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Commentaire + Question Corpus Victor Hugo


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Posté(e)

Bonjour,

Je suis en classe de 2nde, et le français et moi ne faisons pas vraiment 1 cette année ... Pour rattraper nos moyennes, mon professeur nous proposé de faire un devoir facultatif qui comprend une question Corpus et un commentaire rédigé sur 2 textes de Victor Hugo.

J'aimerais beaucoup faire ce travail de manière à augmenter ma moyenne, mais je suis un peu à court d'idées ...

Pour le corpus, voici les textes a comparer :

Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés, haletants d'anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait; lui, il chantait. Ce n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme; c'était un étrange gamin fée. On eût dit le nain invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles. Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort; chaque fois que la face camarde du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette.

Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri; mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée; pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre; Gavroche n'était tombé que pour se redresser; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter:

Je suis tombé par terre,

C'est la faute à Voltaire,

Le nez dans le ruisseau,

C'est la faute à...

Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler.

________

Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.

Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil,

Chio, qu'ombrageaient les charmilles,

Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,

Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois

Un choeur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,

Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,

Courbait sa tête humiliée ;

Il avait pour asile, il avait pour appui

Une blanche aubépine, une fleur, comme lui

Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !

Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus

Comme le ciel et comme l'onde,

Pour que dans leur azur, de larmes orageux,

Passe le vif éclair de la joie et des jeux,

Pour relever ta tète blonde,

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner

Pour rattacher gaîment et gaîment ramener

En boucles sur ta blanche épaule

Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,

Et qui pleurent épars autour de ton beau front,

Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?

Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,

Qui d'Iran borde le puits sombre ?

Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,

Qu'un cheval au galop met, toujours en courant,

Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,

Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,

Plus éclatant que les cymbales ?

Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ?

- Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,

Je veux de la poudre et des balles.

* La question du corpus est la suivante : Comment ces deux textes opposent-ils l'innocence de l'enfance à la violence sociale ? (une page maximum)

* Ensuite, le commentaire ne concerne que le premier texte portant sur la mort de Gavroche. (3 pages minimum)

Concernant la question corpus, je suis un peu perdue ... Je ne vois pas ce que je pourrais comparer dans ces deux textes pour répondre à la question.

Pour le commentaire, j'ai commencé par relever toutes les figures de style que je remarquais pour pouvoir les utiliser plus facilement plus tard.

J'ai aussi essayé de faire un plan :

Introduction :

- auteur

- date

- mouvement littéraire

- genre de l'oeuvre

- thème du texte

Premier axe -> Gavroche :

- son agilité

- son courage

- son goût pour le jeu

- à quoi il est comparé

Deuxième axe -> l'Injustice :

- registre pathétique

- registre tragique

Troisième axe -> l'importance des temps du passé dans l'extrait :

- action principale = imparfait

- rôle du passé simple (dans le 2eme §)

Conclusion -> effets sur le lecteur :

- suspense

- pitié

J'aurais voulu placer l'importance du couplet à la fin, mais je ne sais pas trop où ni comment ...

Quelqu'un pourrait-il me proposer un meilleur plan pour le commentaire, ou alors m'aider à compléter le mien ?

Pour la question corpus, quelqu'un aurait-il des suggestions a me proposer ?

J'espère que quelqu'un trouvera le temps de me lire et me répondre.

Bonne soirée à tous !

Posté(e)

salut je t'ai redigé ton commentaire de texte en esperant que cela fasse augmenter ta moyenne

Le XIXème siècle est un siècle avec de nombreux bouleversements, notamment politique, et de multiples courants littéraires, avec l'apparition du romantisme avec en chef de file, l'écrivain et politicien Victor Hugo. Ce dernier publie en 1862 le roman historique Les Misérables, qui est une oeuvre contre le mal. Le texte que nous allons étudier en est un extrait.

Dans ce passage, Hugo nous décrit la mort d'un des personnages principaux, Gavroche. Ce jeune gamin parisien tombe sous les balles des soldat de Louis-Philippe lors d'une manifestation républicaine qui dégénère. Ce texte présente ainsi de nombreux intérêts, aussi bien au niveau littéraire que politique.

