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j'ai besoin d'aide pour ma dissertation voici le sujet : "c'est le triomphe de la nouvelle de sembler n' être faite de rien , sinon d'un instant, d'un geste, d'une lueur qu'elle isole, dégage et révèle qu'elle emplit de sens et de pathétique" a écrit Marcel Arland.A partir de votre lecture de nouvelles vous direz si la definition proposée par Marcel Arland correspond à votre interpretation de ce genre.

  • E-Bahut
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c'est le triomphe de la nouvelle de sembler n' être faite de rien , sinon d'un instant, d'un geste, d'une lueur qu'elle isole, dégage et révèle qu'elle emplit de sens et de pathétique
  • E-Bahut
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ÉTYMOLOGIE / Philology

De l'italien novella apparu au XIIIe siècle pour désigner une forme de récits nouveaux. Adopté en français au XVe siècle sous la forme nouvelle et en anglais (par le français) sous la forme novel.

La nouvelle au sens de «annonce d'un événement» est attestée en français dès le XIe siècle (novele), du latin populaire novella (subst. fém.), employé usuellement au pluriel novellae, «les nouvelles», peut-être le qualificatif d'un nom sous entendu:

novella (constitutio). Le subtantif est en fait le pluriel neutre de l'adjectif novellus en latin classique: «les choses nouvelles», diminutif de novus, «jeune, nouveau, récent». Le mot suit la même évolution en italien avant de donner la novella «genre de nouveaux récits». En moyen anglais, novel comme adjectif «jeune, nouveau, récent» suit l'usage du vieux français: Le subtantif plus tardif dérive (du vieux français novelle) s'identifie à l'italien novella lors de l'apparition du genre.

Tandis que nouvelle en français garde son sens de «récit à forme courte», novel en anglais évolue vers le récit de forme plus longue à caractère épisodique ou divisé en chapitres, et se spécialise dans le sens du français moderne roman. Le sens restreint de nouvelle à forme courte se retrouve en anglais dans tale et short story (v. le commentaire ci-après).JMG

ÉTUDE SÉMANTIQUE/Definitions

1. L'appellation française de nouvelle en général recouvre un paradigme de genres narratifs à forme courte dont le récit est concentré sur un événement, à la différence du roman plus long et dont les caractéristiques évoluent du Moyen Age à nos jours. [...] quelques amoureux de la nouvelle [...] nous disent toute la saveur du texte court (Bull. d'inf. des Ed. Complexe, n 35, 1990). Parmi les genres narratifs, certains se caractérisent par leur forme brève absolue (l'anecdote, l'histoire rigolote); la nouvelle, quant à elle se définit dans sa brièveté par rapport au roman. Cette brièveté est toute relative, car il est des nouvelles aussi longues que des romans; et les nouvelles ne sont jamais lapidaires comme le bon mot. Dans leur forme la plus courte, appelée short-short story pratiquée notamment par l'Américain O. Henry, elles comprennent plus développés que dans l'anecdote, un commencement, un milieu, un dénouement. On pourrait classer les genres narratifs modernes de fiction en prose sur un axe des plus élémentaires aux plus longs: l'anecdote / la short-short story / le groupe nouvelle française, short story et tale / la novelette ou petit roman / le roman-fleuve (ou série) / enfin la saga romanesque. La nouvelle aux sens français et anglais occupe le point central. Les nouvelles sont souvent publiées en recueil de la taille d'un roman. Les recouvrements terminologiques plus ou moins importants sont nombreux. On en trouvera une étude dans le commentaire ci-après, et se reportera aux articles sur les genres narratifs ANECDOTE, CONTE, FABLE, FABLIAU, FAIT DIVERS, FORMES BREVES, GAWEDA, HISTOIRE, LAI, MAERCHEN, NOVELETTE, RECIT, ROMAN, SHORT STORY, TALE. Sur la tranformation de la nouvelle chinoise traditionnelle comportant des éléments versifiés en nouvelle moderne d'inspiration occidentale, v. l'article MOUVEMENT DU 4 MAI.

