chichima Posté(e) le 21 janvier 2015 Signaler Posté(e) le 21 janvier 2015 Bonjour tout le monde , j'ai un commentaire de texte sur un extrait de la scène 8 de La Vie de Galilée et je bloque completement, je suis perdue Je n'ai pas trouvé de problematique :/ Voici le texte : Permettez que je parle de moi. J'ai grandi en Campanie, je suis fils de paysans. Ce sont des gens simples. Ils savent tout de l'olivier, mais pour le reste, bien peu de choses. Alors que j'observe les phases de Vénus, je me représente mes parents assis avec ma sœur autour du feu, mangeant leur plat de fromage. Je vois au-dessus d'eux les poutres noircies par la fumée de plusieurs siècles, et je vois parfaitement leurs vieilles mains usées par le travail et la cuiller dans leurs mains. Tout ne va pas bien pour eux et pourtant, un certain ordre gît, caché, dans leur misère même. [...] La force de traîner, ruisselants de sueur, leurs paniers en haut du chemin pierreux, la force de mettre au monde des enfants, oui, de manger même, ils la puisent dans le sentiment de permanence et de nécessité que leur procurent le spectacle de la terre, la vue des arbres qui verdissent à nouveau chaque année, et celle de leur petite église où l'on écoute le dimanche les textes bibliques. On leur a assuré que l'œil de la divinité est posé sur eux, scrutateur, oui, presque angoissé, que tout le théâtre du monde est construit autour d'eux afin qu'eux, les agissants, puissent faire leurs preuves dans leurs rôles grands ou petits. Que diraient les miens s'ils apprenaient de moi qu'ils se trouvent sur un petit amas de pierres qui, tournant à l'infini dans l'espace vide, se meut autour d'un autre astre, petit amas parmi beaucoup d'autres, passablement insignifiant de surcroît. A quoi serait encore utile ou bonne alors, une telle patience, une telle acceptation de leur misère ? A quoi serait bonne encore l'Écriture Sainte qui a tout expliqué et tout justifié comme étant nécessaire, la sueur, la patience, la faim, la soumission et en qui maintenant on trouve tant d'erreurs ? Non, je vois leurs regards s'emplir de crainte, je les vois poser leurs cuillers sur la pierre du foyer, je vois comme ils se sentent trahis et trompés. Il n'y a donc aucun œil posé sur nous, disent-ils. C'est à nous d'avoir l'œil sur nous, incultes, vieux et usés comme nous le sommes ? Personne ne nous a pourvus d'un autre rôle que celui-ci, terrestre, pitoyable, sur un astre minuscule, dans la dépendance de tout, autour duquel rien ne tourne ? Il n'y a aucun sens à notre misère, la faim, c'est bien ne-pas-avoir-mangé, ce n'est pas une mise à l'épreuve ; l'effort, c'est bien se courber et tirer, pas un mérite. Comprenez-vous alors que je lise dans le décret de la Sainte Congrégation une noble compassion maternelle, une grande bonté d'âme ? Merci d'avance.
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