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Dissert Aidez Moi!


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Posté(e)

bonjour, est-ce que quelqu'un peut m'aider pr ma dissert: l'idée d'inconscient introduit elle la fatalité dans la vie de l'homme?

Je pensais faire thèse-anthitèse maisje ne sais pas quels arguments apportés.

Aidez moi. Merci

Posté(e)

voilà j'ai trouver un truc qui devrait bien t'aider:

Définir avec soin le terme fatalité: (de fatum), un destin: ce qui arrive, arrive nécessairement sans que l'homme par sa propre conscience (par ce qui lui apparaît) ne puisse intervenir pour en changer le cours.

On veut peut-être dire dans ce sujet que supposer (= poser sous, ce que la conscience claire ne permet pas de comprendre) une instance qui n'apparaît pas et qui agit à la place du sujet revient à réintroduire dans le mouvement de son existence l'équivalent d'un destin qui le fait agir indépendamment de toute liberté.

1) On peut souligner dans une première partie:

les ressemblances entre la croyance au destin et la croyance à l'inconscient: dans les deux cas le sujet est débordé...

(à expliciter, à développer, avec le cours du prof ou les lectures qu'il n'a pas manqué de te donner).

2) Dans une deuxième partie:

on distinguera l'hypothèse de l'inconscient et la croyance en la fatalité: le cours de la fatalité est nécessaire (c'est bien entendu une hypothèse):

on ne peut accéder au décret du destin avant qu'il ne soit exécuté: alors c'est trop tard pour faire quoi que soit:

tu peux illustrer avec Electre de Giraudoux

(voir pages de Jacqueline sur le destin: "Les Euménides" dans Electre de J. Giraudoux).

Au contraire il y a toujours une porte de sortie grâce à l'hypothèse de l'inconscient et en ce sens Freud écrit:

"la où était ça je dois devenir" (voir la cure psychanalytique)

En conclusion celui qui confond l'hypothèse de l'inconscient et la fatalité ne sait pas de quoi il parle: ta dissertation doit donc être une véritable enquête

http://www.philagora.net/citations/inconscient.htm

  • 2 semaines plus tard...
Posté(e)

L'idée d'inconscient exclut-elle l'idée de liberté ?

Problématique:

La question est assez simple: si l'inconscient "existe", il faut bien admettre des phénomènes inconscients. Mais dans ce cas, il faut dire non pas que "j'agis inconsciemment", mais que "l'inconscient me fait agir", ce qui contredit l'idée que je puisse être libre (je suis au contraire déterminé à mon insu).

Mais il y a sur le concept même d'inconscient, qui peut se comprendre en plusieurs sens. "L'idée d'inconscient" peut renvoyer au sens freudien (topique); l'inconscient est alors considéré comme un "lieu" dans l'appareil psychique. Mais toute une tradition philosophique (Leibniz, Spinoza) a articulé une critique de l'idée de liberté à une réflexion sur l'inconscient à une structure du psychisme.

Quelques arguments:

Si l'inconscient existe, il est par conséquent actif, agent, et, par conséquent, il existe un déterminisme inconscient. Dans cette hypothèse, il ne faut plus dire "j'agis inconsciemment" encore moins "j'agis consciemment" mais "l'inconscient agit en moi". Ceci contredit l'idée même de liberté, puisque je suis déterminé à agir comme je le fais (lapsus, rêves, actes manqués). L'inconscient me déterminerait donc à mon insu.

