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tiboug

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  1. Savoir c'est savoir qu'on sait. La réflexion n'est pas un accident de la pensée, mais toute la pensée. [Prenons] l'exemple du gouffre et du vertige. Sans aucune réflexion sur ce que je vois en me penchant, peut-on dire que je vois ? En vain les bêtes ont des yeux, en vain les choses s'y peignent au fond comme en des tableaux ; ces tableaux sont pour nous qui observons comment leur œil est fait, non pour elles, parce qu'elles n'ont point loisir ni repos, ni discussion avec elles-mêmes. Mais qu'est-ce que discuter avec soi, sinon prendre à témoin ses semblables et la commune pensée ? Une pensée qui ne revient pas, qui ne compare pas, qui ne rassemble pas, n'est pas du tout une pensée ; en ce premier sens, on peut dire qu'une telle pensée n'est pas universelle, parce qu'elle ne rassemble pas le loin et le près ; il n'y a que l'univers qui fasse une pensée. Mais il faut dire aussi qu'une pensée qui ne convoque point d'autres pensants et tous les juges possibles n'est pas non plus une pensée. Les formes premières de la pensée seraient donc l'univers autour de l'objet et le faisant objet, et la société autour du sujet et le faisant sujet. [...] Deux choses sont donc a priori et ensemble dans la moindre pensée, l'univers des choses et l'univers des hommes. [...] On saisit par là que la conscience ne peut pas être petite ni grande, ni errante, ni séparée, ni subjective, comme on dit trop vite. Ne penser que soi ce serait dormir. Alain, Les Idées et les âges, Chap. VI
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