol, à l'absinthe et aux autres cochonneries, bonsoir ! Il n'en fallait pas. Les camarades avaient beau le blaguer, il rester à la porte, lorsque ces cheuvelards-là entraient à la mine de poivre. Le papa Coupeau, qui était zingueur comme lui, s'était écrabouillé la tête sur le pavé de la rue Coquenard, et qu'il voyait la place; aurait plutôt bu de l'eau du ruisseau que d'avaler un canon gratis chez le marchant de vin. Il conclut par cette phrase : "Dans notre métier, il faut des jambes solides." Gervaise avait repris son panier. Elle ne se levait pourtant pas, le tenait sur ses genoux, les regards perdus, rêvant, comme si les paroles du jeune ouvrier éveillaient en elle des pensées lointaines d'existence. Et elle dit encore, lentement, sans transition apparente : "Mon Dieu ! Je ne suis pas ambitieuse, je ne demande pas grand-chose... Mon idéal, ce serais de travailler tranquille, de manger toujours du pain, d'avoir un trou un peu propre pour dormir, vous savez un lit, une table et deux chaises, pas d'avantage... Ah Je voudrais aussi élever mes enfants, en faire de bon sujets, si c'était possible... Il y'a encor un idéal, ce serait de ne pas être battue, si je me remettais jamais en ménage ; non, ca ne me plairait pas d'être battue... Et c'est tout, vous voyer, c'est tout." Elle cherchait, interrogeait ses désirs, ne trouvait plus rien de sérieux qui la tentât. Cependant, elle reprit, après avoir hésité: "Oui, on peut à la fin avoir le désir de mourir dans son lit... Moi, après avoir bien trimé dans ma vie, je mourrais bien dans mon lit, chez moi." Et elle se leva. Coupeau, qui approuvait vivement ses souhaits, était déjà debout, s’inquiétant de l’heure. La problématique étant : "En quoi cette scène raconte-t-elle un moment de bonheur ?" J'ai beaucoup de mal pour construire un plan. Mais j'ai peut être une petite idée : I/ L'alcool et les Rougon Macquart. II/ Les espoirs de Gervaise. Par contre, je ne sais pas du tout si ce plan est correct et réponds à la problématique. Pouvez-vous m'aider, s'il vous plaît, et essayer de m'éclairer ? Je trouve l'extrait trop court pour être exploité, et je ne trouve donc pas non plus comment constituer les sous parties. Merci d'avance pour votre aide !
aimant Posté(e) le 11 avril 2012 Auteur Signaler Posté(e) le 11 avril 2012 Re-Bonjour/Bonsoir. Je suis desolée du double post, mais je suis vraiment perdue.. Plus j'y réflechis, moins je comprends. Si quelqu'un pouvait m'aider, s'il vous plait,je lui serai vraiment reconnaissant. Je ne demande pas de faire le travail à ma place, seulement de m'éclairer, et d'expliquer afin que j'y vois plus clair. Mille merci.
E-Bahut moîravita Posté(e) le 11 avril 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 11 avril 2012 Moment de bonheur : pourquoi ? -Gervaise et Coupeau semblent dégoûtés de l'alcool (alors qu'ils vont y sombrer): contraste entre "eau" et noms des diverses liqueurs "fortes" . -Gervaise rêve d'une vie calme, faite de peu de choses, un peu d'eau, un peu de pain, une couche pour dormir, comme les philosophes grecs , et se voit mère exemplaire pour ses enfants dans un avenir proche.dans un, avenir plus lointain, elle espère mourir en dormant .Contraste entre ce qu'elle a vécu( "être battue") et ce rêve d'une vie "tranquille". -Coupeau est sur la même longueur d'ondes .("Coupeau, aussi, ne comprenait pas ..../"qui approuvait vivement ses souhaits")
aimant Posté(e) le 13 avril 2012 Auteur Signaler Posté(e) le 13 avril 2012 Merci beaucoup pour votre réponse. Ce que je n'arrive pas à comprendre, en fait, c'est en quoi le fait d'être dégoûté de l'alcool est un moment de bonheur ? Ils auraient été sous l'ivresse de l'alcool, j'aurai compris, mais là, vraiment pas. Et, trouvez vous que les grands axes du plan que j'ai précisé plus haut sont bien pour répondre à la problématique ? Mon professeur nous a dit que pour un plan soit "parfait", il fallait qu'il ai trois parties, or j'en ai que deux.