Lorsque Descartes énonce : “Je pense, donc je suis”, il suppose implicitement, à travers le redoublement du pronom “ je ”, l'identité du sujet conscient de la pensée et du sujet existant. Or, la psychanalyse met en évidence l'existence d'un psychisme inconscient : certains blocages pathologiques sont nécessairement l'effet de désirs inconscients ; sinon, on ne pourrait absolument pas comprendre que ces blocages disparaissent lorsque ces désirs finissent par trouver une expression consciente. S'ils n'étaient que des affections inscrites dans la matérialité du corps, des “ impulsions naturelles ” selon la terminologie cartésienne, comment un simple changement du contenu abstrait de ma conscience, toutes choses physiques égales par ailleurs, pourrait-il avoir le moindre effet sur ces symptômes concrets ? La seule activité que Descartes reconnaisse à ce qui est hors de la conscience est purement mécanique, déterminée : sa source ne devrait pas pouvoir “ comprendre ” qu'elle est devenue consciente. Il existe donc en moi quelque chose d'actif qui agit à mon insu, qui me trompe sur moi-même, comme si j'avais un malin génie pour alter ego.

En distinguant dans le sujet le Ça et le Moi comme deux aspects d'un même psychisme simplement séparés par la barrière de la conscience, Freud propose une explication qui est plus économique que l'opposition cartésienne entre l'âme (substance pensante) et le corps (substance étendue). L'application du même “rasoir d'Ockham” (les substances ne doivent pas être multipliées sans nécessité) que Descartes maniait contre les scolastiques ne peut conduire qu'à préférer l'explication freudienne, qui n'oppose que deux fonctions d'une même substance. Disparaissent du même coup, comme le souligne Freud dans Métapsychologie, “les difficultés insolubles du parallélisme psycho-physique” : on se souvient que Descartes devait invoquer le comportement étrange de la fameuse “ glande pinéale ” pour rendre compte de l'interaction de deux substances fondamentalement étrangères l'une à l'autre. Si l'homme est un sujet doué d'une conscience, cette conscience n'est pas entièrement réflexive et l'homme ne peut donc être entièrement transparent à lui-même, contrairement au modèle cartésien. Les sciences de l'esprit, de droit, réintègrent ainsi avec Freud les sciences de la nature cad le déterminisme et non la liberté.

Mais il y a une ambiguïté sur le concept même d'inconscient... Il peut se référer à un sens freudien (cf. la deuxième topique ci-dessus), alors il est un lieu psychique. Mais toute une tradition philosophique de Leibniz à Alain en passant par Spinoza a articulé la liberté humaine à une idée sur l'inconscient sans pour autant en faire un "lieu", une "structure" psychique comme Freud mais un négatif, une ombre de la raison.

Quelques références à utiliser:

L'inconscient

Il y a bien des manières d'introduire le concept d'inconscient et plus encore les phénomènes qu'il permet d'appréhender. Si Leibniz parle au XVII ième de perceptions inconscientes, c'est d'un point de vue métaphysique et non psychologique, pour montrer que nous ne sommes pas conscients à chaque instant de tout ce qui nous affecte, distinguant ainsi perception et aperception (comme conscience de ce que nous percevons) ou réflexion, soulignant que si la pensée est continue en nous elle ne se réduit pas à la conscience, comme pour les cartésiens, si au XIX ième, Schopenhauer puis Nietzsche critiqueront le privilège accordé à la raison et à la conscience pour définir l'homme et feront du corps le lieu de forces inconscientes refoulées et de l'instinct sexuel les causes profondes et obscures de nos actes et pensées, il est nécessaire, en vue d'analyses rigoureuses de comprendre en quel sens Freud, père de la psychanalyse (mais les questions de paternité dans le domaine de la pensée sont toujours complexes et propres à controverses), produit une théorie de l'inconscient tout à fait originale (une théorie des névroses qui a ses lois spécifiques étrangères à celles de la conscience) qui prétend prendre ses distances par rapport à la spéculation philosophique pour revendiquer un statut de scientificité dont la spécificité est encore aujourd'hui âprement discutée et, comme il est en plus de bon ton, rejetée avant même examen des pièces du dossier.

