Line75 Posté(e) le 24 novembre 2011 Signaler Posté(e) le 24 novembre 2011 Rabelais, Gargantua, 1534 Chap. 13 Comment Grandgousier congneut l'esperit merveilleux de Gargantua à l'invention d'un torchecul. Sus la fin de la quinte année, Grandgousier, retournant de la defaicte des Ganarriens, visita son filz Gargantua. Là fut resjouy comme un tel pere povoit estre voyant un sien tel enfant, et, le baisant et accollant, l'interrogeoyt de petitz propos pueriles en diverses sortes. Et beut d'autant avecques luy et ses gouvernantes, esquelles par grand soing demandoit, entre aultres cas, si elles l'avoyent tenu blanc et nect. A ce Gargantua fEist response qu'il y avoit donné tel ordre qu'en tout le pays n'estoit guarson plus nect que luy. "Comment cela ? dist Grandgousier. - J'ay (respondit Gargantua) par longue et curieuse experience inventé un moyende me torcher le cul, le plusseigneurial, le plus excellent, le plus expedient quejamais feut veu. - Quel ? dict Grandgousier. Comme vous le raconteray (dist Gargantua) presentement. "Je me torchay une foys d'un cachelet de velours de une damoiselle, et le trouvay bon, car la mollice de sa soye me causoit au fondement une volupté bien grande ; "une aultre foys d'un chapron d'ycelles, et feut de mesmes ; "une aultre foys d'un cache coul ; "une aultre foys des aureillettes de satin cramoysi, mais - Page 1 - Rabelais, Gargantua, 1534 la dorure d'un tas de spheres de merde qui y estoient m'escorcherent tout le derriere ; que le feu sainct Antoine arde le boyau cullier de l'orfebvre qui les feist et de la damoiselle qui les portoit ! "Ce mal passa me torchant d'un bonnet de paige, bien emplumé à la Souice. "Puis, fiantant derriere un buisson, trouvay un chat de Mars ; d'icelluy me torchay, mais ses gryphesme exulcererent tout le perinée. "De ce me gueryz au lendemain, me torchant des guands de ma mere, bien parfumez de maujoin. "Puis me torchay de saulge, de fenoil, de aneth, de marjolaine, de roses, de fucilles de courles, de choulx, de bettes, de pampre, de guymaulves, de verbasce (qui est escarlatte de cul), de lactues et de fueilles de espinards, - le tout me feist grand bien à ma jambe, - de mercuriale, de persiguire, de orties, de consolde ; mais j'en eu la cacquesangue de Lombard, dont feu gary me torchant de ma braguette. "Puis me torchay aux linceux, à la couverture, aux rideaulx, d'un coissin, d'un tapiz, d'un verd, d'une mappe, d'une serviette, d'un mouschenez, d'un peignouoir. En tout je trouvay de plaisir plus que ne ont les roigneux quand on les estrine. - Voyre, mais (dis Grandgousier) lequel torchecultrouvas tu meilleur ? - Page 2 - Rabelais, Gargantua, 1534 - Je y estois (dist Gargantua), et bien toust en sçaurez le tu autem. Je me torchay de foin, de paille, de bauduffe, de bourre, de laine, de papier. Mais Tousjours laisse aux couillons esmorche Qui son hord cul de papier torche. - Quoy ! (dist Grandgousier) mon petit couillon as tu prins au pot, veu que tu rimes desjà ? - Ouy dea (respondit Gargantua), mon roy, je rime tant et plus, et en rimant souvent m'enrime. Escoutez que dict nostre retraict aux fianteurs : Chiart, Foirart, Petart, Brenous, Ton lard Chappart S'espart Sus nous. Hordous, Merdous, Esgous, Le feu de sainct Antoine te ard ! Sy tous Tes trous Esclous Tu ne torche avant ton depart ! - Page 3 - Rabelais, Gargantua, 1534 "En voulez-vous dadventaige ? Ouy dea, respondit Grandgousier. Adoncq dist Gargantua : RONDEAU En chiant l'aultre hyer senty La guabelle que à mon cul doibs ; L'odeur feut aultre que cuydois : J'en feuz du tout empuanty. O ! si quelc'un eust consenty M'amener une que attendoys En chiant ! Car je luy