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ahshley

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Posté(e)

salu! Voila on me demande de faire une synthese sur l'utopie : postérité du genre :huh:

Mais bon je vois pas du tout qu'est ce qu'il faut faire. :(

La prof nous a juste dit que l'auteur de l'utopie écrivait la 1ere utopie et donc qu'elles sont les prochaines.

Mais je n'ai vraiment rien compris!!

Vous pourriez m'aidez en me donnant quelques tuyo ou un plan, n'importe quoi.

Sa serait vraiment cool merci!!!! :D

  • E-Bahut
Posté(e)
L’utopie, entre science et fiction

Thomas More fait d’emblée et explicitement de l’utopie un genre fondé sur la fiction. L’île d’U-topie est nulle part, ses habitants sont un peuple sans terre, son fleuve est un fleuve sans eau : bref, rien n’existe, puisque tout s’annule. Une utopie est donc la description d’un monde entièrement imaginaire, dans un espace imaginaire et en un temps imaginaire. Pourtant, une utopie n’est pas une pure fantaisie poétique. Certes, elle est le produit de l’imagination de son auteur, mais pas à la manière d’un roman, d’un conte, d’une féerie. Un roman s’inscrit dans le cadre de la réalité : dans l’Education sentimentale, Frédéric Moreau part en bateau, « le 15 septembre 1840, vers six heures du matin », en direction de Nogent-sur-Seine. Sur ce cadre réel vont se greffer des aventures imaginaires, où l’imagination de l’auteur sera seule maître du cours de l’histoire. C’est l’inverse qui a lieu dans l’utopie : le cadre est irréel, mais ce qui se déroule à l’intérieur de ce cadre a tous les caractères de la réalité. Par exemple, dans l’ouvrage de Thomas More, Utopies a donné à l’île d’Utopie une certaine législation, des institutions, qui certes n’existent pas, mais n’en fonctionnent pas moins avec une grande logique.

Dans cette île, on travaille six heures par jour, il faut demander l’autorisation du prince pour quitter la ville à laquelle on est attaché, bref, il y a des règles et leur transgression peut être punie de peine de mort. Ainsi, dans une utopie, on joue certaines conditions irréelles et on les regarde fonctionner comme si elles étaient réelles.

La fiction, dans une utopie, n’atteint jamais cette logique, cet ordre, cette organisation. En ce sens, le genre utopique n’a rien à voir avec le genre fantastique, où les règles qui régissent la réalité sont brouillées, rendues incohérentes, cessent de valoir pour une communauté de gens.

Alice, au pays des merveilles, est surprise durant une logique qu’elle ne comprend pas. Dans le Horla, de Maupassant, le narrateur s’isole progressivement du monde qui l’entoure, devient étranger à sa nationalité, et sombre dans ce que l’on appelle la folie, y compris le bouleversement de la logique communément admise. Ce qui caractérise au contraire le système utopique, c’est sa rigueur. Ce à quoi l’utopie ne renonce jamais, c’est à la logique, aux règles, à une certaine causalité, bref, au principe de réalité. Le monde utopique est contraignant, il n’est pas déformable à souhait, il détermine l’ensemble des individus qui y « vivent ». La fiction n’y contamine pas, comme dans le genre fantastique, cette détermination.

Personne n’échappe aux règles qui ordonnent l’utopie. Ce qui commande au contraire le déroulement d’un roman, d’un conte ou d’un récit fantastique, ce sont moins les déterminations froides et quasiment mécaniques du monde extérieur que les personnages du roman eux-mêmes : la seule rigueur d’un roman est celle que les personnages sont capables d’avoir…

Une utopie est donc une fiction qui subit les contraintes matérielles du cadre qu’elle a posé, une fiction qui se distingue des fictions littéraires en ce qu’elle fait preuve de rigueur et manifeste ainsi un esprit proprement scientifique. On peut en effet définir, à la suite de Raymond Ruyer (voir L’utopie et les utopies), l’utopie comme une expérience mentale.

L’utopiste fait une expérience, plus précisément, il fait une hypothèse et en examine les conséquences en la mettant en œuvre, mentalement, imaginairement, en lui soumettant un groupe d’individus (eux aussi imaginaires) qui servent de cobayes. L’hypothèse de Thomas More est la suivante : dans une ville où tous les habitants partagent le même temps de travail, les produits de leurs travaux, vivent dans les mêmes maisons, portent les mêmes habits et ne trouvent, par la force des choses, aucune utilité à l’argent et à l’or, il est possible de voir disparaître les effets pervers de la propriété : l’envie et son cortège de vices.

Thomas More « prouve », en faisant cette expérience imaginaire, qu’il y a un autre monde possible, qu’un monde meilleur est possible. L’expérience mentale de l’utopie obéit donc au principe de l’expérimentation scientifique, qui a pour but de vérifier une hypothèse. Cette dernière, d’ailleurs, que ce soit celle de l’utopiste ou du scientifique, n’est jamais choisie au hasard. Si Thomas More fait l’hypothèse d’un monde régi par les règles rapidement rappelées ci-dessus, c’est qu’il soupçonne fortement qu’un tel monde est possible. Il est fictif, certes, mais il pourrait, aurait pu ou pourra, devenir réalité. L’hypothèse utopique n’est donc pas du domaine de la fiction à l’état pur, mais appartient plutôt au domaine du convenable.

