Tonin2 Posté(e) le 20 novembre 2010 Signaler Posté(e) le 20 novembre 2010 Commentaire littéraire Jean Giono (1875-1970) a été très marqué par son enfance en Provence (évoquée dans son ouvrage autobiographique : Jean le Bleu ) ; il restera toujours très attaché à sa région d'origine. Après avoir participé à la guerre 14-18, Jean Giono deviendra un pacifiste convaincu et n'hésitera pas à dénoncer l'horreur des combats. Il évoque ici le souvenir d'un ami mort à la guerre. L'extrait suivant aborde plusieurs thèmes qui ont beaucoup compté dans la vie de l'auteur ; la Nature, l'amitié, la guerre... Dans cet ouvrage autobiographique, Jean GIONO (1895-1970) évoque son enfance et son adolescence. Son père vient de lui apprendre la mort à la guerre ( en juillet 1916 ) de son ami Louis David. Giono, à cette occasion, s'interroge sur l'utilité des guerres... Mon pauvre Louis ! La vie est là autour de la petite chambre où j'écris. Écoute le peuplier et le vent du sud; sens cette odeur de bûches de chênes! Regarde: au- delà de la fenêtre toute la plaine noire s'est illuminée. C'est la nuit. Les fermes, en bas, brûlent des fanes, les charrettes roulent dans les chemins. Une jeune fille peureuse chante sous les saules en ramassant à tâtons sa lessive étendue. Je sais que tu es là, toujours derrière moi. Derrière moi, maintenant, au moment où j'écris, je sais que ton amitié est plus fidèle que tous les amours du monde et que c'est, humblement, d'une autre qualité. Mais, je voudrais que tu aies ta place parmi ceux qui peuvent saisir des pommes, manger des figues, courir, nager, faire des gosses, vivre. Plus égoïstement, Louis, je voudrais que tu sois là pour moi. J’écoute. Il n'y a pas de bruit ici. Seul, dehors, le vent et la pluie commencent. Ici, ici, où es- tu ? Là- bas, dans l'ombre de la commode il n'y a rien que mon lit. Cette chose sombre là- bas, c'est mon manteau de berger. Je vais voir. Non, rien que mon manteau et mon cache- nez, et mon béret. Vide, le béret; pas de crâne dedans, mou. Tu n'es pas là. Alors ? Devant les livres ? Devant tes livres favoris, ces deux ou trois que tu prenais toujours puis tu restais à lire tout debout ? Es- tu là ? Je touche les livres. Ils ont encore toute leur poussière. Louis, je te dis, j'ai besoin de toi ce soir. Ce soir, et tous ces jours qui sont passés sans toi, et tous ces jours qui vont venir ; j'ai besoin de ton amitié. Oh ! J'ai cherché, mon vieux; tu te souviens du temps où nous parlions de tout ça dans les collines. J'ai cherché comme ça. Tu sais ce que j'ai dû offrir, tu l'as vu ? Tu sais ce qu'on en a fait. Non, j'ai besoin de toi. Et, où te chercher ? Je te sens dans mon cœur, mais je sais que j'aurais la paix si je pouvais te voir là, sur le fauteuil en train de fumer ta pipe. Si encore tu étais mort pour des choses honorables : si tu t'étais battu pour des femmes ou en allant chercher la pâture de tes petits. Mais non, d'abord on t'a trompé et puis on t’a tué à la guerre. Qu'est- ce que tu veux que j'en fasse de cette France que tu as, paraît- il, aidé à conserver, comme moi ? Qu'est- ce que tu veux que nous en fassions, nous qui avons perdu tous nos amis ? Ah ! S'il fallait défendre des rivières, des collines, des montagnes, des ciels, des vents, des pluies, je dirais : « D'accord, c'est notre travail. Battons- nous, tout notre bonheur de vivre est là. » Non, nous avons défendu le faux nom de tout ça. Moi, quand je vois une rivière, je dis « rivière » ; quand je vois un arbre, je dis « arbre » ; je ne dis jamais « France ». Ça n’existe pas. Ah! Comme je le donnerais tout entier ce faux nom pour qu'un seul de ceux qui sont morts, le plus simple, le plus humble vive. Rien ne peut être mis en balance avec le cœur d'un homme. Ils sont toujours là à parler de Dieu! C'est Dieu qui a donné le petit coup d'index au balancier de la pendule de sang au moment où l'enfant tombait du porche de sa mère. Ils sont toujours là à parler de Dieu, et puis la seule chose qui soit son travail de bon ouvrier, la seule chose qui soit une oeuvre de Dieu, la vie qu'il œuvre seul, malgré toutes vos sciences d'imbéciles à lunettes, la vie vous la gâchez à plaisir dans un mortier infâme de boue et de crachats, avec la bénédiction de toutes vos églises. La belle logique ! Il n'y a pas de gloire à être Français. Il n'y a qu'une seule gloire : c'est être vivant. Énoncé : Vous ferez le commentaire littéraire de cet extrait. Dans une première partie, vous montrerez que ce passage met en évidence les vraies valeurs de la vie, puis, dans un second point, qu'il constitue une vive protestation contre l'horreur de la guerre. Vous pouvez choisir d'inverser les axes. Introduction : (Faite par moi, vous pouvez modifier si vous le souhaité ^^" ) Cet extrait est tiré d'un ouvrage autobiographique : "Jean le Bleu" écrit par Jean Giono, né en 1875 et mort en 1970. Dans ce texte, Jean Giono évoque le thème de la guerre, après avoir lui même participé à la guerre de 14-18. Dans une première partie, nous montrerons que Giono met en avant les vraies valeurs de la vie, puis dans un second point, qu'il nous montre une vive protestation contre l'horreur de la guerre. Voilà le travail à faire... Merci à tous pour votre aide =) Je m'excuse pour cette erreur, je viens de m'apercevoir que le sujet à été posé 2 fois.. =S
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