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plan dissertation philosophie


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Posté(e)

Bonsoir à tous, j'ai un plan de dissertation à faire. 
Le sujet est le suivant : Faut-il toujours suivre sa raison. 

J'ai commencé mon plan je voulais mettre

I- La raison comme socle de la connaissance et de la morale

II-les limites de la raison

III-??

 

Merci d'avance

  • E-Bahut
Posté(e)

Salut Sophie (le prénom idéal pour qu'on te réponde vite sur un forum de philo):

avant de mettre un plan, essaie d'avoir une problématique et des idées à mettre dans le plan. Si tu as un plan, mais sans les éléments précédents, c'est aussi utile qu'un boulanger qui te dirait "je ne sais pas faire de croissants, mais j'ai acheté la meilleure vitrine".

Commences par voir le problème du sujet: "faut-il toujours suivre sa raison?" On pourrait commencer par questionner le "toujours". Quand je fais un placement financier, que je résous un problème de maths ou que je fais ma liste de courses, j'essaie d'être rationnel (en tout cas, personnellement, je vais au rayon poissonnerie à la fin, pour ne pas trimballer mon filet de saumon qui va réchauffer pendant que j'achète le riz et les pattes, j'ai une méthode vaguement rationnelle pour faire les courses, en tout cas j'exerce mon esprit pratique).

Par contre, est-ce que je suis ma raison quand je drague une fille? Ou sans draguer: j'interagis avec ma libraire. On peut (légitimement) se demander si je ne suis pas influencé par des penchants très irrationnels, comme le fait que je lui trouve de très beaux yeux et une peau fine, un rire séduisant, une jupe savamment fendue... Bref, tout un tas de trucs qui feront que j'achèterais peut-être un roman, moins pour les qualités de l'ouvrage que pour la voir sourire. Ou alors, c'est le travail d'une "raison" qui n'a rien de rationnel, comme une ruse de la nature qui me fait apprécier les jeunes femmes apparemment fertiles, ce qui fait qu'en me laissant guider par mes instincts, je vais me retrouver père de famille (mais à ce moment-là, si ruse de la nature il y a, ce n'est plus ma raison, mais bien une autre, une efficacité cachée de nos gènes qui favorisent leur propre reproduction grâce à la redoutable efficacité de la sélection naturelle, on est bien en face d'un processus efficace, mais pas de ma raison réflexive).

Et quand je vais voir une expo dans un musée: où va ma rationalité? A la fin, moi, personnellement, je trouve que les oeuvres de Klein, c'est chiant comme la mort. Pourtant on m'a expliqué lors d'une de mes visites au centre Pompidou: le monochrome, travail de la couleur, commentaire sur la forme, tout ça... Mais à la fin, comme c'est toujours bleu, je m'emmerde et je vais voir autre chose. Où est ma raison à ce moment-là? J'ai bien compris l'argument sur la forme, mais à la fin de l'expo, force est de constater: je m'en fous. Et je n'ai peut-être pas tort: les oeuvres les plus limpides sur leur concept intellectuel, sur leur construction à base plus ou moins rationnelle, ne sont pas forcément les plus intéressantes et les plus esthétiques.

Et j'irais plus loin: quand on condamne un criminel à une peine mesurée et individualisée, est-ce que c'est toujours rationnel? On s'encombre avec des questions de responsabilité, d'expertise psychiatrique, de réhabilitation (qui demande de financer de nombreux programmes de réinsertion) et de dignité dans les conditions de vie des prisonniers. Mais est-ce qu'on ne gagnerait pas énormément de temps et d'argent en condamnent à mort systématiquement? Le taux de récidive des morts est de 0% : ça c'est de l'efficacité! Et on a besoin de beaucoup moins de gardiens pour un cimetière que pour une prison. Fraude fiscale? Condamnation à mort et saisie de la fortune: bim, on a réglé en une seule mesure les problèmes d'évasion fiscale et de surcharge des prisons, c'est pas rationnel ça? Du coup, au nom de quoi complique-t-on le jugement des criminels? L'éthique? La dignité humaine? L'efficacité sociale? Le désir de justice? La peur des erreurs judiciaires, peut-être? Le caractère sacré de la vie, si on est croyant... Ce ne sont pas les raisons qui manquent, mais les raisons rationnelles?

