E-Bahut clems Posté(e) le 12 novembre 2004 E-Bahut Signaler Posté(e) le 12 novembre 2004 bonjour! je réfléchis actuellement à la question posée par Hölderlin : À quoi bon des poètes en temps de détresse?
E-Bahut sansid3 Posté(e) le 13 novembre 2004 E-Bahut Signaler Posté(e) le 13 novembre 2004 une reponse d'eluard Un homme est mort qui n'avait pour défense Que ses bras ouverts à la vie Un homme est mort qui n'avait d'autre route Que celle où l'on hait les fusils Un homme est mort qui continue la lutte Contre la mort contre l'oubli Car tout ce qu'il voulait Nous le voulions aussi Nous le voulons aujourd'hui Que le bonheur soit la lumière Au fond des yeux au fond du coeur Et la justice sur la terre Il y a des mots qui font vivre Et ce sont des mots innocents Le mot chaleur le mot confiance Amour justice et le mot liberté Le mot enfant et le mot gentillesse Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits Le mot courage et le mot découvrir Et le mot frère et le mot camarade Et certains noms de pays de villages Et certains noms de femmes et d'amis Ajoutons-y Péri Péri est mort pour ce qui nous fait vivre Tutoyons-le sa poitrine est trouée Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux Tutoyons-nous son espoir est vivant
E-Bahut clems Posté(e) le 13 novembre 2004 Auteur E-Bahut Signaler Posté(e) le 13 novembre 2004 la poésie est un peu opaque pour moi, qu'est-ce que tu en penses, Sansdsid3? est-ce que cela signifie que Péri est mort des mots qui tuent? la poésie se doit-elle de rappeler les grandes valeurs, telles que l'espoir, par exemple? c marrant, dans les deux textes, on a l'image du dénaturé, le mot, comme le coeur, est employé à contre-emploi, la guerre, la haine... des idées? (au fait, c une requête publique! j'aurais même pu le mettre dans le forum "discussion libre"! bon, là, j'exagère un peu...)
E-Bahut sansid3 Posté(e) le 13 novembre 2004 E-Bahut Signaler Posté(e) le 13 novembre 2004 Pour moi, la poesie c'est le plaisir du langage, mele aux images, pour former des references complexes ou les mots, les images s'entremelent. Cela mene a des textes percutants que l'on ne comprends pas toujours. There's a certain slant of light, Winter afternoons-- That oppresses, like the Heft (Heft=Weight) of Cathedral Tunes Heavenly Hurt, it gives us -- we can find no scar, but internal difference, Where the Meanings, are -- None may teach it -- Any -- 'Tis the Seal Despair -- An imperial affliction Sent us of the Air -- When it comes, the Landscape listens -- Shadows - hold their breadth -- When it goes, 'tis like the Distance on the look of Death --- Emily Dickinson
E-Bahut clems Posté(e) le 13 novembre 2004 Auteur E-Bahut Signaler Posté(e) le 13 novembre 2004 Mais si ce qui compte avant tout c'est de manipuler les emotions pour engager les gens a prendre parti, cela tient moins a la litterature et plus a la propagande.
E-Bahut sansid3 Posté(e) le 20 novembre 2004 E-Bahut Signaler Posté(e) le 20 novembre 2004 Bon, ben puisqu'il n'y a personne, on va pouvoir aider Clem je repete un peu ici ce que j'ai trouve pour un autre sujet Quelle est la place de la poésie dans la société, dans la vie ? La poésie d'Aragon était dans la vie, au temps de la guerre notamment. H. D.: Je suis tenté de dire que cette place est quasiment nulle, très restreinte. Mais elle a toujours eu un public relativement petit sauf dans les moments où elle prend la charge de ce qui ne peut se faire, se dire ailleurs, lorsqu'elle est résistance, comme dans l'ex-URSS, où la poésie transportait des choses qui ne pouvaient pas se manifester ailleurs et que les livres d'Evtouchenko s'arrachaient en centaines de milliers d'exemplaires en quelques heures. A partir du moment où la poésie est sur son strict domaine qui est celui d'un travail dans la langue, dans le langage, dans les écritures, le public est toujours petit. N'oublions pas que Mallarmé avait quelques dizaines de lecteurs, que Rimbaud a publié à compte d'auteur. ... Ce n'est pas seulement la poésie qui crie, c'est nous tous, c'est le peuple, comme nous disions il y a longtemps. Le peuple dit des choses que les poètes récupèrent et transforment.D'une certaine façon, on peut dire que l'existence de la poésie est une chose fondamentale pour l'existence d'une civilisation.
Hervé2 Posté(e) le 20 novembre 2004 Signaler Posté(e) le 20 novembre 2004 Ah vous etes un numero toutes les deux ... C'est marrant de vous voir a l'oeuvre Meme des qu'il n'y a plus personne a aider vous vous rendez utiles ... Joli
Hervé2 Posté(e) le 20 novembre 2004 Signaler Posté(e) le 20 novembre 2004 "La poesie c'est quand le silence prend la parole" Puis je avoir votre opinion sur cette citattion s'il vous plait ...?