Dans un premier temps, nous étudierons en quoi cette scène est irréaliste, avant de montrer que de Gavroche est ici fait un portrait hors du commun, puis d'analyser les volontés plus implicites de l'auteur.

Tout d'abord, la composition spécifique de l'extrait fait que le temps nous parait à la fois rythmé et suspendu. En effet, le texte est organisé de tel sorte que s'alternent des paragraphes ou le temps semble s'arrêter avec des paragraphes ou il y a beaucoup de mouvement. On distingue alors huit parties. De la ligne 1 à 12, l'action suit son cours, de la ligne 12 à 16, la chanson suspend le temps, et cela s'enchaîne régulièrement, de la ligne 17 à 20, 20 à 28, 29 à 41, 42 à 47, 48 à 51 puis 52 à 53. Ainsi dans les passages ou le temps est suspendu, on observe soit une chanson, soit un imparfait de répétition. Cet imparfait qui revient de la ligne 30 à 41 ne sert pas à décrire, mais à raconter comment Gavroche réussit ses prouesses, à ramasser les cartouches sous le feu des gardes nationaux, et l'imparfait décrit alors un récit itératif. Dans ce paragraphe, les actions se répètent mais l'imparfait sert à montrer que Gavroche est invulnérable, "on le manquait toujours". De plus, "chaque fois que le face camarde du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette", cette phrase nous montre que la mort rôde continuellement, avec acharnement, mais que cela ne change rien à la situation, donc le temps parait suspendu. A l'inverse, on observe d'autres types de paragraphe, ou le temps reprend son cours rapidement. Ces paragraphes sont écrit au passé simple, qui montre une interruption claire avec l'action qui s'étendait longuement dans les paragraphes à l'imparfait. Ainsi, "une balle [...] finit par atteindre l'enfant feu follet", ce qui nous montre que l'action se détache et clôt la pause. L'action est alors au premier plan, le gamin qui semblait invulnérable et irréel aussi bien quand il chantait que quand il ramassait les balles court désormais à sa perte. Le temps suspendu qui mettait en valeur les exploits du jeune homme laisse place au drame, qui progresse vers une fin inéluctable.

Le temps est également rythmée par une avancée progressive et certaine de Gavroche, mais aussi par la numérotation des balles ( " Une première, une deuxième..." ). De plus, la chanson qui suspend le temps contribue également à instauré un rythme car elle comprend un refrain ("C'est la faute à Voltaire, C'est la faute à Rousseau" ). Dans cet extrait, le temps donne donc l'impression d'être suspendu, mais également de suivre un déroulement inexorable, ce qui donne un coté irréaliste à la scène.

De plus, l'angoisse et le suspens sont très présent dans ce passage. En effet, le lecteur ne peut prendre parti que pour Gavroche, car c'est un enfant courageux et noble dans son comportement qui est en danger de mort. Ainsi, "le spectacle était épouvantable", et on est effrayé pour Gavroche, qui "joue on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort". En outre, le lecteur partage toutes les émotions des manifestants, "haletant d'anxiété", qui "pousse un cri", certainement un cri de terreur. Par ailleurs, Gavroche, qui s'approche de la mort bien qu'elle ne triomphe pas encore de lui dans le dernières lignes "lève les deux bras en l'air", afin de demander grâce, et se met alors à chanter. Et c'est la que la dramaturgie atteint son paroxysme, car le lecteur est suspendue aux paroles. En effet, le temps de lecture du couplet est le même que le temps réel de la chanson, de fait le lecteur vit les dernières secondes de Gavroche avec lui, il connait exactement le temps entre le moment ou le héros défie la mort et ou il "s'envole". En quelque sorte, en interrompant la chanson avant la fin, Hugo fait vivre le suspens au lecteur, dernier se questionne sur la suite et meurt en même temps que Gavroche.