 

Du coup, je t'arrête tout de suite sur ton plan: laisse tomber, tu n'as pas encore de problématique. Si tu pars vers cette première partie "la raison comme socle de la connaissance et de la morale", je réponds "hors-sujet". Ton plan ne répond pas au sujet parce que tu as sauté une étape: tu n'as pas encore questionné le sujet.

Derrière la question "Faut-il toujours suivre sa raison?", il n'y a pas à faire une dissertation sur la seule raison... Ce serait manquer les trois quarts du problème. C'est aussi une question morale et sociale qui est posée: "est-il moralement acceptable d'être rationnel en tout?", ou encore une question d'art: "l'artiste est-il créatif par la seule rationalité?", mais c'est aussi une question adressée à la philosophie de l'esprit et aux sciences cognitives: "peut-on suivre sa raison?" Si les émotions nous motivent, comment ferait la raison, qui est de nature radicalement différente, pour incliner nos actions? Je comprends bien comment nos affects pèsent sur nos décisions, je le constate tous les jours (oui, j'ai déjà acheté un livre parce que ma libraire est sexy: ma libido a plus de marge de manoeuvre que ma rationalité avec mon portefeuille), par contre je vois rarement des gens agir par raison pure... Peut-être jamais, en fait. Sauf dans des conditions bien précises et contrôlées, comme dans un laboratoire ou des scientifiques vont mettre en place un protocole expérimental pour écarter tous les biais cognitifs pouvant affecter leurs résultats.

Autrement dit: il te faut d'abord questionner le sujet avant d'avoir un plan. C'est rationnel (et c'est passionnel: tu sera plus joyeux avec une bonne ou une mauvaise note?)

Posté(e)

Merci bcp pour toutes ces informations. Je me suis donc questionnée. 

La raison représente-elle toujours cette faculté nous apportant une certaine stabilité sur les différents choix auxquels nous devons faire face ?

 

Cependant, la raison est-elle toujours la plus puissante face à ce que nous dicte notre cœur ?

Je voudrais tout de même commencer par

I- La raison comme socle de la connaissance et de la morale

a) l'homme cherche à augmenter sa connaissance dumonde, tout en se libérant des préjugés (Platon-Allégorie de la Caverne)

b) cela s'étend également dans le domaine de la morale (Kant, impératif catégorique)

Dans mon introduction, je dois définir les termes

raison

faut

toujours 

?

  • E-Bahut
Posté(e) (modifié)

Salut Sophie.

Est-ce que tu comprends le problème: tu présentes une nouvelle problématique, tu reformules le problème (c'est très bien, bravo!) et ensuite tu balances... exactement le même plan hors-sujet que tu avais déjà, mais développé. Il a beau être développé avec des exemples et des références, il est toujours hors-sujet.

Imaginons que je sois ton correcteur: je vois ce plan dans le corps de texte, avec une première partie consacrée à la raison... Si je n'avais pas lu le sujet, je me dirais "tiens, c'est une dissertation sur le problème "qu'est-ce que la raison?" ou "quelles sont les applications de la raison?" Tu ne réponds pas du tout au problème posé: "faut-il toujours suivre sa raison?"

Encore une fois, le sujet "Faut-il toujours suivre sa raison?" n'est pas une dissertation qui porte immédiatement sur la raison: c'est une dissertation sur la volonté, la décision et la morale.

Tu as bon sur les définitions: oui il faut définir raison (qu'on prendra dans un sens assez étendu dans l'intro: à la fois méthode rationnelle, faculté de raisonnement, rationalité, etc...), toujours (facile) et surtout le "Faut-il" de départ. Mais justement, si tu définis ce "faut-il", alors tu comprends le problème, qui te donne la problématique: est-ce un devoir de toujours suivre sa raison? A-t-on raison de suivre sa raison, et d'après quels critères, pour quels objectifs?

