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Petite Question Sur Don Juan


Manzanita

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D. ELVIRE. C'est ce parfait et pur amour qui me conduit icy pour vostre bien, pour vous faire part d'un avis du Ciel, et tâcher de vous retirer du precipice où vous courez. Oüy, D. Juan, je sçay tous les déreglemens de vostre vie, et ce mesme Ciel qui m'a touché le coeur, et fait jetter les yeux sur les égaremens de ma conduite, m'a inspiré de vous venir trouver, et de vous dire de sa part que vos offences ont épuisé sa misericorde, que sa colere redoutable est preste de tomber sur vous, qu'il est en vous de l'éviter par un prompt repentir, et que peut-estre vous n'avez pas encore un jour à vous pouvoir soustraire au plus grand de tous les malheurs. Pour moy, je ne tiens plus à vous par aucun attachement du monde. Je suis revenuë, graces au Ciel, de toutes mes foles pensées, ma retraite est resoluë, et je ne demande qu'assez de vie pour pouvoir expier la faute que j'ay faite, et meriter par une austere penitence le pardon de l'aveuglement où m'ont plongée les transports d'une passion condamnable ; mais dans cette retraite, j'aurois une douleur extrême qu'une personne que j'ay cherie tendrement, devînt un exemple funeste de la Justice du Ciel, et ce me sera une joye incroyable, si je puis vous porter à détourner de dessus vostre teste l'épouvantable coup qui vous menace. De grace, D. Juan, accordez-moy pour derniere faveur cette douce consolation, ne me refusez point vostre salut, que je vous demande avec larmes, et si vous n'estes point touché de vostre interest, soyez-le au moins de mes prieres, et m'épargnez le cruel déplaisir de vous voir condamner à des supplices éternels.

analyser le registre dominant de cette tirade et ses effets sur le spectateur ...

aidez moi svp!

  • E-Bahut
Posté(e)

http://www.site-magister.com/registres.htm

essaye par élimination :

Aux termes de ton ou de tonalité, longtemps employés pour désigner l'impression particulière ressentie par le lecteur devant un texte, on préfère aujourd'hui le terme de registre, qu'il conviendra donc d'éviter de confondre avec le registre de langue (soutenu, vulgaire ....). Depuis l'Antiquité, la production littéraire a été l'objet de tentatives de classification autour des attitudes "graves" ou "plaisantes" qui président à leur élaboration et qu'elles appellent chez le récepteur. «On est donc conduit à désigner comme « registres », ces « attitudes» qui correspondent à des façons fondamentales de ressentir.» (Documents d'accompagnement des programmes de Seconde et Première, septembre 2001). On l'aura compris ; le registre correspond à la nature particulière de l'émotion que le texte vise à communiquer indépendamment du « genre » dans lequel il s'inscrit : ainsi un texte romanesque peut être traversé du registre épique, le registre réaliste peut caractériser tel passage d'une épopée, etc.

 

BURLESQUE

- désigne un comique outré

- style qui traite un sujet noble de manière familière ou héroï-comique.

Formes : le burlesque, volontiers narratif, consiste à caricaturer les situations, à travestir les individus (humanisation des dieux, animalisation des hommes). Les situations les plus grossières, violemment contrastées, peuvent être racontées de manière mécanique.

   

COMIQUE

- c'est toujours d'un décalage qu'est fait le comique : décalage entre la souplesse du vivant et le mécanisme d'une situation; décalage entre l'apparence de sérieux et le ridicule ou l'énormité du propos (humour). Le comique est toujours pour cela, à des degrés divers, dominé par un registre parodique. Il manifestera ce décalage par l'alliance de termes au niveau de langue différent, par les jeux de mots, l'utilisation incongrue d'un vocabulaire et d'une syntaxe (lexique précieux appliqué à une situation triviale). Le registre comique naît    souvent aussi de reprises parodiques (pastiche littéraire, clichés détournés).

DIDACTIQUE

- apporter au lecteur des informations circonstanciées ou de lui enseigner un certain type de comportement.

- formes injonctives (recettes, modes d'emploi), la fonction impressive conjuguée avec la fonction référentielle. La phrase restera brève et claire, facilitant la compréhension du message.   

ÉLÉGIAQUE

- l'élégie (du grec elegeia) désigne un poème lyrique où s'exprime un chant funèbre plaintif.  - Le lexique est au service de l'expression de sentiments mélancoliques (méditations sur la mort,  tourments engendrés par l'amour). La peinture de la nature figure aussi parmi les thèmes les plus caractéristiques du genre.

- forme poétique, l'élégie est la plupart du temps une plainte. Le registre élégiaque met ainsi en avant la subjectivité d'un épanchement presque toujours lié à un destinataire. Le développement de la méditation déplorative est ample et pathétique. La forme, même si elle varie beaucoup, est toujours harmonieuse : le travail effectué sur le rythme, les      sonorités et les images privilégie l'esthétique et la plastique.

 

ÉPIQUE

- la célébration des prouesses et des exploits est caractéristique de l'épopée. Pour cela,    le vocabulaire sera emprunté au lexique guerrier. L'exaltation des vertus héroïques    s'inscrira aussi dans le vocabulaire mélioratif des qualités morales (sacrifice, énergie, hauteur stoïque). Parce qu'il est confronté à des obstacles surhumains ou des déchaînements cosmiques, le héros épique est souvent accompagné d'un vocabulaire mythologique et panthéiste.

- Formes : elles visent à susciter l'admiration et concourent donc, par les ressources de la    description, à amplifier les forces en présence. Dressées l'une contre l'autre de manière manichéenne, elles sont violemment mises en valeur par l'ampleur des phrases, les verbes de mouvement en cascade, les rythmes (anaphores). Les images sont choisies parmi celles de l'amplification (hyperboles, gradations) et de l'analogie (personnifications, allégories mythologiques).