Ensuite, afin du sublimer la scène, l'auteur alterne les points de vues. La scène est successivement perçue par trois regards différents, celui du narrateur, omniscient, qui surplombe la scène, celui des insurgés et celui des gardes républicains. Le narrateur rapporte les réactions de chacun des deux camps ou commente la scène de l'extérieur. Ainsi, on observe plusieurs fois la même scène de différents point de vues. "Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant", "il se couchait, se redressait..." et "les insurgés, haletant d'anxiété, le suivaient des yeux". Ce procédé permet à Victor Hugo de ralentir encore la narration. Les commentaires du narrateur omniscient permet également de ralentir la narration, en les faisant alterner avec des phases d'actions. Par exemple, "le spectacle était épouvantable et charmant", ou encore "ce n'était pas un enfant, c'était un homme". Ainsi, rien n'est objectif dans cet extrait, et tout les points de vue, même celui du narrateur en focalisation externe exprime un sentiment de la scène. De plus, certains commentaires créent un effet d'accélération, "les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles". Ces incessantes navigations entre les points de vues donne une impression étrange et irréelle, tantôt sublimée, tantôt dramatique, tantôt lente, tantôt rapide...

Par ailleurs, autre facteur rendant la scène irréaliste, elle est à la fois tragique et amusante. En effet, c'est d'abord une scène de guerre mortelle. Deux camps s'affrontent, la haine est très forte et chacun cherche clairement la destruction de l'autre. Il y a également des armes, et le rôle de Gavroche est à la base bien militaire; il cherche à trouver des "cartouches" afin que les insurgés ne se retrouvent pas sans munitions. Pourtant, cette scène tragique ne semble être qu'un jeu. L'action de Gavroche est présentée comme un "spectacle", et ce dernier est l'acrobate, il fait sa représentation. Ainsi, les insurgés sont ses spectateurs, tout comme les gardes nationaux qui s'amusent à son jeu, qui "rient en l'ajustant". Le couplet qu'il lance aux soldats est un symbole de sa volonté de narguer. Gavroche apparaît ainsi comme un enfant facétieux, "il taquine la fusillade", "joue un jeu de cache-cache avec la mort". Cette accumulation d'expressions enfantines ("pied de nez, pichenette...") expriment le caractère malicieux de l'enfant, et sa volonté de continuer à jouer. On voit donc que cette scène est dramatique, tragique, mais qu'elle est traitée de façon amusante par l'auteur, ce qui renforce encore le coté irréel de la scène.

Nous l'avons donc vu, cette scène, par ces jeux dans le temps, dans le rythme, dans les contrastes parait irréaliste, à l'instar de Gavroche, qui est un héros hors du commun.

Tout d'abord, on voit que Gavroche est un être aux facultés physiques et mentales hors normes. En effet, l'action à la base de Gavroche est déjà héroïque. Il brave les dangers de la fusillade pour chercher des munitions et aider des insurgés qui se battent pour la liberté. Gavroche a aussi une attitude de défi, il est fier ("tout droit, debout, les cheveux aux vents, les mains sur les hanches, l'oeil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta"). Le "pichenette" montre sa facilité, son mépris, sa bravoure et son intrépidité devant un tel danger. De plus, l'action principale de Gavroche apparaît aux ligne 34 et 35, "il se couchait, puis se redressait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les hibernes et remplissait son panier". Le procédée d'accumulation utilisé dans cette situation accentue le coté incessant, rapide de l'action de Gavroche. De plus, cette accumulation verbale, sans autres mots que le verbe conjugué à l'imparfait donne à la phrase un rythme très rapide, qui met l'accent sur la rapidité des actions de Gavroche. L'hyperbole "les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles" contribue également à renforcer l'impression de vitesse que donne Gavroche. En outre, l'accumulation de verbes à l'imparfait jusqu'au "ripostait par des pieds de nez" nous apparaît d'abord comme une démonstration que Gavroche est inconscient, qu'il n'agit ici que par jeu, pour narguer les soldats ennemis. Mais la fin de la phrase nous montre tout le contraire, et s'oppose de façon catégorique à son début, car il "pillait des cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier", et on voit donc que Gavroche ne pense pas simplement a jouer mais qu'il risque la mort dans une démarche bien altruiste, pour se mettre au service de ses camarades. Ces trois affirmations renforcent l'efficacité de Gavroche, et le rythme ternaire au rythme croissant insiste sur cette régularité, cette action systématique et efficace que le jeune héros répète inlassablement. Gavroche est donc un être efficace, il ne risque pas sa vie pour rien, mais pour avoir des cartouches, qui pourront aider les insurgés sûrement plus qu'un simple enfant. On voit donc que Gavroche est un être héroïque, doté d'une grande lucidité et de capacités physiques impressionnantes.