Je comprends que tu ais très envie de ressortir ton cours sur la raison et de réciter le couplet sur Platon, puis celui sur Kant, mais quel est le rapport? Si tu expliques le mythe de la caverne qu'on trouve dans République VI, Platon y explique que les Idées (comprendre: les concepts intellectuels) sont comme les formes originales dont en voyons que les ombres portées dans le monde matériel qu'on examine, et qu'il faut apprendre à voir les concepts derrière les objets. Quel rapport avec "Faut-il toujours suivre sa raison?" Platon ne parle pas de la raison elle-même, mais de la capacité à discerner les concepts. Si Platon parle d'une faculté de l'esprit (qu'il désigne presque toujours pas sa métaphore de la vision et de la lumière), c'est un esprit de synthèse ou d'abstraction, c'est la capacité du pythagoricien à comprendre qu'on parle de droites infinies et de triangles rectangles, alors que Pythagore a tracé des traits limités sur une tablette d'argile avec un grattoir usé et qu'il a raté l'angle droit: voir l'Idée éternelle derrière la forme éphémère de la matière. Autrement dit, c'est ce qui vient avant la raison. Citer l'allégorie de la caverne est certes scolaire, mais complètement à côté du sujet.

Parenthèse sur la spiritualité platonicienne: d'autant que Platon en fait une utilisation plus spirituelle que rationnelle. On ne s'en rend pas compte en Tle, mais Platon fonde une école de pensée qui est aussi une concurrence religieuse au culte des dieux de son époque. Des dieux qu'il ne trouve visiblement pas très intéressants, il n'en parle pratiquement jamais et sa métaphysique n'attribue rien à Zeus. On pourrait croire que Platon ne croit pas aux dieux de son époque, mais il est simplement plus fin que ça: il voit que la religion échoue à répondre aux questions de la métaphysique et invente une philosophie et une spiritualité plus intellectuelle, qui se passe très bien des dieux pour expliquer le monde. En cela, on peut comprendre pourquoi le maître de Platon, Socrate, a été condamné à mort pour "impiété": les philosophes sont en effet bien peu respectueux de la religion, puisqu'il réinventent les dieux à longueur de traité métaphysique (de la même façon: TOUS les métaphysiciens de la modernité, de Descartes jusqu'à Leibniz en passant par Spinoza ou Malebranche, sont condamnés par le Vatican, qui les a placé dans l'Index librorum prohibitorum).

 

Ton exemple de Kant est plus intéressant, mais mal utilisé: là par contre on a effectivement un argument qui prétend fonder la moralité sur la raison... Mais de manière indirecte. L'impératif catégorique de Kant n'est pas d'abord rationnel, il est surtout pratique. Il permet d'établir une morale qui soit d'abord réciproque, donc qui peut fonctionner en société. Et elle a des soucis (le cas du mensonge, par exemple: l'impératif catégorique interdit formellement le mensonge, ce qui pose un vrai problème lorsque mentir permettrait de sauver une vie). Donc attention avec Kant: vas-y avec prudence et ne te contente pas de réciter le couplet sur l'impératif catégorique, explique pourquoi ce n'est pas un si bon exemple, mets les pieds dans le plat.

 

Ensuite, je reprends tes problématiques: elles posent plus de problèmes qu'elles ne vont en résoudre. Elles sont trop longues et font appel à d'autres notions qui n'ont rien à voir avec le sujet non plus:

Citation

La raison représente-elle toujours cette faculté nous apportant une certaine stabilité sur les différents choix auxquels nous devons faire face ?

Réponse courte: on s'en fout. C'est quoi la stabilité? D'une part tu en refais un sujet sur la raison elle-même, mais en plus tu rajoutes la notion de stabilité qui n'a pas de rapport avec le sujet. Par contre, tu parles des choix, c'est un pas dans la bonne direction: tu as compris que c'était un sujet qui parle des choix à faire dans la vie (donc de morale).

Citation

Cependant, la raison est-elle toujours la plus puissante face à ce que nous dicte notre cœur ?

C'est un autre sujet, l'introduction du problème des passions motivantes (qu'on pourrait aussi appeler: la raison n'arrive jamais à motiver, puisque c'est le boulot des passions, il faut trouver une passion qui va dans le même sens que la raison). Mais n'utilise pas le terme "coeur", qui est une métaphore floue. Tu as peut-être l'impression d'être claire, mais on évite les métaphores en philosophie par soucis de clarté (sauf quand on s'appelle Platon... C'est un autre problème).

Mais alors, tu peux citer quel philosophe pour mettre une référence dans cette satanée dissert?