eusse assimenty Son trou d'urine à mon lourdoys ; Cependant eust avec ses doigtz Mon trou de merde guarenty En chiant. "Or dictes maintenant que je n'y sçay rien ! Par la mer Dé, je ne les ay faict mie, mais les oyant reciter à dame grand que voyez cy, les ay retenu en la gibbesiere de ma memoire. - Retournons (dist Grandgousier) à nostre propos. - Quel ? (dist Gargantua) chier ? - Non (dist Grandgousier), mais torcher le cul. - Mais (dist Gargantua) voulez vous payer un bussart de vin Breton si je vous fays quinault en ce propos ? - Ouy vrayement, dist Grandgousier. - Il n'est (dist Gargantua) poinct besoing torcher cul, - Page 4 - Rabelais, Gargantua, 1534 sinon qu'il y ayt ordure ; ordure n'y peut estre si on n'a chié ; chier doncques nous fault davant que le cul torcher. - O (dist Grandgousier) que tu as bon sens, petit guarsonnet ! Ces premiers jours je te feray passer docteur en gaie science, par Dieu ! car tu as de raison plus que d'aage. Or poursuiz ce propos torcheculatif, je t'en prie. Et, par ma barbe ! pour un bussart tu auras soixante pippes, j'entends de ce bon vin Breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron. voici ci dessous ce que j'ai a analyser .. LA FIN DE L'episode (Je me torchai après (dit Gargantua) d'un couvre-chef, d'un oreiller, d'une pantophle, d'une gibecière, d'un panier. Mais ô, le malplaisant torchecul ! puis d'un chapeau. Et notez que des chapeaux, les uns sont ras, les autres à poil, les autres veloutés, les autres taffetassés, les autres satinisés. Le meilleur de tous est celui de poil, car il fait très bonne abstertion de la matière fécale. Puis me torchai d'une poule, d'un coq, d'un poulet, de la peau d'un veau, d'un lièvre, d'un pigeon, d'un cormoran, d'un sac d'avocat[on trouve de tout dans un sac d'avocat], d'une barbute [capuchon], d'une coyphe, d'un leurre [faux oiseau de cuir pour attirer les faucons]. Mais concluant, je dis & maintiens qu'il n'y a tel torchecul que d'un oison bien dumeté, pourvu qu'on lui tienne la tête entre les jambes [allusion possible à Michel-Ange, Léda et le Cygne]. Et m'en croyez, sus mon honneur. Car vous sentez au trou du cul une volupté mirifique, tant par la douceur d'icelui dumet, que par la chaleur tempérée de l'oison, laquelle facilement est communiquée au boyau cullier & autres intestines, jusques à venir à la région du coeur & du cerveau. Et ne pensez que la béatitude des héros & demi-dieux qui sont par les Champs Elysiens soit en leur Asphodele ou Ambroisie ou Nectar, comme disent ces vieilles ici. Elle est, selon mon opinion, en ce qu'ils se torchent le cul d'un oison. Et telle est l'opinion de maistre Jean d'Escosse [ Duns Scot, célèbre philosophe scolastique, une des cibles préférées de Rabelais, avec Guillaume d'Occam]. voici l'extrait à analyser . ( en rouge c'est les allusions modernes que j'ai trouvé ) c'est la fin de l'épisode du torche-cul . Dans l'épisode du torche cul , l'enfant réclame l'attention de son père , stade ou il devient autonome , nécéssité d'attention , de reconnaissance du père .. il y a un regard satirique sur la relation père fils . Enfant prend alors la parole , souhaite épater son père . Mode de narration : c'est un discours construit, déstiné a entretenir le comique , la réponse sera donnée à la fin . Fonction du passage : scène d'exposition . Il n'y a pas d'histoire , projection du sujet dans le monde , il marque son territoire , le monde est vu par un enfant . Toucher sens intime par lequel l'enfant découvre le monde . J'ai compris tout le texte sauf la fin que je dois d'ailleurs analyser.. avez vous des idées ?
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