E-Bahut moîravita Posté(e) le 13 avril 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 13 avril 2012 Gervaise dit "C'est vilain de boire" : elle avait bu petite et avait failli en mourir un jour , voilà ce dont elle se souvient (plongée dans un passé, malheureux dans son enfance, malheureux avec Lantier qui la battait) Coupeau a invité Gervaise à boire un verre car il espère la séduire : elle se sent mise en valeur (elle est boiteuse).(c'est le présent de Gervaise) Gervaise se met à rêver à un nouvel avenir alors qu'elle a subi une rupture avec Lantier (plongée dans un avenir simple, dépourvu d'ambition, calme ) Tu peux utiliser l'axe de la temporalité (présent, passé, futur en notant les temps grammaticaux employés). Le dégoût de l'alcool témoigne probablement du seul moment où les personnages seront vraiment à jeun dans le roman .N'oublie pas que chez Zola, l'hérédité détermine les comportements de ses personnages et qu'il fait à leur sujet une véritable étude scientifique (qu'on appellera plus tard le courant "naturaliste" )
aimant Posté(e) le 1 mai 2012 Auteur Signaler Posté(e) le 1 mai 2012 (je m'excuse de répondre avec autant de retard.) Je pense finalement faire seulement deux parties, car je n'arrive pas à m'en sortir avec la temporalité. J'ai finalement interrogé de nouveau mon professeur, et il m'a dit que ce n'était pas vraiment obligatoire de faire trois parties. Par contre, pour ce qui est de la conclusion, qui est donc censé répondre à la problématique, je ne vois vraiment pas comment et sur quoi faire un élargissement...
E-Bahut moîravita Posté(e) le 2 mai 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 2 mai 2012 Je ne sais comment t'aider pour la conclusion: Il y aura dans le roman(as-tu dû le lire ?) un contraste entre ce que rêve Gervaise pour son avenir et ce qui arrivera (accident de Coupeau, alcoolisme de Coupeau et de Gervaise ). dans l'extrait, il y a préfiguration de ce qui va se passer: - évocation de l'alcool (fuite dans le rêve , puis fuite dans l'alcool) -brutalité subie par Gervaise dans son enfance( les personnages de Zola n'échappent pas à leur hérédité) -utilisation d'un vocabulaire plutôt négatif (négations, vocabulaire dépréciatif) qui préfigure la déchéance. -Scène(le présent) qui devrait être une heureuse scène de rencontre amoureuse alors que Gervaise s'enfonce dans son passé , puis dans son futur.Idée donc d'enfermement auquel elle croira échapper en acceptant la demande de mariage de Coupeau. Qu'en penses-tu ?
aimant Posté(e) le 2 mai 2012 Auteur Signaler Posté(e) le 2 mai 2012 J'ai lu l'oeuvre, oui. Merci beaucoup pour cette aide. -utilisation d'un vocabulaire plutôt négatif (négations, vocabulaire dépréciatif) qui préfigure la déchéance. dans laquelle des deux grandes parties je peux insérer cette information ? Je voulais également parler de l'imparfait de durée et de répétition, sauf que je ne sais pas non plus dans quelle partie la mettre. Est-ce que c'est bon, si je précise que le discours direct libre montre la fragilité de Gervaise, et que Zola cherche autant à faire entendre la voix du personnage au lecteur, qu'à la rendre touchante ? Dû à ses désirs simple, je me disais que je pourrai également dire que Gervaise est une anti madame bovary. Puis également parler du Leitmotiv. Le problème, c'est qu'avec toutes ces informations, mes deux axes sont beaucoup trop déséquilibrées. La partie "L'idylle de Gervaise" est beaucoup plus complète et riche, par rapport à "L'alcool et les Rougon Macquart."