Si tu as bien compris que ça ne répond pas directement au problème, mais à la question annexe "peut-on suivre sa raison?" alors, tu peux tout à fait utiliser le texte de David Hume sur le rapport des passions à la raison. C'est un texte célèbre que je te conseille de lire attentivement, extrait du Traité de la nature humaine, livre II, "Des passions" (1739).

https://ifac.univ-nantes.fr/IMG/pdf/TEXTE_4_HUME.pdf

 

Citation

Nous ne parlons pas rigoureusement ni philosophiquement lorsque nous discourons du combat de la
passion et de la raison. La raison est et ne doit être que lesclave des passions ; elle ne peut jamais
prétendre remplir un autre office que celui de les servir et de leur obéir. Comme cette opinion peut
apparaître quelque peu extraordinaire, il ne sera pas déplacé de la confirmer par quelques autres
considérations.

Une passion est une existence originelle, ou, si lon veut, une modification originelle de lexistence ;
elle ne contient aucune qualité représentative qui en fasse une copie dune autre existence ou dune
autre modification. Quand jai faim, je suis réellement sous lemprise de la passion et, dans cette passion,
je ne me réfère pas davantage à un autre objet que lorsque jai soif, suis malade, ou mesure plus de cinq
pieds de haut. Il est donc impossible que la vérité et la raison puissent sopposer à cette passion ou que
celle-ci puisse contredire celles-là, puisque cette contradiction consiste dans le désaccord des idées,
considérées comme des copies, avec les objets quelles représentent.

Ce qui peut se présenter sur ce chapitre, cest que, comme, dune part, rien ne peut être contraire à la
vérité ou à la raison sauf ce qui sy réfère et comme, dautre part, seuls les jugements de notre
entendement ont cette référence, il sensuit que les passions peuvent être contraires à la raison dans la
seule mesure où elles saccompagnent de quelque jugement ou de quelque opinion. Selon ce principe,
qui est si évident et si naturel, cest seulement en deux sens quune affection peut être dite
déraisonnable. Dabord, quand une passion telle que lespoir ou la crainte, le chagrin ou la joie, le
désespoir ou la sérénité, se fonde sur lexistence dobjets qui en réalité nexistent pas. En second lieu,
quand, pour satisfaire, une passion, nous choisissons des moyens inappropriés à la fin visée et jugeons
faussement des causes et des effets. Lorsquune passion ne se fonde pas sur des suppositions fausses et
quelle ne recourt pas à des moyens inappropriés à la fin, lentendement ne peut ni la justifier, ni la
condamner. Il nest pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une
égratignure de mon doigt. Il nest pas contraire à la raison que je choisisse dêtre totalement ruiné pour
empêcher le moindre malaise dun Indien ou dune personne qui mest totalement inconnue. Il nest pas
davantage contraire à la raison que je préfère, même en connaissance de cause, un moindre bien à mon
plus grand bien, et que jéprouve une affection plus ardente pour le premier que pour le second. Un bien
trivial peut, en raison de circonstances particulières, produire un désir supérieur à celui que suscite le
contentement le plus considérable et le plus estimable ; et il ny a rien de plus extraordinaire en cela que
de voir, en mécanique, un poids dune livre soulever un de cent, grâce à lavantage de sa situation. En
bref, une passion doit saccompagner dun jugement faux pour être déraisonnable ; et même alors, ce
nest pas la passion, à proprement parler, qui est déraisonnable, cest le jugement.

Les conséquences sont évidentes. Puisquune passion ne peut jamais, en aucun sens, être appelée
déraisonnable, sauf quand elle se fonde sur une supposition fausse ou quand elle choisit des moyens
inappropriés, il est impossible que la raison et la passion puissent jamais sopposer lune à lautre ou se
disputer le gouvernement de la volonté et des actions.

David Hume, Traité de la nature humaine, Livre II : Des Passions (1739), III, 3, « Sur les motifs qui
influencent la volonté », p. 271-273.

 

Modifié par Calliclès
Posté(e)

Non, je me suis renseignée auprès de mon prefesseur et l'allégorie de la caverne rentre totalement dans ce sujet

Je suis toujours perdue car je ne cerne pas comment réalisée mes parties

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