chic*addict Posté(e) le 26 février 2004 Signaler Share Posté(e) le 26 février 2004 J'ai un commentaire a faire sur le poeme suivant c'est assez urgent C'était le sujet de L'EAF 2002 des séries L, je ne trouve pas les annales de 2002 merci de votre aide Voici le poeme : Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ? Où est ce cœur vainqueur de toute adversité, Cet honnête désir de l’immortalité, Et cette honnête flamme au peuple non commune ? Où sont ces doux plaisirs qu’au soir sous la nuit brune Les Muses me donnaient, alors qu’en liberté Dessus le vert tapis d’un rivage écarté Je les menais danser aux rayons de la Lune ? Maintenant la Fortune est maîtresse de moi, Et mon cœur, qui soulait être maître de soi, Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient. De la postérité je n’ai plus de souci, Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi, Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient. Les regrets 1558 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
E-Bahut mathob Posté(e) le 26 février 2004 E-Bahut Signaler Share Posté(e) le 26 février 2004 Analyser un texte en suivant la piste de la grammaire de la phrase L'analyse de la phrase permet de se pencher sur les constructions employées, sur les transformations choisies, sur les classes de mots privilégiées ainsi que sur les ajouts de compléments de phrase et de compléments du nom significatifs. La grille qui suit peut servir d'aide-mémoire pour l'analyse des procédés liés à la grammaire de la phrase. Pour une explication de chacune de ces notions, veuillez vous référer au Vade-mecum de la nouvelle grammaire (version 2). GRAMMAIRE DE LA PHRASE Phrases syntaxiques autonomes Y a-t-il des phrases à construction particulière ? Impersonnelle À présentatif Non verbale Infinitive Y a-t-il des phrases elliptiques ? Y a-t-il des phrases dont le sujet est inversé ? dont un complément est déplacé ? Y a-t-il des phrases transformées (type et forme) ? Interrogative Impérative Exclamative Emphatique Passive Négative Quelles phrases correspondent au modèle de base ? (déclarative, neutre, active et positive) Classes de mots Y a-t-il des classes de mots mises en évidence ? (emploi particulier, récurrence, substitution) Quelles sont ces classes de mots, précisément ? Noms Commun / Propre Animé / Non animé Comptable / Non comptable Abstrait / Concret, etc. Déterminants Définis Démonstratifs Possessifs Interrogatifs Exclamatifs Indéfinis Numéraux Adjectifs Qualifiants / Classifiants Pronoms Personnels Indéfinis Démonstratifs Possessifs Relatifs Interrogatifs Numéraux Verbes Transitif / Intransitif Avoir / tre De parole De mouvement À sujet humain Marquant le point de vue Marquant l'acte de langage Prépositions Marquant le lieu, le temps, le but, etc. Conjonctions Marquant le temps, le but, la cause,etc. Adverbes Marquant le lieu, le temps, la manière, le degré, la quantité, la négation, la restriction, etc. Phrases enrichies : compléments de phrase, compléments du nom À l'intérieur des phrases matrices comme à l'intérieur des phrases subordonnées, observez les compléments de phrase. À quelle catégorie appartiennent-ils ? (GPrép, GN, GAdv, subordonnée) S'agit-il de compléments de lieu ? de temps ? de manière ? Quelle position occupent-ils dans la phrase ? Comportent-ils des inversions ? Observez les compléments du nom. À quelle catégorie appartiennent-ils ? (GAdj, GPrép,GN, subordonnée) Quelle position occupent-ils dans la phrase ? Comportent-ils des inversions ? Le recours à la grammaire de la phrase dans l'analyse du sonnet « Las, où est maintenant ce mépris de fortune » de Du Bellay éclairera tout particulièrement la structure et le sens du poème. La division préalable du poème en phrases syntaxiques autonomes accélérera le travail en permettant aux élèves de repérer les procédés