Lxlcky Posté(e) le 24 mars 2022 Signaler Posté(e) le 24 mars 2022 Bonjour j'ai une disserte à faire: "L'art nous détourne-t-il de la réalité?" Si vous avez des idées, arguments, exemples à proposer je suis preneuse. Comment je pourrais organiser mes parties, ainsi que mon introduction. Merci d'avance Calliclès a réagi à ceci 1 Citer
E-Bahut Calliclès Posté(e) le 24 mars 2022 E-Bahut Signaler Posté(e) le 24 mars 2022 (modifié) C'est la bonne vieille dissertation scolaire sur l'art et la réalité... Un sujet traité des dizaines de milliers de fois en Terminale. Pour l'introduction, tu dois commencer par mettre en lumière le problème: Comment l'art pourrait-il "détourner" de la réalité? Est-ce que l'art a vraiment une prétention descriptive, capable de subvertir la réalité? Par quels moyens l'art peut-il nous détourner de certaines réalités? Est-on sûrs que l'art a bien un rapport avec le réel, d'ailleurs? Est-ce que l'art essaie d'imiter le réel, pour échouer et fournir une image imparfaite (bonjour M. Platon, on vous attendait, allez-y faites comme chez vous, installez-vous quelque part entre la première partie et la conclusion, je vous sers quelque chose entre deux Idées pures) ? Ou est-ce que l'art fait encore quelque chose d'autre, quelque chose de plus original qui se permet des libertés avec le réel parce qu'il n'a pas toujours d'ambitions réalistes (M. Dali, vous ici? C'est un honneur!) Pour ce qui est des arguments et des exemples, en voici quelques-un, pèle-mêle, je te laisse le soin de les développer et de les organiser. Je te mets tout ça en vrac, comme un petit marché bio de l'argumentation philosophique: L'art qui détourne volontairement: propagande et publicité. Qu'on prenne les photos retouchées, soignées et composées des affiches électorales, ou les belles images publicitaires, on a affaire à un art d'artisan, de technicien au service de la pub. Le but est de séduire, d'idéaliser, de donner envie, de susciter le désir: bref, il n'y a qu'à allumer une télévision, ouvrir un journal gratuit ou un navigateur sans bloqueur pour s'en rendre compte: nous sommes exposés à des images qui n'ont pas grand-chose à voir avec le réel. Ce détournement d'attention, d'attentes et de désir peut susciter des problèmes en tout genre: idéalisation du corps féminin par les médias, et son cortège de problèmes de santé (on introduit une population aux médias et on voit apparaître les troubles alimentaires de filles qui veulent ressembler aux mannequins), idéalisation de la marchandise par la pub, et transmission d'idées politiques par les affiches électorales (la propagande). Exemples: une publicité érotisant inutilement une femme pour te vendre... n'importe quoi, une affiche électorale de Zemmour avec les rides lissées par Photoshop et une pose composée à la prise. Ou tout simplement un portrait officiel de président: le portrait de Macron est un trésor de propagande à analyser, avec ses symboles cachés pas si subtils. Mais est-ce l'art, ou la totalité de l'art? C'est certainement son utilisation la plus fréquente en tout cas, la plus banale: les photographes et graphistes d'aujourd'hui travaillent-ils souvent pour autre chose que la pub? Société du spectacle, de l'image, et surtout de la marchandise qui trouve un intérêt financier immédiat à détourner la réalité. Si on ne retouchait pas les mannequins anorexiques, on ne les trouverait pas si belles. Mais est-ce le travail de l'artiste ou du technicien? C'est un autre débat, ta dissertation ne consiste pas à dire "qu'est-ce que l'art?" Mais on a parlé du travail artistique lorsqu'il est directement au service du détournement, du mensonge politique ou publicitaire. L'art qui révèle: le naturalisme, l'obsession du réel. Que tu ailles chercher de superbes croquis botaniques, des illustrations qui mettent en avant la nature ou des romans qui mettent en avant une réalité sociale souvent ignorée, il y a un art qui prétend rendre compte du réel. Même avec modestie, dans un but strictement pédagogique: le dessinateur naturaliste, lorsqu'il reproduit le plumage d'un oiseau, cherche moins à exprimer sa sensibilité qu'à mettre en évidence des traits physiques, une forme de bec, une couleur de plume, des proportions, qui permettront aux ornithologues d'identifier facilement l'animal. L'art est donc minime, mais bien présent: d'une part l'artiste propose une expérience esthétique séduisante (juste pour l'anecdote: le jeu de société le plus primé de 2019 était Wingspan, un jeu de cartes dont les illustrations sont uniquement des croquis ornithologiques qu'on croirait sortis d'un guide pour naturaliste, qui a participé à son succès commercial). Mais ensuite, cet art figuratif, réaliste au possible, fait des choix et des abstractions. L'artiste ne s'intéresse pas à des spécimens exceptionnels, il doit observer de nombreux spécimens pour en dessiner la synthèse, fournir le croquis d'un spécimen idéal qui montrerait tous les traits typiques de son espèce permettant de l'identifier à coup sûr. Et qu'on le veuille ou non, la description du réel porte un propos, jamais neutre, sur le réel. Le roman naturaliste du XIXe prétend faire une démarche savante et descriptive. Cette démarche est toujours biaisée par le choix des personnages, l'utilisation de leur réalité pour les rendre tragiques ou spectaculaires. Lorsque Zola décrit la prostituée Nana, ou le mineur syndicaliste Lantier (dans Germinal), il prétend mettre en avant la description d'une réalité sociale, mais elle est au service d'une tragédie humaine qui vise d'abord à émouvoir (et peut-on vraiment leur reprocher? C'est ce qui rend ces romans mémorables). Mais nous avons approché un cas-limite, encore une fois. Est-ce de l'art s'il s'agit d'une description subjective? Il y a subjectivité, abstraction, choix de la part de celui qui décrit, mais cela suffit-il à faire du dessinateur naturaliste un artiste? Nous pensons que oui, en tout cas. Et s'il faut s'en persuader, prenons l'illustrateur naturaliste dans une discipline qui demande un brin d'imagination en plus: celui qui illustre un livre de dinosaures, par exemple, n'en a jamais vu. Il est au service du paléontologue, qui n'a vu que des traces fossiles malmenées par des millions d'années de changements qui ont pu fracturer la pierre et la déplacer, pour rendre l'image du dinosaure méconnaissable. Cela demande une spéculation, aussi scientifique que possible bien sûr, mais qui laisse une part immense de l'animal aux seuls choix subjectifs de l'artiste. Il n'a que la reconstitution d'un squelette et doit imaginer la texture, la couleur des écailles, des yeux et la part de graisse qui modifiera la silhouette de l'animal: à quel point le dinosaure est-il encore une reconstitution scientifique, et non une création artistique librement inspirée des indices fossiles? L'art qui sublime, la révélation du réel indicible ou intangible par l'expérience esthétique. Qu'ont en commun les icônes médiévales de la Vierge Marie et les tableaux surréalistes de Salvador Dali? Pas grand-chose, en fait, sinon une volonté d'aller au-delà de la réalité. Peut-on parler de détournement, alors? Non, plutôt d'une tentative de révélation esthétique. Il y a des moments où l'art tente de nous faire comprendre quelque chose sur le réel, ou au-delà de la réalité matérielle, par des codes ou par une expérience esthétique absurde. La Persistance de la mémoire de Salvador Dali représente des horloges qui coulent. C'est à la fois une impossibilité physique (les objets rigides ne coulent pas) et une excellent figuration de ce qui se passe dans l'esprit humain lorsqu'il perçoit: la mémoire immédiate étire le présent pour mesurer des durées. Ce qui étire les horloges et les fait couler, leur élasticité ou plasticité n'est pas dans le matériau qui compose les horloges mais dans la perception humaine du temps. Ce tableau, apparemment un échec figuratif évident, fonctionne comme une excellente métaphore de ce que fait la mémoire avec le temps: le tableau a détourné la description