2. (Anglais) Novel: Roman (forme narrative en prose développée, habituellement divisée en chapitres). V. l'article ROMAN.

3. (Anglais) Nouvelle,novelette, novella (par l'allemand, XIXe) short novel: Roman court; variété de genre narratif intermédiaire en longueur entre le roman (novel) et la short story. Cela suppose que la short story est considérée comme plus courte que la nouvelle (ou novelette) et que dans la taxinomie de la langue anglaise. Henry James en particulier utilise le terme nouvelle pour le petit roman. La novelette garde la structure ramassée de la short story tout en développant la psychologie des personnages ou la complexité de l'action comme dans un roman développé. Sont par exemple considérés comme novelettes Doctor Jekyll and Mr. Hyde (1885) de Robert Louis Stevenson, The turn of the screw (1898) d'Henry James, Heart of darkness (1902) de Joseph Conrad. Le terme s'applique aussi (novella) aux romans courts allemands du XIXe siècle jusqu'à Franz Kafka et Thomas Mann. Parmi les maîtres du roman court, la critique compte Laurence Stern, Herman Melville, Léon Tolstoï, Albert Camus, Alberto Moravia, John Steinbeck, William Faulkner, Virginia Woolf, Willa Cather, Francis S. Fitzgerald (1896- 1940), etc.

4. (Musique; fin du XIXe siècle, de l'italien novella et du nom de la cantatrice Clara Novello) Novelette: Pièce de caractère pour piano. Francis Poulenc est l'auteur de novelettes.

5. (Télévision; Amérique latine). Novella: Feuilleton télévisé.

COMMENTAIRE / Analysis

I. Problèmes de définition (JS)

II. Commentaire historique (RG)

I. Problèmes de définition (JS)

La nouvelle est un récit bref, d'apparence véridique, de structure unilinéaire, tendant à un effet simple de surprise, d'effroi, de rire, de charme, d'inquiétude. Baudelaire écrit: «Elle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l'intensité de l'effet» (Edgar Poe, sa vie et ses oeuvres, III). Brièveté, unité, intensité, c'est là l'essentiel. Baudelaire ne considère pas une forme précise, ayant sa tradition et ses règles, mais une attitude narrative, un dessein prémédité»; à une «unité d'impression» correspond, dans l'expression, une «totalité d'effet», rien de plus. La nouvelle représente un genre narratif, non une forme précise. Ce qui permet de rasssembler sous un même vocable les récits de Marguerite de Navarre, de Diderot, de Mérimée ou de Valéry Larbaud, c'est un souci de simplicité, de structure forte, de densité. A la constance du genrre comme attitude créative s'oppose au contraire la multiplicité des formes.

Le problème s'est posé, au congrès de l'Association Internationale des Etudes Françaises en 1965, de savoir «ce qui fait la différence entre la nouvelle sous les formes diverses qu'elle a eues au cours des siècles, et la nouvelle dans le sens où on l'entend depuis le début du XIXe siècle» (intervention de Georges Poulet, C.A.I.E.F. N 18, Paris: «Les Belles-Lettres», 1966, p.258). La différence est grande apparemment, et chacun en convient. R. Dubuis remarque que le terme de nouvelle, dans le premier recueil du genre, les Cent nouvelles nouvelles (1462), implique seulement «un récit assez bref qui présente dans sa matière ou dans sa manière un caractère de nouveauté» (Genèse de la nouvelle en France au Moyen Age, ouv. cité, p. 12). L'étude des dictionnaires de l'époque classique conduit R. Mortier à conclure qu'avant Diderot, «le concept ne recouvre encore aucune idée de véracité intégrale, de sécheresse, de détachement ou de réalisme, mais bien celle d'agrément, de surprise et d'intrigue liée à une forme brève» («La fonction des nouvelles dans le Roman comique», ouv. cité, p. 43-44). René Godenne constate la dégradation du terme entre 165O et 175O et conclut à une équivalence entre «nouvelle» et «petit roman» durant un siècle (L'Association «nouvelle-petit roman» entre 164O et 175O, ouv. cité, p. 67 et suiv.). A quoi l'on pourrait ajouter qu'en Angleterre, à la même époque, le mot novel prend définitivement le sens de «roman». Faut-il alors admettre que l'appelation de nouvelle recouvre en fait des formes hétérogènes, aussi différentes que lais, fabliaux et exempla au Moyen Age, nouvelles italiennes et «joyeux devis» au XVIe siècle, «nouvelles françaises» de Scarrona Segrais, et «petits romans», ancêtres de notre roman moderne au XVIIIe siècle? Peut-être; gardons-nous en effet d'apposer un concept moderne à des formes anciennes et originales; mais sachons admettre aussi le recours à un vocable uniforme implique une notion constante, une catégorie esthétique.