E-Bahut clems Posté(e) le 20 novembre 2004 Auteur E-Bahut Signaler Posté(e) le 20 novembre 2004 je viens de trouver un site à propos de cette phrase: http://membres.lycos.fr/barth/Breviair.html#Iperso pour ta phrase, j'y vois un peu de Hugo dans sa préface des Contemplations "ah, inconscient qui ne vois pas que je suis toi" il s'était donné pour mission de parler à la place du peuple, qui avais le souffle coupé, le poète en tant que medium d'un peuple atteint de mutité, et qui de tte façon ne parle plus. donc, en réaction au silence du peuple, la poésie se fait Voix, Corps, Verbe (très christique). d'où le "Poète-PrOphETE", celui qui réussit à dire l'indicible et à voir par-delà l'obscurité, de l'histoire en l'occurrence. aussi Renard, "le bonheur, c le silence du malheur" et bien-sûr Giraudoux, la paix règne lorsque "les portes de la guerre" sont fermées. donc, je verrais la réaction au silence du peuple, et la poésie comme un au-delà du langage. merci sansid pour la remise à jour... ta citation résume assez bien le problème de la place du poète. il y a une tension entre la réception et le dessein d'écriture. pr Mallarmé, par ex, il est à la base du symbolisme, l'écriture la plus opaque qui soit! mais c en réaction à une réception quasi nulle, "comme les autres ne me lisent pas, je n'écrirais pas pour les autres" mais le paradoxe est que la poésie continue d'avoir des lecteurs, se renouvelle et est particulièrement active en "temps de détresse". la question de Hölderlin était vraiment celle d'un poète au bord de l'épuisement, et de la folie d'ailleurs, qui s'interrogeait sur la place restante à l'écriture dans un monde d'où tte beauté avait disparu, et qui était en crise... "à quoi bon?", c'était la question de l'utilité, et donc de la vanité de l'écriture.
E-Bahut clems Posté(e) le 20 novembre 2004 Auteur E-Bahut Signaler Posté(e) le 20 novembre 2004 un autre poète... René Char, Fureur et Mystère “La pyramide des martyrs obsède la terre.” Les Feuillets d’Hypnos ne se composent d’aucun vers, mais c’est là une exception purement formelle. En effet, ces “poèmes” sont toujours emplis de la même vision noire du monde, de cet univers de l’Apocalypse. Le refus de l’immobilité caractérise le refus de l’acceptation et de la résignation. L’image de mouvement rapide, fort, violent voire brutal, prédomine dans le recueil de manière positive. Le mouvement est une image de la résistance. Char est marqué par son impatience, sa stupeur, son effroi, son exaspération à constater que les hommes, malgré les mises en garde du sage et du poète, vont leur train aveugle et dévastateur; d’où le colt métaphorique. Ainsi, on peut lire un recueil aux images paroxystiques: des tableaux de sang et brûlants qui s’opposent à la douceur et au calme qui imprégnaient l’Isle-sur-Sorgue. A cette guerre de l’hypnose, le poète se doit de crier. Il a pour mission de changer le monde dans le sens de l’élargissement, de l’amplification et de la démesure. La poésie charienne se pose ainsi comme purement métaphorique. “Hypnos saisit l’hiver et le vêtit de granit. L’hiver se fit sommeil et Hypnos devint feu. La suite appartient aux hommes.” la guerre = “suprême écoeurement” “L’homme fuit l’asphyxie.” (Argument) “comme si l’horreur, à bout de forces, s’en était tenue là.” (Eléments) l’incompréhension = “Je demeurais là, entièrement inconnu de moi-même” puis “moi qui(...)me considère comme le plus éloigné de mes sosies” (Envoûtement) “Et chaque nuit se répétait le même manège dont j’étais le témoin sans nom et la victime.” (Violences) l’espoir = “La pente de l’homme faite de la nausée de ses cendres, de l’homme en lutte avec sa providence vindicative, ne suffit pas à vous désenchanter.” (Jeunesse) “Nous dormirons dans l’espérance, nous dormirons en son absence” (L’absent) “J’ai aimé farouchement mes semblables cette journée-là, bien au-delà du sacrifice.” (128) “l’homme acharné à tromper son destin avec son contraire indomptable: l’espérance.” (La rose de chêne) le Poète = “patience sauvage” “Déborder l’économie de la création, agrandir le sang des gestes” (Argument) “La quantité des fragments me déchire. Et debout se tient la torture.” (Afin qu’il n’y soit rien changé) “L’hypnose du phénix convoite ta jeunesse.” (Léonides) “Je vins au monde dans la difformité des chaînes de chaque être.” (Ne s’entend pas) “Je suis l’exclu et le comblé.” (L’éclairage du pénitencier) “Le poète, conservateur des infinis visages du vivant.” (83) “le poème (...) témoignera presque