De façon générale, l'inconscient était identifié, par la tradition rationaliste cartésienne à la partie animale et instinctive de l'homme, à sa face d'ombre que précisément Freud se propose d'interroger. La psychanalyse ne doit pas sa naissance à des préoccupations théoriques (comme par exemple l'étude du psychisme humain qui ne se réduit pas à la conscience et au moi) mais tout au contraire à des sources thérapeutiques, ce que montre aussi son développement qui repose sur des hypothèses heuristiques dont il faut évaluer les apports pratiques dans la technique analytique. Freud, médecin de formation, travaillant sur les maladies nerveuses, notamment à Paris, avec Charcot, observe l'impuissance de la psychiatrie à guérir ce qu'il nommera des névroses, telle l'hystérie (ensemble de symptômes d'apparence organique - convulsions, paralysies, douleurs physiques - et de manifestations psychiques pathologiques - hallucinations, délires, angoisses, etc.). Les réponses de la médecine dite scientifique et de la psychologie et psychiatrie qui s'en réclament ne permettent pas de comprendre cette souffrance qui s'exprime sous la forme de ce qu'on a le plus souvent caractérisé comme folie au sens de déraison et ne permettent pas de donner un sens à des états morbides qui cependant ne détruisent pas en totalité le sujet qui les subit. Là où la médecine ne voulait voir que des lésions et causes organiques, des altérations du système nerveux qu'en droit la science devrait parvenir à expliquer objectivement, positivement, Freud, après de longs tatônnements, des résistances et incertitudes, émet la double hypothèse qui fonde la psychanalyse: les symptômes morbides ont un sens que le sujet méconnaît, ils sont l'expression symbolique d'un conflit psychique qui trouve ses racines dans l'histoire infantile du sujet ( qui et toujours une histoire familiale dont la structure et celle du complexe d'Œdipe où se constitue de façon à fantasmatique, symbolique et imaginaire le rapport au désir et à la loi, à l'interdit de la transgression) et constituant des compromis entre le désir, l'exigence de satisfaction et la défense qui, schématiquement, provient à la fois de la moralité et des normes de la vie sociale mais aussi du rapport du sujet à lui-même dans l'intériorisation de la loi. Le destin de l'inconscient et du sujet se joue ainsi entre affect et représentation, comme l'indique le concept fondamental de pulsion qui lie le psychisme au corps. Cette thèse liminaire ouvre ainsi un large champ d'investigation, l'inconscient, dont il faut énoncer les lois propres afin de montrer quelle part de méconnaissance constitutive l'homme dans son rapport à ce qu'il nomme lui-même et l'autre. Mais, Freud, n'échappant pas à la domination sans partage du modèle scientifique de son temps, les sciences de la nature et le principe de causalité qui est un principe explicatif, la biologie qui se développe considérablement à la fin du 19e ( rôle fondamental de la théorie darwinienne), oscillera entre deux voies: justifier l'inconscient en l'érigeant en nature, usant ainsi des concepts de causalité et de force mais aussi des concepts de la biologie, appréhender les phénomènes inconscients comme production de signification qui font toujours l'objet d'un travail d'interprétation, comme par exemple le rêve. Ces difficultés de méthode (naturalisme d'un côté, herméneutique de l'autre) que nous ne faisons plus souligner partageront les héritiers et autres qui depuis discutent la théorie freudienne de l'inconscient dont il ne faut jamais oublier que les effets pratiques, thérapeutiques et institutionnels (là encore objet de mille et une controverses).

Considérant à partir de Freud que la psychanalyse est une théorie générale des névroses nous pouvons exposer schématiquement cette théorie au moyen de quelques concepts fondamentaux, puis examiner la question classique du déterminisme psychique et à partir de la critique non moins classique de Sartre qui, tout au moins dans "L'être & le néant", nie la réalité de l'inconscient pour lui substituer ce qu'il nomme la "mauvaise foi" comme conduite de négation et de fuite vis-à-vis de soi-même, affirmant ainsi contre tout déterminisme le caractère inaliénable de la liberté dans un monde aliéné.

I ) Quelques concepts fondamentaux.

1) Découverte de l'inconscience et méthodes.