Si l'on a si souvent repris le terme, quitte à l'accoler à toutes sortes de narrations, ce fut par un souci de relative brièveté, de réalisme psychologique, de facture dramatique, d'absence d'ornements qui supposait un certain idéal de la nouvelle, hérité de Boccace, de Bandello, de Cervantes, de Scarron ou de Sorel. On a souvent gardé d'eux l'emploi de noms réels, de faits récents, de passions fortes, l'alternance des tons et le goût du paradoxe. Ce goût s'affirme au XVIIIe siècle, même chez ceux qui répugnent à user d'un terme un peu dévalué: Chasles écrit des «histoires», mais dans le goût de Sorel; Prévost publie des «contes», mais qui doivent encore beaucoup à J.-P. Camus, à Rosset, à Scarron, Diderot donne les deux amis de Bourbonne pour un «conte historique», mais «tel qu'il est écrit dans les Nouvelles de Scarron et de Cervantes...» Le développement de la presse périodique n'a fait que favoriser le goût du fait-divers exploité, la confusion entre nouvelle journalistique et nouvelle littéraire - ce qui était peut-être retour aux sources -. Donneau de Visé, Defoe, Marivaux, Prévost, Marmontel, Diderot ont été des journalistes avant d'être romanciers; ils ont appris à rêver sur l'inattendu, sur les paradoxes de la réalité.

La nouvelle a connu plusieurs formes et plusieurs registres; c'est peut-être même une loi du genre que cette variété de tons, du comique au tragique, du romanesque à l'horreur, chaque nouvelle tendant à être «exemplaire» dans son style. Liberté dans l'inspiration, rigueur dans l'expression, ce double trait explique la faveur du genre et ses facultés de renouvellement. Mais quel que que soit le style choisi, l'auteur de nouvelles se reconnaîtra à son sens de l'effet à produire, à une façon d'imposer sa vision avec une parfaite économie de moyens. Peu importe au fond que le caractère oral ou non maintenu, qu'il y ait ou non présence d'un narrateur; seule importe la disposition narrative: le conteur reste conscient da la gratuité de la fiction, alors que le narrateur de nouvelles s'engage dans ce qu'il dit, impose l'imaginaire. De tous les genres narratifs, la nouvelle est celui qui accorde le plus aux techniques de crédibilité, qui opère le mieux le mélange du réel et du fictif. Elle est donc à la fois plus proche du réel et plus littéraire que le roman. Elle est, comme l'a senti Baudelaire, rêverie sur la «modernité» et poème en prose comme le poème, elle prendra souvent place dans un ensemble, un recueil. Qu'il s'agisse des Cent nouvelles nouvelles ou de l'Heptaméron, de Scarron ou de Diderot, de Nodier ou de Mérimée, elle est toujours doublement nouvelle, par la source et par la mise en forme; née d'une surprise, elle recrée la surprise par une technique élaborée; inédite et surprenante dans la «matière», elle est originale dans sa «manière», redécouverte de la réalité et renouvellement par le style.

