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Besoin D'explications


malene39

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Bonjour, je ne comprend pas ce que veut dire Rousseau dans ce texte. Pouvez-vous m’expliquer chaque phrase entre parenthèses. Aussi je voudrais savoir quelle est sa véritable thèse. Que signifie « effets », « modèle », « gout » ?J’ai vraiment rien compris à ce texte, j’ai l’impression qu’il y a plein de paradoxes. Merci à ceux qui voudront bien prendre le temps de m’expliquer car c’est vraiment très important.

Je trouve que cette Comédie nous découvre mieux qu'aucune autre la véritable vue dans laquelle Molière a composé son théâtre, et nous peut mieux faire juger de ses vrais effets. (Que veut dire « effets » dans ce contexte ?) (Ayant à plaire au public, il a consulté le goût le plus général de ceux qui le composent ; sur ce goût il s'est formé un modèle, et sur ce modèle un tableau des défauts contraires, dans lequel il a pris ses caractères comiques, et dont il a distribué les divers traits dans ses pièces). Il n'a donc point prétendu former un honnête homme, mais un homme du monde ; par conséquent, (il n'a point voulu corriger les vices, mais les ridicules : et, comme j'ai déjà dit, il a trouvé dans le vice même un instrument très propre à y réussir. Ainsi, voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l'homme aimable, de l'homme de société, après avoir joué tant d'autres ridicules, il lui restait à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu : c'est ce qu'il a fait dans le Misanthrope.)

Vous ne sauriez me nier deux choses : l'une, qu'Alceste, dans cette pièce, est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien ; l'autre, que l'auteur lui donne un personnage ridicule. C'en est assez, ce me semble, pour rendre Molière inexcusable. On pourrait dire qu'il a joué dans Alceste, non la vertu, mais un véritable défaut, qui est la haine des hommes. (A cela je réponds qu'il n'est pas vrai qu'il ait donné cette haine à son personnages) : (il ne faut pas que ce nom de misanthrope en impose, comme si celui qui le porte était ennemi du genre humain.) Une pareille haine ne serait pas un défaut, mais une dépravation de la nature et le plus grand de tous les vices. Le vrai misanthrope est un monstre. S'il pouvait exister, il ne ferait pas rire, il ferait horreur.

Qu'est-ce donc que le misanthrope de Molière? Un homme de bien qui déteste les moeurs de son siècle et la méchanceté de ses contemporains : qui, précisément parce qu'il aime ses semblables, hait en eux les maux qu'ils se font réciproquement et les vices dont ces maux sont l'ouvrage. S'il était moins touché des erreurs de l'humanité, moins indigné des iniquités qu'il voit, serait-il plus humain lui-même ? (Autant vaudrait soutenir qu'un tendre père aime mieux les enfants d'autrui que les siens, parce qu'il s'irrite de fautes de ceux-ci et ne dit jamais rien aux autres.)

Jean-Jacques Rousseau, Lettre à D "Alembert sur les spectacles. 1758.

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