syntaxiques et leur rapport avec les strophes ou les vers. Las, où est maintenant ce mépris de Fortune1 ? Où est ce coeur vainqueur de toute adversité, Cet honnête désir de l'immortalité, Et cette honnête flamme au peuple non commune ? Où sont ces doux plaisirs qu'au soir sous la nuit brune Les Muses me donnaient, alors qu'en liberté Dessus le vert tapis d'un rivage écarté Je les menais danser aux rayons de la Lune ? Maintenant la Fortune est maîtresse de moi, Et mon coeur, qui soulait2 être maître de soi, Est serf3 de mille maux et regrets qui m'ennuient. De la postérité je n'ai plus de souci, Cette divine ardeur, je ne l'ai plus aussi, Et les Muses de moi, comme étranges4, s'enfuient. (Du Bellay, Les Regrets, 1558) 1. Fortune : le Sort. 2. Soulait : avait coutume de. 3. Serf : esclave. 4. Étranges : étrangères. Le poème, divisé en phrases syntaxiques autonomes P1 Las, où est maintenant ce mépris de fortune ? P2 Où est ce coeur vainqueur de toute adver- sité [ ?] P3 [Où est] cet honnête désir de l'immortalité [ ?] Et P4 [où est] cette honnête flamme au peuple non commune ? P5 Où sont ces doux plaisirs qu'au soir sous la nuit brune les Muses me donnaient, alors qu'en liberté dessus le vert tapis d'un rivage écarté je les menais danser aux rayons de la Lune ? P6 Maintenant la Fortune est maîtresse de moi, Et P7 mon coeur, qui soulait être maître de soi, est serf de mille maux et regrets qui m'ennuient. P8 De la postérité je n'ai plus de souci, P9 Cette divine ardeur, je ne l'ai plus aussi, Et P10 les Muses de moi, comme étranges, s'enfuient. ... puis réduit à ses phrases minimales P1 [...] où est maintenant ce mépris de fortune ? P2 Où est ce coeur vainqueur de toute adversité [ ?] P3 [Où est] cet [...] désir de l'immortalité [ ?] Et P4 [Où est] cette flamme [...] ? P5 Où sont ces plaisirs [...] ? P6 Maintenant la Fortune est maîtresse de moi, Et P7 mon coeur, [...], est serf de mille maux et regrets [...]. P8 De la postérité je n'ai plus de souci, P9 Cette [...] ardeur, je ne l'ai plus aussi, Et P10 les Muses de moi, [...], s'enfuient. Analyse de la phrase La structure de ce sonnet est marquée par la répartition des types de phrases. Tenant pour acquis que les vers 3 et 4 sous-entendent la question explicite des vers précédents, on peut les considérer comme des phrases elliptiques. Le poème se divise ainsi en deux parties composées de cinq phrases qui se correspondent exactement : la première, constituée des quatrains, comprend cinq interrogatives débutant par Où ; la seconde, constituée des tercets, cinq déclaratives qui, sans apporter de réponse, justifient chacune des premières phrases. Chaque paire interrogative/déclarative se réfère à une même réalité : l'attitude face à la Fortune (P1, P6), le courage (« coeur ») face à l'adversité (P2, P7), l'intérêt pour la postérité (P3, P8), l'énergie créatrice (P4, P9), l'inspiration poétique (P5, P10). Les premières phrases présentent ces comportements passés de façon méliorative, mais en s'interrogeant sur leur disparition : « Où est/sont maintenant... ? » ; les dernières phrases, déclaratives, établissent un constat de disparition, soit par leur forme négative « je n'ai plus » (P8, P9), soit par un vocabulaire péjoratif connotant la perte (« serf », « s'enfuient »). L'inversion du complément du nom dans la première phrase négative et la forme emphatique de la seconde donnent encore plus de poids à la négation et au sentiment de perte. L'absence est aussi rendue sensible par l'emploi particulier des déterminants. Tous les groupes nominaux des cinq premières phrases débutent par des déterminants démonstratifs (ce, cet, cette, ces). Ceux-ci, en début de poème, servent à présenter les sentiments dont veut parler le locuteur : « mépris de Fortune », « coeur », « désir d'immortalité », « flamme », « plaisirs ». Mais ils les désignent comme extérieurs au poète, à distance ; en fait, par opposition aux déterminants possessifs, les démonstratifs suggèrent que ces sentiments appartiennent à un passé révolu. Le dernier groupe nominal, « ces doux plaisirs », est d'ailleurs complété par une subordonnée relative à l'imparfait (« que les Muses me donnaient »). Le changement dont se plaint le poète apparaît en outre dans le choix des verbes. Les sept premières phrases sont construites avec le verbe être, les deux négatives suivantes, avec avoir, la dernière, avec un verbe de mouvement (« s'enfuient »). Ce qui « était » (et qui faisait vivre le poète, le faisait exister) n'est plus. Le verbe enfuir prend alors toute sa portée ; dernier mot du poème, il confirme la dépossession. La construction de cette dernière phrase est révélatrice : « les Muses de moi, comme étranges, s'enfuient » les Muses, comme étranges, s'enfuient de moi En déplaçant le complément du verbe, le poète rapproche le moi des Muses, mais comme pour mieux marquer leur éloignement : la comparaison elliptique « comme étranges » est mise en relief et isolée au centre de la phrase, de sorte que le verbe, en fin de vers, marque déjà la distance de la fuite. La lecture des phrases minimales met bien en évidence le sentiment de perte d'énergie vitale et créatrice. La plupart des compléments qui enrichissent ces phrases renvoient au passé créateur et heureux ; ce sont des compléments du nom (adjectifs et relatives) qui établissent le contraste entre le passé et le présent. Cinq groupes adjectivaux ont cette fonction : honnête (v. 3 et v. 4), au peuple non commune (v. 4), doux (v. 5), divine (v. 13). Les adjectifs simples sont tous antéposés. Ils connotent de façon très méliorative les attitudes reliées à l'activité poétique. Par exemple, ce sont les groupes adjectivaux qui soulignent, par leur progression, le caractère exceptionnel de l'énergie créatrice : flamme non commune au peuple et ardeur divine. Deux subordonnées relatives établissent un lien clair et positif avec le passé. La relative « qui soulait être maître de soi » complète « coeur » en créant une opposition nette avec la phrase dans laquelle elle est enchâssée : « mon coeur [...] est serf de mille maux et regrets » : opposition passé/présent ; opposition maître/serf. L'autre relative constitue presque entièrement le second quatrain. Par sa longueur même, cette phrase établit un contraste avec les phrases courtes, souvent minimales, qui se limitent à la longueur et au rythme de l'alexandrin. La subordonnée complément du nom « plaisirs » est elle-même enrichie de compléments de phrase. Elle comprend deux phrases minimales : Les Muses me donnaient [des plaisirs] Je les menais danser qui montrent la complicité avec les Muses. Le « je » est sujet d'un verbe de mouvement qui traduit l'autorité, la pleine possession de ses moyens de la part du locuteur. Les compléments de phrase marquent le temps et le lieu : « au soir », « aux rayons de la lune », « sous la nuit brune », « dessus le vert tapis d'un rivage écarté » ; un seul, mais très significatif, marque la manière : « en liberté », placé en fin de vers, concrétise l'antithèse entre la servitude présente et la liberté passée. La forme syntaxique reflète le sens : l'abondance, le mouvement, la liberté que procure l'inspiration se retrouvent dans la richesse de la construction et dans le rythme. La perte de l'inspiration et de la ferveur poétique apparaît dans la sécheresse même des autres phrases du poème. Voila, un commentaire sur ton poème. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
chic*addict Posté(e) le 26 février 2004 Auteur Signaler Share Posté(e) le 26 février 2004 Merci bcp Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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