Jean Sgard

Université de Grenoble

II. Commentaire historique (RG)

Si le récit court, en vers, puis en prose, est apparu très tôt dans la plupart des littératures européennes (les fabliaux en France, les Volksbücher en Allemagne), il n'a commencé à être désigné du terme précis de «nouvelle» qu'à partir du XIIIe siècle en Italie («novella»): Il Novellino (auteur anonyme), les Novelle de Sercambi, Il trecentonovello de Sachetti, Le Décaméron de Boccace. Le genre littéraire de la nouvelle est né; et il donne lieu rapidement à des imitations dans les autres pays. Si la France songe à utiliser régulièrement le terme forgé par les Italiens: les Cent nouvelles nouvelles (auteurs anonymes), L'Heptaméron de Marguerite de Navarre, des pays comme l'Allemagne continuent à proposer des receuils de récits courts sans aucune précision dans leur titre, tandis que d'autres comme l'Angleterre et le Portugal recourent plutôt au terme de conte, (tale, conto), ceci en raison sans doute de la valeur de récit oral, c'est-à-dire de récit conté, attribuée à la nouvelle de l'époque («conte» prend ici son sens général de «récit»): Tales of Canterbury de Chaucer, Contos de Trancoso. Jusqu'au XVIIe siècle, la nouvelle est essentiellement l'expression d'une anecdote leste et gaillarde, qui tire souvent ses origines d'un fond populaire.

A partir du siècle classique, sous l'impulsion des Espagnols (Les Nouvelles exemplaires de Cervantes, Les Nouvelles morales d'Agreda, Les Nouvelles amoureuses et exemplaires de Maria de Zayas), le terme revêt une autre signification: celle d'une histoire aux dimensions importantes, sérieuses et romanesques, qui ne se distingue du roman que par une question de longueur.

Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, cette signification va prévaloir dans les autres pays européens, qui se mettent tous à traduire puis à imiter les nouvellistes espagnols; et le terme, fort répandu, se rencontre chez des écrivains d'inspiration et de tempérament différents: par exemple, en France, on découvre chez un réaliste comme Sorel (Les nouvelles françoises), mais aussi chez un précieux comme Segrais (Les nouvelles françoises); notons que le terme est absent du titre d'oeuvres conçues pourtant comme les nouvelles du temps: La Princesse de Montpensier et La Princesse de Clèves de Mme de la Fayette. Après 175O, la nouvelle courte, qui n'a jamais cessé de paraître mais à l'ombre de la longue nouvelle (nommément en Italie, sous le couvert en Angleterre de ces anecdotes du Spectator d'Addison, du Tatler de Steele), retrouve un droit de cité grâce à des auteurs français comme Florian (Nouvelles nouvelles), Sade (Les crimes de l'amour, nouvelles héroïques et tragiques), allemands comme Wieland (le Mercure allemand), Goethe (les premiers entretiens d'émigrés allemands).

Le fait marquant au XIVe siècle, c'est l'apparition aux Etat-Unis d'Amérique de la short story, une forme de récit qui tranche, sous tous ses aspects, par rapport à celle de roman: choix d'un sujet restreint, presque toujours fondé sur des faits singuliers, hautement dramatiques: une aventure, un événement, un épisode, etc...; choix d'une technique narrative spécifique: exigence de la concentration dans les faits, de la rigueur dans le déroulement, etc... Cette forme, Edgar Poe doit en être considéré comme le créateur: Tales of the Grotesque and Arabesque, Tales. Viendront ensuite, entre autres, Ambrose Bierce (Histoires impossibles), Mark Twain (The Man that corruped Hadleyburg and other stories), Henry James (A Passionate Pilgrim and other tales). S'ils composent des textes courts (story s'oppose à novel, Poe dira ainsi de la nouvelle en 1842: «any story requiring from a half-hour to one or two hours in its perusal»), les recueils de la plupart de ces auteurs comportent tout à la fois des histoires vraies et des histoires fantastiques (d'où le recours au terme de tale). En ce sens, les auteurs ne semblent pas vouloir établir une ligne de démarcation franche et mette les réalités sémantiques recouvertes par nouvelle et conte, qui prend à ce moment son sens générique (voir le mot), - la remarque vaut également pour les auteurs anglais, de Scott (Tales of the Crusaders) à Conrad (Tales of unrest), en passant par Wilde (The Happy Prince and other stories).