Il y a un mythe fondateur de la psychanalyse. Ce n'est pas Freud qui découvre la voie pour accéder à l'inconscient mais Bertha Appenheim plus connue sous son nom de cas clinique Anna O. Celle-ci, nous sommes en 1880, alors âgé de 21 ans, d'origine viennoise, très vive et intelligente, souffre de symptômes hystériques, liés à la maladie de son père (paralysie de trois membres, troublent de la vue et du langage, comportements très opposées, soit calme et rangée, soit insupportable pour son entourage, etc.). Elle est soignée par Breuer, médecin viennois qui travaille avec Freud sur les maladies nerveuses. Mais Breuer, troublé par les relations affectives produites par la cure (ce que Freud nommera transfert ou relation d'amour du patient à l'analyste), prend peur et, sous la pression de sa femme jalouse dit l'histoire, s'enfuit à Venise pour une seconde lune de miel, dit toujours l'histoire. En ce sens, la cure échoue, Freud qui est allé à Paris entre temps et qui prend connaissance de ce cas par Breuer va tirer de conséquence des échecs dans les traitements des maladies nerveuses : d'une part les méthodes utilisées pour faire parler les patients, la méthode cathartique et hypnotique, puis la méthode par suggestion ne sont pas satisfaisantes puisqu'elles ne font que soulager momentanément le patient et d'autre part le rôle de la vie affective et surtout de la sexualité a été ignorée ou plus ou moins consciemment écarté dans l'étiologie des névroses. Telles sont les deux observations, énoncées notamment en 1885 dans les " Etudes sur l'hystérie ", ouvrage écrit en collaboration avec Breuer duquel il se sépare par la suite. Ainsi Freud retiendra-t-il du cas Anna 0. que la cure analytique est une cure par la parole (talking cure) dont il faut préciser la forme et que l'origine des névroses est infantile (traumatisme et troubles affectifs qui se répètent par suite à l'insu du sujet) et sexuelle, thèse qui fera scandale très rapidement dans la Vienne catholique et conservatrice de l'époque.

La règle fondamentale de la psychanalyse sera baptisée du nom de méthode de libre association qui pose que le sujet, allongé sur un divan et ne faisant pas face au psychanalyste, s'interdit de procéder à une critique morale et intellectuelle des idées qui se présentent malgré lui à la conscience. Il faut ainsi souligner l'importance primordiale de la parole comme voie d'accès à l'inconscient, parole qui ne relève, dit Freud, ni de la magie, ni de la conversation, ni de la confession.

La thèse de la nature et de l'origine sexuelle des névroses comporte plus de difficultés encore puisque Freud se devra de redéfinir la sexualité contre une tradition qui tend à la réduire à la procréation et à la culpabilité: ce serait la partie animale, honteuse de l'homme qui doit ainsi faire l'objet d'une répression sévère par l'éducation et la morale. Plus encore il parait totalement scandaleux de parler de sexualité infantile, ce que va faire Freud, dans une civilisation où l'enfant est considéré comme pur, innocent (ce qui ne signifie pas qu'il ne puisse pas être dit méchant bien évidemment) et où la sexualité ne se développe qu'au moment de la puberté. Développons cette question.

2) L'inconscient comme refoulement, la première topique et la théorie des pulsions.

Si la parole est la première voie d'accès à l'inconscient, il en est une autre, royale dit Freud, à savoir le rêve qu'il caractérise comme la réalisation déguisée d'un désir inconscient, refoulé et comme une formation de compromis entre désir et défense.