 

Ceci peut d’ailleurs expliquer pourquoi certaines utopies ont précédé quelques découvertes scientifiques. Vingt mille lieues sous les mers, de Jules Verne, est une anticipation de la réalisation des premiers sous-marins.

Etant donné que l’utopie est à la fois du domaine de la fiction et du possible, de l’extraordinaire et du vraisemblable, elle peut avoir une valeur scientifique. Le scientifique lui-même n’est-il pas nécessairement, même pendant un court moment, un utopiste ? Lorsque Copernic rend compte que le géocentrisme est en contradiction avec certains phénomènes observables dans le ciel, il doit formuler une autre hypothèse, un autre système possible. Il doit donc faire un effort pour imaginer ce qui n’a pas encore de réalité,mais qui pourrait légitimement en avoir.

L’utopie est le moteur de l’évolution des théories scientifiques.

Ce moment utopique de la découverte scientifique atteste du caractère rigoureux, et non seulement fictif, de l’utopie. Jusqu’à quel point, cependant, une utopie respecte-t-elle cet esprit scientifique ?

Rien ne peut nous assurer, en effet, que l’utopiste sera, jusqu’au bout, de bonne foi. Qu’est-ce qui nous dit, par exemple, que les Utopistes sont, dans l’île de Thomas More, réellement heureux et épanouis ?

Qui sait s’ils ne s’ennuient pas un peu, dans cette vaste monotonie, qu’ils ne cultivent pas de mauvaises passions, sous des moyens détournés, sous des formes nouvelles, et dont More, soit, ne voit pas la possibilité, soit refuse de nous avertir ? L’utopiste, contrairement au scientifique, tient davantage à son hypothèse qu’à sa vérité, et il peut être prêt à sacrifier cette vérité pour avoir le plaisir de construire le système dont il a rêvé. Il faut donc préciser encore ici la définition de l’utopie : certes, l’utopie emploie une méthode scientifique, à savoir, la méthode hypothético-déductive (on formule une hypothèse, pour construire, à partir d’elle, une expérience), mais le but de l’utopie n’est pas celui de la science. L’utopie ne cherche pas à dire la vérité. Elle se contente de mener sérieusement une expérience, tout en sachant que celle-ci n’est qu’un jeu. Un jeu, en ce sens où on s’abstrait du monde réel pour se concentrer dans un monde fictif qui pose ses propres règles ; jeu aussi, au sens où l’on dit que quelque chose a du jeu, y compris qu’un mouvement est possible, qu’il existe une certaine souplesse, qui offre la possibilité de mettre en place quelque chose de nouveau.

Une utopie est donc avant tout un exercice de l’esprit. Même si elle n’ouvre sur rien de vrai, si elle est têtue et sacrifie la vérité au plaisir de développer jusqu’au bout une hypothèse, une utopie a de la valeur dans la mesure où elle met l’esprit en mouvement. L’honnêteté intellectuelle du scientifique ne peut venir interrompre ce mouvement sans détruire l’utopie. En ce sens, une utopie utilise la science pour servir la fiction. La science-fiction est-elle alors autre chose qu’une reprise, à l’intérieur d’un cadre très particulier, du genre utopique ? La science-fiction est en effet une extrapolation de possibilités techniques et scientifiques, une u-topie, en sens où elle montre la science capable de réaliser des prouesses techniques et technologiques non (encore) réalisées. La science-fiction parie sur une hypothèse (la plus courante, comme dans, par exemple, la « trilogie martienne » de Kim Stanley Robinson, où l’on voit une colonie d’hommes sur Mars devenir progressivement des Martiens, étant que la technique va détruire l’homme…) et la justifie en faisant le récit d’un monde déterminé par des réalisations techniques prodigieusement élaborées. La science-fiction est donc utopique en ce qu’elle met la fiction (l’extrapolation des possibilités données par la science) au service d’une hypothèse (le développement de l’intelligence des hommes menace les hommes eux-mêmes).

On sent, de façon aiguë, dans la science-fiction, une angoisse, une inquiétude, une interrogation, voire une ironie, au sens où l’ironie, comme l’indique son étymologie, permet à quelque chose d’être remis en question. La science-fiction, comme l’utopie, n’ont rien d’un « voyage imaginaire ». Elles ne sont pas là pour « divertir », y compris pour détourner leur lecteur de la réalité, en lui permettant de penser à autre chose. Elles forcent au contraire son retour à la réalité.

La science-fiction, en forçant le lecteur (ou le spectateur, peu importe) à s’interroger sur le sens des innovations techniques, suscite sa réflexion, le force à prendre pour objet de questionnement quelque chose qu’il considérait peut-être jusqu’alors comme allant de soi. La science-fiction et l’utopie permettent ainsi un élargissement du champ de conscience : on est obligé, à travers elles, de réfléchir sur une hypothèse, sur un possible, y compris qu’on est obligé, momentanément, de faire comme si ce possible était réalité. On se donne ainsi à soi-même une expérience que la réalité est incapable de nous donner. L’hypothèse, dans l’utopie et la science-fiction, est expérimentée et testée : on observe les effets qu’elle peut avoir sur la réalité. Et si elle n’est pas prouvée, elle est au moins éprouvée : elle enrichit la conscience de celui qui a suivi l’expérience.

Ainsi, science-fiction et utopie ont pour but, non de formuler des vérités, mais de faire penser, y compris réfléchir sur la réalité, peut être la critiquer, concevoir de nouveaux possibles.

I. AUBERT

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