FANTASTIQUE

- l'atmosphère fantastique est destinée à susciter l'inquiétude.   

- Le vocabulaire saura pour cela maintenir l'ambiguïté (termes à double sens, lexique de    l'incertitude) et caractériser constamment le trouble du personnage, confronté à des    phénomènes inexplicables, par le lexique de l'étrange et le champ lexical de la peur.

- souvent associé à la description dont on observera la valeur subjective et incertaine (onirisme, comparaisons et métaphores témoignant de l'incapacité à cerner le phénomène). Renvoyée au témoignage incertain d'un sujet solitaire (focalisation interne), l'appréciation des faits nous est livrée de manière parcellaire et hésitante. La syntaxe sera pour cela caractérisée par la phrase brève, volontiers elliptique (suspensions), et fréquemment interrogative.

    LAUDATIF 

- tous les champs de la louange. Destiné à vanter les mérites d'un personnage (éloge      funèbre), d'une valeur abstraite (hymne) voire d'un produit (publicité) ou d'une idéologie (propagande), il emploie naturellement un lexique mélioratif et des images valorisantes de nature à parer les objets concernés de toutes les qualités.

- Formes : le registre laudatif appartient au genre épidictique de la rhétorique classique.

- procédés oratoires capables de provoquer l'adhésion morale du public aux vertus qu'on      entreprend de prôner : modalisateurs de la certitude, exclamations admiratives, énumérations de qualités et avantages. On veillera à dépister les antiphrases qui marquent ce registre lorsque l'intention est ironique (éloge paradoxal).

Exemple : le registre laudatif dans le genre satirique :

  Molière, Dom Juan  (V, 2), 1665.

    [Dans la tradition très ancienne de l'éloge paradoxal, Dom Juan entonne l'hymne de l'hypocrisie sociale.]

 " Il n'y a plus de honte maintenant à cela, l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d'homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui, et la profession d'hypocrite a de merveilleux avantages. C'est un art de qui l'imposture est toujours respectée, et quoiqu'on la découvre, on n'ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement, mais l'hypocrisie est un vice privilégié, qui de sa main ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d'une impunité souveraine. On lie à force de grimaces une société étroite avec tous les gens du parti; qui en choque un, se les jette tous sur les bras, et ceux que l'on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés: ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres, ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. Combien crois-tu que j'en connaisse, qui par ce stratagème ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d'être les plus méchants hommes du monde? On a beau savoir leurs intrigues, et les connaître      pour ce qu'ils sont, ils ne laissent pas pour cela d'être en crédit parmi les gens, et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d'yeux rajustent dans le monde tout ce qu'ils peuvent faire. C'est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes, mais j'aurai soin de      me cacher, et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai sans me remuer prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers, et contre tous. Enfin, c'est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. Je m'érigerai en censeur des actions d'autrui, jugerai mal de tout le monde, et n'aurai bonne opinion que de moi. Dès qu'une fois on m'aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais, et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel, et sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d'impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui sans connaissance de cause crieront en public contre eux, qui les accableront d'injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. C'est ainsi qu'il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu'un sage esprit s'accommode aux vices de son siècle."

LYRIQUE

- Vocabulaire : on trouvera dans ce registre tout le vocabulaire de l'émotion en relation avec les grands thèmes lyriques (voyez notre notice sur le genre lyrique) : amour, mélancolie, nostalgie, bonheur, extase, communion avec la nature...

- Formes : la fonction expressive est évidemment dominante (forte implication du pronom je) et alterne avec la fonction impressive qui mobilise le récepteur et l'invite à partager la ferveur. Pour suggérer l'intensité des émotions éprouvées, les tournures exclamatives (invocations, apostrophes) ou interrogatives sont fréquentes, ainsi que les figures de l'insistance (anaphores, hyperboles, gradations). La syntaxe est enfin soucieuse de musicalité (cadences du vers, ampleur de la phrase).

 

ORATOIRE

- ce registre est étymologiquement associé à la prière ; vocation du registre oratoire pour le discours public capable de mobiliser l'auditoire. Il peut y parvenir par le souci de persuader plus que de convaincre, sûr de faire partager l'émotion par toutes les ressources du verbe :    ampleur de la phrase (période), choix évocateur des images, prises à partie de l'auditoire (apostrophes, questions rhétoriques).

SATIRIQUE

- la satire s'inscrit dans le genre polémique dont elle valorise la raillerie. Le vocabulaire y est volontiers réaliste et familier, et se caractérise par des termes péjoratifs, parfois violemment caricaturaux.

- Formes : c'est dans le portrait que s'épanouit la satire. Les traits pittoresques, les formules ironiques visent à s'attirer la complicité amusée du lecteur. Certaines formes oratoires rappellent néanmoins l'inspiration morale qui préside au registre satirique dans la condamnation des errements sociaux.

TRAGIQUE

- inséparable de son contexte religieux (voir notre notice sur le genre tragique), ce registre utilise un lexique noble et solennel qui est souvent en rapport avec le Destin. Pris au piège du déterminisme de ses dieux ou de ses passions, le héros tragique exprime sa douleur dans un vocabulaire moral où s'allient lucidement l'impuissance et la révolte.

- Formes : les interrogations, les exclamations expriment la détresse de l'individu pris au piège. Apostrophes et invocations prennent à témoin les instruments du fatum, dans la plainte ou la colère (imprécations, lamentations). La phrase ou le vers, amples et solennels, contribuent à inspirer au public horreur, effroi et compassion devant un destin exemplaire.

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