C'est dans le célèbre texte "L'interprétation des rêves" (1900) que Freud développe sa théorie du rêve qui se distingue des conceptions traditionnelles du songe comme prédiction, présage ou expression imaginaire et poétique (ce que retiendront les surréalistes). Le rêve a un sens caché, d'abord obscur et même absurde - ce qui nous fait précisément dire qu'il n'a pas de sens - qui manifeste de façon déformée un désir inconscient (le rêve, c'est-à-dire le désir est une pensée inconsciente dit Freud, plus encore " les activités de pensée les plus compliquées peuvent se produire sans que la conscience y prennent part " ce qui constitue une contradiction logique et une impossibilité réelle pour toute philosophie de la conscience, mais qui a été en un sens déjà énoncé par Platon qui dans le "Banquet" lie de façon nécessaire pensée, logos ou dialectique, recherche de la vérité du beau et du bien et désir). Afin de retrouver ce sens il faut procéder à un travail d'interprétation comme pour un rébus, un texte hiéroglyphique. Il faut remonter du contenu manifeste (le rêve que nous nous remémorons le matin) au contenu latent en analysant et interprétant les deux mécanismes fondamentaux du rêve, la condensation (par exemple un personnage peut représenter différentes personnes, etc. ) qui explique le caractère laconique du rêve alors qu'on dit avoir rêvé toute la nuit, le déplacement (ce qui est indifférent dans le contenu manifeste est essentiel dans le contenu latent par exemple) (Lacan, qui dit que l'inconscient est structuré comme un langage fait de la condensation une métaphore et du déplacement une métonymie, c'est-à-dire des figures rhétoriques). Il faut alors rendre compte de ce travestissement du contenu latent qui ne parvient à la conscience que déformé voire méconnaissable. C'est le mécanisme de censure, nous dit Freud, qui interdit aux désirs inconscients l'accès à la conscience, mécanisme qui s'opère au niveau du préconscient. Nous rencontrons ici les termes qui définissent ce qu'on nomme la première "topique", laquelle sert à décrire l'appareil psychique dans son ensemble et repose donc sur la distinction et le rapport de conflit entre l'inconscient comme force pulsionnelle, lieu de formation du désir sexuel et le préconscient-conscient où la conscience est définie par Freud comme perception externe.

Topique renvoie à des lieux psychiques non localisables anatomiquement et à des fonctions différentes des systèmes ou instances psychiques : au sens strict l'inconscient s'identifie ici à l'ensemble des contenus refoulés, c'est-à-dire des contenus inacceptables pour la conscience qui se voient barrer l'accès par les mécanismes de censure et de défense, ce qui caractérise le processus de refoulement. Il y a donc conflit entre l'exigence de satisfaction de désirs inconscients et la défense du moi. C'est cette dimension de conflit, que Freud appelle point de vue dynamique puisqu'il rend compte des forces psychiques qui s'opposent, qui fait tout d'abord la spécificité du psychisme humain selon la psychanalyse. Il ne s'agit plus d'opposer le corps et l'esprit mais de montrer comment l'identité de la personne se fonde dans une non coïncidence avec soi-même et dans des conflits dont le sujet subit tout d'abord à son insu les effets. Par ailleurs, du point de vue théorique le conflit des deux systèmes, inconscient d'une part, préconscient-conscient d'autre part, répond à des processus différents, avec leurs lois propres, les processus primaires d'une part qui caractérisent l'inconscient comme lieu de formation du désir et des affects liés à des pulsions , les processus secondaires, le second système et sa constitution progressive qui entre dans la constitution du moi, de l'identité de la pensée où les contenus inconscients à caractère sexuel, les représentations liées à des affects font l'objet d'une élaboration et déformation qui les rendent acceptables pour la conscience à moins d'être totalement refoulés (par exemple l'apparition du dégoût, qui n'existe pas chez l'enfant, est liée à l'activité du système secondaire), ce qui renvoie à la fonction d'inhibition du moi. Ce qui lie notamment les deux systèmes c'est le refoulement qui est une opération par laquelle le sujet cherche à repousser ou à maintenir dans l'inconscient des représentations liées à des pulsions. C'est ici qu'il faut introduire la théorie de la sexualité.