silencieusement.” (Argument p163) le silence/le Verbe = “Tout ce qui a le visage de la colère et n’élève pas la voix.” (92) “Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri.” (104) “Je n’écrirai pas de poème d’acquiescement.” (114) “Réponds << absent >> toi-même, sinon tu risques de ne pas être compris.” (151) le Résistant = “grenade dissidente” “Je sais que la conscience qui se risque n’a rien à redouter de la plane.” (Calendrier) “Que le jour te maintienne sur l’enclume de sa fureur blanche!” (Anniversaire) //nature “Il y a un homme à présent debout, un homme dans un champ de seigle, un champ pareil à un choeur mitraillé, un champ sauvé.” (Louis Curel) “Je suis aujourd’hui pareil à un chien enragé enchaîné à un arbre” (Carte p 49) “tre stoïque, c’est se figer(...). Nous avons recensé toute la douleur(...); puis le coeur serré, nous avons fait face.” (4) “Agir en primitif et prévoir en stratège.” (72) “L’acquiescement éclaire le visage. Le refus lui donne la beauté.” (81) “Nous devrons surmonter notre rage et notre dégoût, nous devons les faire partager, afin d’élever et d’élargir notre action comme notre morale.” (100) “Résistance n’est qu’espérance. Telle la lune d’Hypnos, pleine cette nuit de tous ses quartiers, demain vision sur le passage des poèmes.” (168) la beauté = “Ah! beauté et vérité fassent que vous soyez présents nombreux aux salves de la délivrance!” (Chant du refus) “Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté.” (237) la nature = liée à la destinée de l’homme, sorte de guide, allié fidèle “l’exceptionnel qui seul sait se soustraire au caractère alternatif du mystère de vivre.” (Envoûtement) “Les cendres du froid sont dans le vent qui chante le refus.” (171) la fuite/le mouvement = “Aller me suffit.” (La compagne du vannier) “J’ai congédié la violence qui limitait mon ascendant.” puis “J’entre: j’éprouve ou non la grâce.” (Calendrier) “Nous nous sommes étourdis de patience sauvage; une lampe inconnue de nous, à la pointe du monde, tenait éveillés le courage et le silence.” puis “l’exode du temps de s’exprimer.” (Plissement) “Et comme la fragilité et l’inquiétude s’alimentent de poésie, au retour il sera demandé à ces hauts voyageurs de vouloir bien se souvenir.” (Eléments)
E-Bahut sansid3 Posté(e) le 21 novembre 2004 E-Bahut Signaler Posté(e) le 21 novembre 2004 il faut posséder une maîtrise minimum de l'art d'écrire et de lire. On n'a pas besoin d'en savoir plus dans la société pour exceller au travail. En savoir plus , c'est faire de la littérature, c'est-à-dire perdre son temps dans de futiles analyses de discours. Mais personne n'a véritablement besoin d'analyser les figures de style dans son travail quotidien! les cours de littérature se trouvent dans une curieuse situation : ils sont obligatoires pour tous mais ils portent sur une matière trop spécialisée pour l'ensemble des élèves. De leur côté, les cours de philosophie n'ont pas ce handicap, car la réflexion sur sa propre destinée, sur ses orientations, sur la société, sur les valeurs, etc., intéresse d'emblée toute personne aujourd'hui. Le besoin de s'arrêter et de se ressourcer est criant dans un monde en effervescence comme le nôtre. Les élèves, à 17 ou 18 ans, se posent des questions sur leur identité, sur leur avenir, sur la vie et le travail. Et les cours de philosophie, par l'exemple des grands philosophes, peuvent proposer des pistes de réflexion en ces domaines. Bref, quand on n'insiste pas trop sur l'histoire, les élèves s'éveillent au contact de la philosophie. Les liens avec leurs préoccupations du moment se font d'eux-mêmes. Les cours de philosophie comblent des besoins. Tandis que les cours de littérature portent sur un domaine artistique important, mais pas essentiel, qui est éloigné des préoccupations des élèves. On pourrait arguer que la littérature est l'âme d'un peuple, d'une nation, qu'elle représente le fondement de toute civilisation, qu'elle est l'expression artistique par excellence, qu'elle produit un travail sur la langue qui la fait évoluer, etc. Tout cela est vrai. Mais cela n'intéresse presque personne. Au Québec, 5000 fidèles vont au théâtre régulièrement. Quand un roman se vend à plus de 1000 exemplaires, c'est un succès. On ne parlera pas des poètes, les pauvres! qui publient souvent à comptes d'auteur et sans lecteur.
Hervé2 Posté(e) le 25 novembre 2004 Signaler Posté(e) le 25 novembre 2004 Merci clems lirai ca attentivement ce week end ...
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