Ces caractéristiques de la nouvelle américaine sont encore celles de la nouvelle française et russe: récit fantastique (La Vénus d'Ille de Prosper Mérimée, Le Horla de Guy de Maupassant, La dame de pique de Pouchkine, Nouvelles de Gogol), récit vrai (Mateo Falcone de Mérimée, Le Petit fût de Maupassant, Mirgorod de Gogol, Récits d'un chasseur de Tourgueniev), avec cette particularité en plus que le terme dans ces deux pays recouvre non seulement des récits plus étendus (Colomba de Mérimée, Boule de suif de Maupassant, La fille du capitaine de Pouchkine). En Allemagne, par contre, à l'époque romantique, le domaine du fantastique est davantage réservé au terme de Märchen, celui de nouvelle s'appliquant plutôt, sauf notamment dans cet exemple des Nouvelles musicales d'Hoffmann, à des textes historiques, psychologiques, romanesques (Reinovellen de Laube, Das Novellenbuch de Bülov, Kultur-Geschichtiche Novellen de Reihl, Novellen aus Oestereich de Saar) ou réalistes (ou selon le terme de l'époque nouvelle villageoise: Dorfgeschichten d'Auerbach, Züricher Novellen de Keller).

Au XXe siècle, la nouvelle connaît des fortunes diverses selon les pays: aux Etats-Unis son rayonnement est prodigieux, et il n'a jamais été mis en, péril par le succès du roman (O'Henry, The Four Million, Saroyan, Little children, Fitzgerald, Un diamant gros comme le Ritz, Hemingway, Cinquante mille dollars, Faulker, Treize histoires, Steinbeck, La grande vallée); en Russie et en Angleterre le rayonnement est également important, mais dans une mesure moindre: Tchechkov, Salle 6, Babel, Nouvelles, Andreev, Les sept pendus, Saki, Reginald, Hardy, A Changed Man and other stories, Katherine Mansfield, Félicité, Lawrence, L'amazone fugitive, Somerset Maugham, Rencontres et hazards, Greene, Vingt-et-une histoires; on ne saurait en dire autant de la France, assurément le pays où le titre de «nouvelliste» paie le moins: à part les recueils d'un Morand (Ouvert la nuit), d'un Aymé (Le passe-muraille), d'un Arland (L'eau et le feu) et de quelques autres, les livres de nouvelles sont des oeuvres accidentelles, les écrivains préfèrant de loin s'adonner à la composition de romans; pour les autres pays, le genre vit de même à l'ombre du roman, avec toutefois de brillantes exceptions: Zweig (Amok ou le fou de Malaisie), Thomas Mann (Tonio Kröger) en Allemagne (la nouvelle y connaît un regain de faveur depuis 1962), Alberto Moravia (Nouvelles romaines) en Italie, Carmigelt (Twijfelen is toegestan) aux Pays-Bas, etc...

Plus encore que le XIXe siècle, notre époque se caractérise par la diversité des significations que recouvre le terme de nouvelle: récit à intentions psychologiques, ou historiques, ou sociales, récit relatant une aventure singulière, exprimant au contraire des événements de la réalité quotidienne; récit de la nature poétique, ou fantastique, ou humoristique, ou dramatique; récit basé sur des données authentiques, ou fondé sur des incidents imaginaires (récit fantastique, récit de science-fiction); le XXe siècle se caractérise encore par une grande diversité de formes: récit écrit à la première personne, à la troisième; récit épistolaire (ce que les américains appellent novellette); récit où l'élément anecdotique ne joue plus de rôle, l'essentiel résidant dans l'évocation d'un état d'âme déterminé; notre époque se caractérise enfin par l'utilisation régulière chez les écrivains d'autres termes que nouvelle pour nommer leurs textes: tale aux Etats-Unis, raconto en Italie, dans les pays de langue espagnole (tale est cependant plus rare qu'au XIXe siècle), conte (Blancpain, Contes de la lampe à graisse), récit (Mauriac, Trois récits), histoire (Perret, Histoires sous le vent) en France.