Ensuite, Gavroche est associé dans la deuxième moitié du texte à un moineau. "C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours". Cette métaphore du moineau est filée dans toute la seconde partie de l'extrait. Ainsi, les soldats et les gardes nationaux deviennent des chasseurs, qui s'accrochent à leur cible, et les multiples espiègleries de Gavroche à leur égard sont des "coups de bec". De plus, la phrase suivante les soldats rient en cherchant à mettre à mort un enfant et peuvent alors paraître inhumains, mais cela est atténuée par la métaphore. En effet, ce rire n'est en fait que le rire innocent de soldats qui semblent s'entraîner sur une cible mouvante, difficile à atteindre, mais dont la vie n'a pas beaucoup d'importance, comme celle d'un moineau. En outre, Gavroche, à l'instar du moineau, ne cesse de chanter ("lui, il chantait";"Gavroche se mit à chanter"). Ensuite, la métaphore continue durant l'accumulation de verbes à l'imparfait, moment ou la récolte des cartouches rappelle les bonds, les sauts, les pic orages incessant du moineau que les hommes n'intéressent pas. Pour finir la dernière phrase rappelle également l'idée du moineau, en effet, "cette petite grande âme venait de s'envoler" qui montre traditionnellement que l'âme s'envole, capturé par la mort, n'est pas sans rappelé le coté aérien du moineau. Gavroche nous est donc montré dans cet extrait comme un être se rapprochant du moineau, oiseau agile et indifférent aux hommes.

Enfin, Gavroche apparaît aussi comme le personnage d'un conte merveilleux, d'une fable, capable de se métamorphoser. Il n'est "pas un enfant, pas un homme, c'est un étrange gamin fée", puis il échappe aux balles, "plus lestes qu'elles", car c'est un gamin "feu follet". Ainsi, par ces métaphores, Gavroche se transforme en un être féerique, plus petit et plus rapide qu'un enfant. Ensuite, Gavroche parait tout simplement surnaturel, à cause des multiples figures d'opposition. La plus importante est certainement l'oxymore centrale, qui semble faire basculer le texte, "Le spectacle était épouvantable et charmant". Mais chacune des antithèses et des oxymores possèdent une des deux parties qui vise à rappeler l'enfance de Gavroche, ce qui provoque une empathie importante du lecteur ("La barricade tremblait, lui il chantait", "Il y avait de l'Antée dans ce pygmée" et surtout "Cette petite grande âme"). De plus, les très nombreuses oppositions (antithèse et oxymore) qui associent les idées de mort et de jeu enfantin provoquent un effet similaire. ("Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade";"Il répondait à chaque décharge par un couplet"; "il ripostait à la mitraille par des pieds de nez"). Ainsi, l'ensemble de ces figures de styles qui mettent l'accent sur l'opposition donne un aspect surnaturel à la scène, et le "spectacle charmant" peut alors être pris au sens premier, comme si un charme, un sort, une puissance surnaturel rendait Gavroche magique, lui qui est d'ailleurs décrit comme "un étrange gamin fée", une entité invulnérable. De plus, les nombreux effets sonores utilisé en poésie versifiée (parallélisme, alexandrin) renforce l'idée d'envoûtement. Pour finir, Hugo présente Gavroche comme "le nain invulnérable de la mêlée", "comme un "Antée", ou encore comme "un pygmée". Tous ces personnages font références à des romans épique, imaginaire. Antée est dans la mythologie grec un géant invincible qui ne sera vaincu que par Hercule, le pygmée donne une image de guerrier certes petit, mais surtout extrêmement redoutable. Ainsi Gavroche est capable de se métamorphoser, alternant la petitesse et l'agilité du pygmée à la force brute d'Antée, qui "touche par terre" pour mieux se relever. Nous le voyions donc, Gavroche est dans cet est ici dépeint comme un personnage merveilleux, féerique, mythique.