Comme il a été dit, Freud va montrer, en considérant d'abord les perversions, c'est-à-dire la déviation par rapport à l'acte sexuel " normal " (par exemple le sadisme où la jouissance est obtenue sans acte sexuel, l'homosexualité etc ... ) qu'il y a une sexualité infantile (que Freud décrit comme " une disposition perverse polymorphe ") et des stades de développement qui ont pour fin " normale " la sexualité génitale adulte. La sexualité est caractérisée à partir des concepts de plaisir, de satisfaction, de libido au sens d'énergie liée à la pulsion et de zones érogènes. Nulle considération morale, nul sentiment de culpabilité ne vient recouvrir ces concepts et les phénomènes qu'ils prétendent expliquer. D'une manière générale c'est l'expérience de satisfaction, le plaisir qui s'y associe et la quantité d'investissement de l'énergie (point de vue économique) ainsi que l'organisation des pulsions par rapport à des zones érogènes (cavité buccale, anus, parties génitales) qui définissent la sexualité. Mais il faut aussitôt préciser que la sexualité relève tout autant du psychique que du somatique, des représentations, significations symboliques et fantasmes que de l'acte physique lui-même. C'est précisément ce qu'exprime Freud en caractérisant ce difficile concept de pulsion: " Le concept de pulsion est un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations, issues de l'intérieur du corps et parvenant au psychisme ". Concept qui prétend répondre ainsi aux apories de la philosophie concernant le dualisme de l'âme et du corps, précisément en montrant que le corps est sexué dans la stricte mesure où il est représenté fantasmatiquement et symboliquement (ce qui ne veut surtout pas dire irréel, bien au contraire comme le dit Freud) au sujet. De ce point de vue, distinguant les pulsions du moi ou d'auto conservation et les pulsions sexuelles, Freud soulignent que ces dernières poursuivent un but qui est l'obtention du plaisir d'organe et que les représentations inconscientes qui y sont liées sont agencées en fantasmes, en scénarios imaginaires hallucinatoires dit Freud qu'on peut concevoir comme de véritables mises en scène du désir. Le développement de la sexualité, de l'auto-érotisme de l'enfant à la sexualité adulte se fonde en même temps sur une expérience première de satisfaction, expérience originaire qui se constitue dans le rapport de la mère à l'enfant. Mais ce que Freud nomme "destin des pulsions", qui rend compte pour une part importante, de l'organisation de la sexualité chez l'adulte selon une histoire à chaque fois particulière, entre dans des mécanismes complexes où se manifestent des phénomènes d'ambivalence, haine-amour, des oppositions entre activité et passivité, notamment dans la polarité essentielle de la vie sexuelle entre sadisme et masochisme, qui montrent que la frontière du normal et du pathologique devient problématique. Ce qu'il faut ainsi fortement souligner c'est le caractère culturel, familial et collectif de la sexualité humaine qui la sépare de la sexualité animale (ce que montreront de façon différente les ethnologues). Le désir inconscient, " désir indestructible " autour duquel se constitue la personnalité psychique de l'individu, est ainsi distinct du désir animal qui est instinct de l'espèce. Si le désir est lié à la satisfaction, à l'excitation et au plaisir d'organe, si donc il est entrelacé à la chair, pour reprendre une idée développée chez Merleau-Ponty, il est toujours en même temps relatif à une histoire familiale et culturel. Ce qui le montre dans la psychanalyse c'est le célèbre complexe d'Œdipe dont, au-delà des gloses et des naïvetés d'interprétation sans nombre, il faut souligner la signification de constitution de la personnalité dans la structure triangulaire familiale du père, de la mère et de l'enfant où s'énonce le registre de la loi et du désir. Nul désir structuré sans un interdit fondateur dont la signification symbolique est à la fois individuelle, sociale et culturelle. C'est ainsi que le double interdit de l'inceste et du meurtre rend compte selon Freud à la fois de l'organisation psychique de l’individu du sujet comme sujet du désir et de la loi, et de l'origine fondatrice de toute civilisation, ce qui en manifeste le caractère universel. Il est bien certain que ces thèses doivent être discutées, l'ont été et pour certaines à juste titre rejetées (voir le totémisme interprété par Freud et le mythe de la horde originaire, du meurtre du père comme fondement de la civilisation), par les ethnologues entre autres, mais il faut insister sur le caractère symbolique de cette structuration psychique qui montre que c'est par l'accès au sens, à la parole comme énonciation du désir (dans son sens le plus large c'est-à-dire d'une sexualité qui n'est pas réductible à l'acte sexuel, ainsi Freud montre-t-il que toute activité de pensée, toute activité intellectuelle, artistique, est en son fond l'expression complexe d'un désir sexuel, c'est ce qu'il nomme la sublimation) désir adressé à l'autre dans sa présence mais aussi bien dans son absence.