E-Bahut moîravita Posté(e) le 3 mai 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 3 mai 2012 Oui, discours indirect libre permet d'entrer dans l'intimité des pensées de Gervaise et rend celle-ci touchante .Une anti Bovary, peut-être , mais les milieux sociaux, l'éducation des deux héroïnes sont si différents ... Il faudrait peut-être penser au vocabulaire, aux tournures, aux expressions appartenant au langage du peuple qu'emploie Zola . (un canon, bonsoir! ça l'avait d'goûtée ... imitation du langage parlé ) Pourquoi parler de l'alcool et des Rougon - Macquart, puisque dans ce passage , aucune conséquence désastreuse de son addiction n'est évoquée ? Insiste plutôt sur le réalisme de ce passage .
aimant Posté(e) le 3 mai 2012 Auteur Signaler Posté(e) le 3 mai 2012 Oui, je le sais bien. Des choses les opposent, mais c'est seulement dans leur contexte de leurs désirs à toute les deux. A cause de leur idéal si différent. "dégoûté" est considéré comme langage du peuple ? je comptais y mettre, par exemple "cheulards", "ribote", ... Le réalisme ? C'est à dire ? J'oubliais, aussi, qu'est-ce que le "vocabulaire dépréciatif" ? Je ne comprends pas vraiment.
E-Bahut moîravita Posté(e) le 4 mai 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 4 mai 2012 Alors: I. LA RENCONTRE: deux personnages assis devant un guéridon, sorte de croquis . Le sujet est populaire : le lieu (le cabaret vu du trottoir), les gestes, le mode de vie , le milieu (une blanchisseuse et un zingueur ), la langue surtout ("une prune" dans L'asommoir du père Colombe) situent l'aventure : il y a du soleil, la blancheur du panier, et une impression de gourmandise paresseuse... Le croquis est gai. Des éléments dramatiques apparaissent cependant, médiocres comme la situation des personnages . Ton extrait: La conversation s'organise autour de deux thèmes qui occupent Gervaise et Coupeau: celui de l'alcoolisme, vu par Gervaise , puis par Coupeau, et celui de la vie de ménage. Le thème de l'alccolisme est appelé par le lieu et par les circonstances: la mère de Gervaise buvait et pour Zola, on n'échappe pas à son hérédité, le destin marque à l'avance ses victimes et Coupeau fera à jeun (ch.4) la même chute que son père ivre. Gervaise s'est cependant analysée psychologiquement plus haut: "son seul défaut ... etc. Elle s'exprime spontanément (tours exclamatifs: "oh... tenez! , des remarques enfantines :"c'est vilain... ça me ferait mal ...) sans vulgarité accusée. II. LES REVES DE GERVAISE: C'est au moment de quitter son amoureux (elle avait repris son panier) , alors qu'elle ne le voit plus, en somme, qu'elle se laisse aller à une molle paresse somnolente (cela lui arrive souvent) et qu'elle parle de ses rêves avec une ferveur presque religieuse, mais son idéal la dépasse, elle est un personnage symbolique: son premier mot : "travailler"est celui de tout prolétaire qui n'a que ses bras, que le chômage menace dans sa nourriture (manger toujours du pain), dans son logement (un lit, une table ...), dans ses enfants (élever mes enfants ...), les autres maux, les coups, l'abandon... sont les conséquences d'une misère qui dissocie les familles: ici encore , le côté social est éclairé, non le côté psychologique ou physiologique.Les souhaits de Gervaise sont inconditionnels, elle rêve, elle n'a pas (n'aura pas) la volonté nécessaire pour triompher du mal et la peur qu'elle a de la mort montre bien qu'elle se sait vaincue avant d'avoir lutté. Cette peur traversera le roman . Pour l'emploi de la langue des ouvriers chez Zola et le naturalisme (son école littéraire), tu peux taper ces mots sur le net.(dégoûter n'est pas populaire, mais la façon de le prononcer : "d'goûtée" traduit le souci de Zola d'imiter la prononciation des ouvriers .) J'espère qu'avec tous ces aperçus, tu pourras établir un super commentaire . Bon courage . Encore des questions ?
aimant Posté(e) le 4 mai 2012 Auteur Signaler Posté(e) le 4 mai 2012 Merci beaucoup pour cet aide, vraiment. Je n'aurai rien pu faire sans, je pense bien. Juste une dernière question: est-ce que je peux dire qu'il y a une sorte de métaphore animale ? Gervaise est plus ou moins comparée à une bête de somme qui rêve de "la niche et du pâté"
E-Bahut moîravita Posté(e) le 5 mai 2012 E-Bahut Signaler Posté(e) le 5 mai 2012 Oui, tu peux évoquer ce rapprochement voulu par Zola . Bon travail et bon courage !
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