de l'horloge au profit d'une description géniale de la mémoire. Une icône médiévale, en vitrail ou panneau sur bois, de son côté, semble figurative à première vue, mais crument. Bien plus grossière que l'art figuratif antique, de la statuaire grecque par exemple. Cet échec descriptif apparent, qui montre les Saints comme des assemblages de couleurs, met la forme au service du sens mystique: ce qui importe n'est pas la forme de la vierge dans le vitrail, mais les couleurs utilisées. L'or du sacré, le blanc de l'innocence. Derrière la figuration (qui paraît rudimentaire comparée à une oeuvre naturaliste), se trouve le message artistique plus subtil d'un au-delà du matériel. En figurant la vierge par des assemblages de verre coloré, et en plaçant le vitrail là où la lumière doit le traverser, on désigne autre chose que le visible immédiat: la lumière divine et le caractère immatériel de l'âme des personnage. Cet art détourne le matériel pour montrer le spirituel, se détournant de la réalité pour aller vers le mystique. Alors en conclusion: l'art nous détourne-t-il du réel? En premier lieu, l'art manque systématiquement le réel, dans tous nos exemples. Mais pas à cause de la nullité de l'artiste. Nous n'avons pas repris l'argument de Platon, qui pensait que l'artiste échoue à reproduire le réel, lui-même reproduction ratée des Idées. L'art échoue à reproduire le réel, non parce qu'il est médiocre, mais parce qu'il est humain. Nous avons vu un art technicien et séducteur (la pub), un art qui abstrait et synthétise à l'extrême au service de la science (le naturalisme) et des arts qui détournent le réel parce leur objectif est ailleurs (art mystique, iconographie, surréalisme). Il semblerait que l'art participe d'une construction idéalisée, synthétique, abstraite, imagière au mieux, du réel. Mais peut-être parce que nous-mêmes n'habitons pas le réel, mais nos perceptions limitées du réel et notre imaginaire. Au contraire de l'art, qui prolonge cet imaginaire dans toutes les directions, et se détourne fondamentalement du réel plus qu'il n'en détourne les autres, pour ne pas détourner le réel il faudrait fournir des efforts constants pour limiter nos attentes et brider notre imaginaire, le restreindre dans les limites du réel. Mais cela s'appelle la science, et c'est un tout autre sujet. NOTA BENE: Je me rends compte que j'ai écris une dissert sans vraiment le vouloir... Bon, sache qu'il faut vraiment prendre ce que j'ai écris pour ce que c'est, un alignements d'exemples plus ou moins clairs, alignés dans un semblant d'organisation avec des petites transitions mignonnes, mais que ça ne doit pas te servir de corrigé pour plusieurs raisons: 1) C'est quand même moyen. C'est du bavardage érudit, de la dissertation quoi. Si tu fais un copier-coller de ce corps de texte, tu n'en tirera qu'une note médiocre, entre 10 et 15. 2) Il n'y a pas de véritable introduction. L'avalanche de questions que j'ai écrites au départ constituent au mieux la "problématisation" du sujet. Il n'y a ni définition des termes, ni accroche, ni problématique ni annonce de plan, il n'y a pratiquement rien à part des questions dans le désordre. Ce n'est pas une intro, c'est un marché aux puces de la problématique d'occasion pas chère. Pour une raison simple: je ne veux pas t'écrire d'intro. C'est le plus difficile, mais le plus essentiel de la dissertation et tu dois faire ce travail toi-même, sinon ça n'a pas de sens. 3) La conclusion est tout de même pédante au possible et sous-tend un système philosophique qui a déjà des idées claires sur ce que sont l'art et la science, tout en se contorsionnant pour tenir dans une copie de lycée. Ne finis pas ta conclusion comme ça, s'il te plait. Modifié le 24 mars 2022 par Calliclès Citer
Lxlcky Posté(e) le 24 mars 2022 Auteur Signaler Posté(e) le 24 mars 2022 Merci beaucoup bon il me reste plus qu'a travailler est de rajouter des idées et exemples et peaufiner le travail à rendre. Citer
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