3) La seconde topique et les propriétés spéciriques de l'inconscient.

" Un adage nous déconseille de servir deux maîtres à la fois. Pour le pauvre moi la chose est bien pire, il a à servir trois maîtres sévères et s’efforce de mettre de l’harmonie dans leurs exigences. Celles-ci sont toujours contradictoires et il paraît souvent impossible de les concilier ; rien d’étonnant dès lors à ce que souvent le moi échoue dans sa mission. Les trois despotes sont le monde extérieur, le surmoi et le ça. Quand on observe les efforts que tente le moi pour se montrer équitable envers les trois à la fois, ou plutôt pour leur obéir, on ne regrette plus d’avoir personnifié le moi, de lui avoir donné une existence propre. Il se sent comprimé de trois côtés, menacé de trois périls différents auxquels il réagit, en cas de détresse, par la production d’angoisse. Tirant son origine des expériences de la perception, il est destiné à représenter les exigences du monde extérieur, mais il tient cependant à rester le fidèle serviteur du ça, à demeurer avec lui sur le pied d’une bonne entente, à être considéré par lui comme un objet et à s’attirer sa libido. En assurant le contact entre le ça et la réalité, il se voit souvent contraint de revêtir de rationalisme préconscientes les ordres inconscients donnés par le ça, d’apaiser les conflits du ça avec la réalité et, faisant preuve de fausseté diplomatique, de paraître tenir compte de la réalité, même quand le ça demeure inflexible et intraitable. D’autre part, le surmoi sévère ne le perd pas de vue et, indifférent aux difficultés opposées par le ça et le monde extérieur, lui impose les règles déterminées de son comportement. S’il vient à désobéir au surmoi, il en est puni par de pénibles sentiments d’infériorité et de culpabilité. Le moi ainsi pressé par le ça, opprimé par le surmoi, repoussé par la réalité, lutte pour accomplir sa tâche économique, rétablir l’harmonie entre les diverses forces et influences qui agissent en et sur lui : nous comprenons ainsi pourquoi nous sommes souvent forcés de nous écrier : " Ah, la vie n’est pas facile ! "

Freud.

II) Déterminisme psychique et liberté.