Le portrait du jeune parisien est donc spécial dans cet extrait, et Hugo transcende son personnage pour en faire un héros hors du commun. Mais dans cet extrait, l'auteur montre aussi des valeurs qui lui tiennent à coeur.

Tout d'abord, Gavroche n'est en fait ici qu'une figure symbolique de la république, de la liberté qu'on assassine. En effet, l'auteur utilise tout au long de l'extrait un registre épique afin de communiquer au lecteur un sentiment d'admiration pour un héros aux vertus extraordinaires de dévouement, de courage, et qui lutte contre des adversaires aux pouvoirs démesurés. Ainsi, le lecteur, au sentiment d'admiration exacerbé par un tel portrait est obligé de s'apparenter à Gavroche, et cela créé un sentiment de fierté très important d'appartenir au même peuple que le jeune héros. Or, ici, Gavroche est un héros de la république. Gamin de Paris, orphelin, il représente le peuple, et devient l'emblème du peuple des misérables que la monarchie et le régime oppriment, et dont les forces sont trop limités pour en triompher. De plus, les paroles de Gavroche ont également un fort sens politique. Outre le fait qu'elles décrivent réellement son action, ( Gavroche est réellement tombé par terre), les références aux noms de Voltaire et de Rousseau font références aux deux plus grands philosophes du siècle des lumières, dont les avancés, les débats, les oeuvres ont fait avancé le monde et les pensées pour les amenées en théorie jusqu'à la révolution française, à la révolte du peuple opprimé. Gavroche tombe donc bien par terre par la faute de Rousseau et Voltaire, qui l'ont amené à avoir un comportement révolutionnaire. De plus, l'alliance des deux noms n'est pas choisit par hasard, en effet, on connait la rivalité qui existait entre les deux philosophes, et Hugo en les alliant dans le même quatrains veut montrer plusieurs choses. Tout d'abord, le courant romantique dont Hugo est le chef de file prône la revendication du jeu et du moi, du registre lyrique destiné à mettre en avant le poète, ses sentiments et ses expériences personnelles. Les romantiques veulent marquer un tournant avec les siècles philosophiques antérieurs jugés trop rationnels, et Hugo montre en faisant de tels références qu'il ne dénigre pas la philosophie des Lumières, qu'il est conscient que c'est elle qui a fait avancé les choses, et qu'il l'a respecte même si il veut désormais passé à autre chose. De plus, celà donne un sentiment d'unicité, malgré la rivalité entre les deux grands philosophes, c'est leurs actions communes qui ont révolutionné les moeurs, et Hugo pense que c'est comme ça que la liberté peut continuer à progresser; en restant unit devant l'oppresseur, et lutter de front même si des désaccords subsistent sur des détails, qui, au fond, n'importent que très peu. Ainsi, Gavroche meurt en se dévouant au bien, par son action tout d'abord, héroïque, il combat jusqu'au sacrifice pour les insurgés, donc pour le triomphe de l'idéal républicain. Mais également par ses pensées, sa morale, qui vont vers ce que l'ont pourrait appelé "les pères fondateurs de la révolution" et qui prône l'unicité. Gavroche apparaît donc comme une "grande âme", un être doté d'une supériorité morale, d'une omniscience du bien. Enfin, à la fin de la scène, la "grande âme" de Gavroche s'envole. Le récit s'achève donc par une apothéose, comme lors des histoires de la mythologie Grec, ou le simple mortel se fait élire par les Dieux afin de subsister dans la mémoire des hommes sous la forme d'étoile. La mort de Gavroche, en reprenant ce système, devient un mythe. Ainsi, on peut donc dire que la mort de Gavroche est la représentation mythique, symbolique d'une liberté et d'une république qu'on assassine, et Hugo nous montre ainsi des valeurs républicaines plus nobles que tout.

