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Lecture analytique


dax76

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Faire la lecture analytique de l'extrait suivant:
Rentré chez moi, je me mis à pleurer comme un enfant. Il n'y
a pas d'homme qui n'ait été trompé au moins une fois, et qui ne
sache ce que l'on souffre.
Je me dis, sous le poids de ces résolutions de la fièvre que l'on
croit toujours avoir la force de tenir, qu'il fallait rompre
immédiatement avec cet amour, et j'attendis le jour avec
impatience pour aller retenir ma place, retourner auprès de mon
père et de ma soeur, double amour dont j'étais certain, et qui ne
me tromperait pas, lui.
Cependant je ne voulais pas partir sans que Marguerite sût
bien pourquoi je partais. Seul, un homme qui n'aime décidément
plus sa maîtresse la quitte sans lui écrire.
Je fis et refis vingt lettres dans ma tête.
J'avais eu affaire à une fille semblable à toutes les filles
entretenues, je l'avais beaucoup trop poétisée, elle m'avait traité
en écolier, en employant, pour me tromper, une ruse d'une
simplicité insultante, c'était clair. Mon amour-propre prit alors le
dessus. Il fallait quitter cette femme sans lui donner la
satisfaction de savoir ce que cette rupture me faisait souffrir, et
voici ce que je lui écrivis de mon écriture la plus élégante, et des
larmes de rage et de douleur dans les yeux :
« Ma chère Marguerite,
« J'espère que votre indisposition d'hier aura été peu de
chose. J'ai été, à onze heures du soir, demander de vos nouvelles,
et l'on m'a répondu que vous n'étiez pas rentrée. M. de G… a été
plus heureux que moi, car il s'est présenté quelques instants
après, et à quatre heures du matin il était encore chez vous.
« Pardonnez-moi les quelques heures ennuyeuses que je vous
ai fait passer, et soyez sûre que je n'oublierai jamais les moments
heureux que je vous dois.
« Je serais bien allé savoir de vos nouvelles aujourd'hui, mais
je compte retourner près de mon père.
« Adieu, ma chère Marguerite ; je ne suis ni assez riche pour
vous aimer comme je le voudrais, ni assez pauvre pour vous
aimer comme vous le voudriez. Oublions donc, vous, un nom qui
doit vous être à peu près indifférent, moi, un bonheur qui me
devient impossible.
« Je vous renvoie votre clef, qui ne m'a jamais servi et qui
pourra vous être utile, si vous êtes souvent malade comme vous
l'étiez hier. »
Vous le voyez, je n'avais pas eu la force de finir cette lettre
sans une impertinente ironie, ce qui prouvait combien j'étais
encore amoureux.
Je lus et relus dix fois cette lettre, et l'idée qu'elle ferait de la
peine à Marguerite me calma un peu. J'essayai de m'enhardir
dans les sentiments qu'elle affectait, et quand, à huit heures, mon
domestique entra chez moi, je la lui remis pour qu'il la portât tout
de suite.
– Faudra-t-il attendre une réponse ? Me demanda Joseph
(mon domestique s'appelait Joseph, comme tous les
domestiques).
– Si l'on vous demande s'il y a une réponse, vous direz que
vous n'en savez rien et vous attendrez.
Je me rattachais à cette espérance qu'elle allait me répondre.
Pauvres et faibles que nous sommes !

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