La critique philosophique classique adressée à Freud, au-delà des problèmes épistémologiques nombreux et complexes qui sont relatifs au statut de scientificité ou non scientificité de la psychanalyse et de ses contenus théoriques et pratiques, porte sur la place de la liberté dans une telle conception du psychisme humain et des actes, pensées et sentiments qui tissent l'existence humaine. Si l'inconscient, c'est-à-dire, ce qui agit en nous à notre insu, est cause de nos pensées, sentiments, volitions et actes, alors nous sommes sous l'emprise de forces qui nous déterminent, nous instrumentalisent comme une machine, un automate. L'inconscient, un dieu à la face diabolique qui nous manipule, une " idolâtrie du corps ", " un abrégé du mécanisme " (Alain, cf texte à la fin du cours)? Mais alors l'homme, jouet de telles forces, ne serait plus responsable de ses actes, se verrait dénier tout pouvoir de la volonté qui, selon les philosophies de la conscience fondées sur une détermination de l'homme par la raison et ses tâches morales et spirituelles à accomplir, est présupposé dans tout acte de liberté ? Cette manière de poser la question, le plus souvent moralisante (il ne s'agit pas d'identifier Alain à un tel argument général et en ce sens simplifié) et en tout cas réductrice puisqu'elle pense précisément en termes de déterminisme causal et de dualisme dogmatique du corps et de l'âme ou de l'esprit, là où l'on doit rappeler que Freud ne cesse d'insister sur le travail du sens que le sujet doit faire sur lui-même pour se réapproprier son passé (voyez, même s'il s'agit d'une caricature, les films de Hitchcock, "La maison du docteur Edwardes" (1945), "Pas de printemps pour Marnie" (1964) où la trame psychanalytique est toujours la même (la trame narrative étant bien sûr renversée): un traumatisme dans l'enfance, le refoulement puis éventuellement l'amnésie, des symptômes morbides qui se répètent à l'âge adulte sous forme de délires, hallucinations, angoisses, manies et obsessions, par exemple la kleptomanie et enfin un travail de guérison merveilleusement réussi où le sujet revit consciemment la scène traumatique ( ce qu'en termes savants Freud nommera dans la première période "abréaction" et dont il remarquera la trop grande simplicité) en se libérant ainsi de sa névrose, s'appropriant ainsi son passé et son avenir heureux qui, comme dans James Bond, ou presque, s'inaugure par une idyllique lune de miel. Vous remarquerez combien ce qui a trait à la sexualité est élégamment et plus que discrètement évoqué (sauf à s'amuser des symboles, ce qu'il ne faut pas manquer de faire, bien évidemment) voire éludé). Plus sérieusement, s'il le faut, il est intéressant de considérer la critique sartrienne de l'inconscient freudien.

Cette critique est tout d'abord développée dans "L'être et le néant" et tente de substituer à la psychanalyse qu'il caractérise comme une psychanalyse empiriste, c'est-à-dire objectiviste et naturaliste, la psychanalyse existentielle dont il définit ainsi la méthode: "C'est une méthode destinée à mettre en lumière, sous une forme rigoureusement objective, le choix subjectif par lequel chaque personne se fait personne, c'est-à-dire se fait annoncer à elle-même ce qu'elle est. Ce qu'elle cherche étant un choix d'être en même temps qu'un être, elle doit réduire les comportements singuliers aux relations fondamentales, non de sexualité ou de volonté de puissance, mais d'être qui s'expriment dans ces comportements " (pp 634-635).

Le présupposé de cette psychanalyse existentielle qui cherche à décrire phénoménologiquement les conduites est dirigé contre le postulat freudien de l'impossibilité à la fois théorique et pratique de réduire le psychique à la conscience. Au contraire dit Sartre la psychanalyse existentielle rejette le postulat de l'inconscient et affirme que pour elle " le fait psychique est coextensif à la conscience " (p 630). Mais la conscience ne s'identifie pas, selon une longue tradition rationaliste, à la connaissance : il y a donc du conscient non connu qui se manifeste notamment dans la vie affective et émotive et dans les conduites par rapport à autrui. Sartre reprend la thèse phénoménologique de la conscience comme acte de visée du monde non pas comme chose mais comme signification et introduit l'idée de cogito préréflexif comme condition du cogito cartésien.

La critique de la psychanalyse s'articule autour de deux thèses fondamentales: d'une part le mécanisme de censure est contradictoire puisqu'il suppose que ce qui est refoulé, l'inconscient et ses contenus est tout d'abord connu par la conscience, d'autre part la conception freudienne de la sexualité, de la libido comme énergie sexuelle est un pur biologisme ou naturalisme qui replace donc l'homme dans la nature et l'instinct. A cet inconscient obscur en nous Sartre substitue la mauvaise foi comme conduite de fuite et de négation et oppose au déterminisme psychique la liberté, en situation, dans un monde aliéné, comme choix et projet.

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