Ensuite, dans un registre plus personnel pour Victor Hugo, cet extrait est une affirmation, une consécration du nouveau genre romantique et des nouvelles valeurs littéraire que cela implique. Tout d'abord, ce texte est riche en figures et procédés poétiques. En effet, on observe de nombreuses répétitions de rythmes et de sonorités tout au long du texte. Hugo utilise aussi le procédé des mots dérivés dans la phrase "Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade", ou le premier mot "fusillé" signifie l'inverse de son sens propre, dans le sens ou on pourrait le remplacer par intouchable ( Gavroche, intouchable, taquinait la fusillade). De plus, on dénote dans cet extrait pas moins de trois alexandrins blancs ("Le spectacle était épouvantable et charmant";"On le visait sans cesse, on le manquait toujours";"Mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée"), et la chanson chanté par Gavroche est composé de quatre hémistiches ( 6 pieds) qui donne un rythme semblable à celui des alexandrins. On observe également de nombreuses allitérations dans l'ensemble du texte, en [l] ("le nain invulnérable de la mêlée"), en [f] ("l'enfant feu follet"), en [ch] ("Cheveux au vent, mains sur les hanches"). La phrase "Il y avait de l'Antée dans ce pygmée" est également haute en richesse poétique. Les deux mots, issus de l'antiquité grec, se rapprochent fortement; ils finissent tout deux par un "e" alors qu'ils sont masculins, et désignent deux entités opposées dans leurs caractéristiques. Le paradoxe contenue dans cette antithèse est donc atténué par le rapprochement de construction et de sonorités des deux mots ( paronomase). Puis, la chanson de Gavroche ajoute à la poésie de l'extrait, mais le dernier quatrain est interrompue par une balle "plus traître que les autres". montre qu'outre Gavroche, c'est la poésie qui est interrompue et abattue. (Elle est d'ailleurs personnifié dans cet extrait comme une force de libération). On trouve également un aspect du drame romantique dans la solitude du héros, de Gavroche, esseulé, qui lutte infatigablement et sans soutien. Mais surtout, Hugo est dans cet extrait fidèle à un registre qu'il a lui même inventé. On sait que selon lui, le romantisme se fonde sur des mélanges de genres et de styles jusqu'alors inconciliables. On peut par exemple cité la dislocation de l'alexandrin, qu'il prône notamment lors de la bataille d'Hernani et qu'on retrouve en bribes ici ( Alexandrins blancs, le dernier vers ne s'achève pas). Mais surtout, c'est l'alliance entre les oppositions qui est cher à Hugo. Ainsi, le beau s'allie à l'horrible, le sublime au grotesque, la tragédie à la comédie. En montrant cette scène comme un "spectacle épouvantable et charmant", Victor Hugo respecte toutes les valeurs qu'il vient alors d'instaurer. Nous le voyions donc, Victor Hugo fait de cet extrait (comme de son roman) un parfait exemple des nouvelles valeurs qu'installe le romantisme.

En conclusion, ce texte présente de nombreux intérêt, aussi bien au niveau de son écriture, qu'au niveau de ses messages politiques, mais aussi littéraires. Surtout, comme le personnage féminin dans le tableau "La liberté guidant le peuple", ce texte fait de Gavroche un symbole de l'insurrection pour la liberté, même s'il est surtout devenu un petit stéréotype d'un gamin des villes rebelle mais altruiste.

Aussi, cet extrait semble représenter parfaitement le mouvement romantique et Hugolien, et on peut se demander s'il n'en est d'ailleurs pas l'aboutissement.

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