Des tendances particulières se dessinent néanmoins: en France, par exemple, la nouvelle est dans la majorité des cas envisagée conçue comme une histoire vraie, sérieuse et courte. L'histoire du genre de la nouvelle fait apparaître clairement que les écrivains, de quelque nationalité qu'ils soient, ne se fixent pas sur un terme unique pour le désigner, mais recouvrent indifféremment à plusieurs mots: «conte» - c'est le plus fréquent - parce que le terme peut renvoyer à un même type de récit: bref et exploitant une donnée singulière, hautement dramatique; «récit», «histoire» (Geschichte, Erzählung en Allemagne), parce que ce sont les termes généraux qui expriment l'idée narrative contenue normalement dans la notion de nouvelle. Dans le premier cas, s'établit une collusion entre des genres; dans le second, il se manifeste un refus de préciser la spécificité d'un genre. Tout cela introduit autour du terme de nouvelle une indiscutable confusion. A la base de celle-ci, il y a une part évidente d'hésitation dans l'usage de la terminologie: il est significatif que les auteurs justifient rarement l'emploi des mots utilisés (un exemple: Maupassant n'a jamais éprouvé le besoin de distinguer ses contes de ses nouvelles); il y a surtout un refus à vouloir cerner la réalité sémantique recouverte par des termes distincts. En matière de récit court, et en ce qui concerne le domaine de la nouvelle en particulier, il n'existe pas une terminologie clairement définie. C'est pourquoi il paraît autant d'oeuvres, conçues comme les nouvelles des différentes époques qui se sont succédé, sans la moidre précision dans leur titre. Ces problèmes de terminologie constituent sans contester la pierre d'acchoppement à une étude approfondie qui permettrait de définir exactement la nouvelle. Ces problèmes sont et resteront insolubles en dépit de la critique qui, depuis le XIXe siècle, s'obstine à classer les oeuvres, à les juger, à les éliminer aussi, en fonction d'appriori purement personnels.

Serait-il impossible de définir le terme de nouvelle? Si l'on considère la forme depuis ses origines jusqu'à nos jours, on dira qu'elle s'oppose généralement au roman -1) par une question de longueur de pages -2) par une question de choix de sujet: là, un épisode, une aventure, une intrigue; ici, des épisodes, des aventures, des intrigues (ces deux définitions insistent sur le fossé qui doit séparer les deux genres: «Qu'est-ce après tout qu'une nouvelle sinon un événement inouï et qui a eu lieu? (Goethe); c'est le triomphe de la nouvelle que de sembler n'être faite de rien - sinon d'un instant, d'un geste, d'une lueur, qu'elle isole, dégage et révèle, qu'elle emplit de sens et de pathétique. (Marcel Arland) - 3) par une question de traitement de sujet: absence de durée, d'approndissement de la matière anecdotique, à la limite refus de la notion d'intrigue. Par rapport au «conte», on dira que, sauf à l'époque romantique, «nouvelle» est davantage réservé à la description du monde de la réalité quotidienne, tandis que «conte» consacre dans le genre court l'évocation d'un univers irréaliste, d'essence poétique ou fantaisiste (il est éclairant de noter qu'on dira «conte de fées» et non «nouvelle de fées», «conte mythologique» et non «nouvelle mythologique»). Néanmoins, comme il existe trop d'exemples où les questions de choix et de traitement de sujet ne permettent pas de distinguer la nouvelle du conte ou du roman, on conclura que la nouvelle n'est pas un genre tranché; il s'agit bien d'une réalité narrative qui ne se laisse pas approcher aisément. Il semble que les Anglo-Saxons aient eu raison de qualifier cette réalité d'un terme général, exprimant la seule caractéristique qui fasse l'unanimité: une histoire courte, «a short story».

Voila, je pense que ça va t'avancer.

  • 7 années plus tard...

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