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La Dialectique


florine

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Zénon d'Élée est désigné comme le disciple préféré de Parménide. Il est le premier d'une longue série de philosophes qui furent victimes des tyrans. Autour de 450, il se rendit à Athènes avec son maître Parménide, dont il défendit la doctrine de l'être, oralement et par écrit. Sur son public, où figurait Périclès, il dut faire une impression inoubliable, car on fut incapable de réfuter ses arguments.

Pour étayer la doctrine de Parménide niant le mouvement et la diversité, Zénon recourait à quatre preuves restées célèbres, qui font de lui le fondateur de l'argumentation dialectique. Sa démarche consistait à entrer tout d'abord dans les vues de ses adversaires et à en déduire, sur le même problème, deux conséquences complètement contradictoires, de sorte que ses adversaires étaient contraints d'abandonner leur argumentation. À Athènes, l'état d'avancement de la logique ne permettait pas de discerner et de déjouer ce que ces «preuves» avaient de fallacieux. En s'en prenant à la multiplicité des choses et à la réalité du mouvement dans l'espace, Zénon corroborait indirectement l'immuabilité et l'immobilité de l'être selon Parménide.

La première preuve consiste à affirmer qu'il ne peut y avoir de mouvement parce qu'une distance à parcourir, comme toute étendue, peut se diviser en une infinité de petites parties. Or, dit Zénon, il est impossible de parcourir un trajet fait d'une infinité de petites parties, car ce serait prétendre parvenir au terme de quelque chose qui n'a pas de terme, puisque ses parties sont en nombre infini. Dans sa deuxième démonstration, il explique à son auditoire interloqué qu'Achille, le coureur le plus rapide de l'Antiquité, ne pourrait jamais rattraper une tortue qui a pris une certaine avance. En effet, d'ici qu'Achille ait rattrapé cette avance, la tortue a continué de progresser et se trouve de nouveau en avant, et ainsi de suite : l'écart se réduit entre les deux concurrents, mais ne pourra jamais être comblé entièrement, de sorte que jamais Achille ne rattrapera la tortue. La troisième démonstration établit qu'une flèche qui vole ne se meut qu'en apparence et qu'en en réalité elle est immobile. La preuve en est que, dans son vol, la flèche se trouve toujours à un certain endroit de l'espace. Or, se trouver à un endroit c'est y être immobile. La trajectoire pouvant être divisée en une infinité de portions d'espace, la flèche est immobile dans l'air. La quatrième preuve démontre que le mouvement est une illusion, car deux corps se déplaçant à même vitesse dans deux directions opposées dépassent un corps immobile dans l'espace à une vitesse différente de celle à laquelle ils se croisent.

Pour nous ces arguments sont des paradoxes, parce qu'ils confondent la sphère du logique avec Socrate, portrait énigmatique celle du réel. Par exemple, l'infinité de petites portions de l'espace n'a pas d'existence réelle, c'est seulement une façon de penser. La problématique philosophique de Zénon tient à l'idée que connaissance et objet de connaissance sont identiques. De longs débats seront encore nécessaires avant que la philosophie puisse admettre que l'esprit pensant peut fort bien viser tout à fait à côté de l'être et formuler un monde de jeux intellectuels étrangers à la réalité.

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