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Toute prise de conscience est-elle libératrice ?


aeiecrn

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Bonsoir, j'ai mon premier devoir de philo à faire autant dire que je suis en pleine galère ! Je dois faire un plan très détaillé (grande parties, sous part

ies avec développement synthétisé et transitions) et introduction+conclusion. Mon sujet est "Toute prise de conscience est-elle libératrice ? " Alors, j'ai essayé de faire quelque chose mais je ne suis pas convaincue du tout quelqu'un aurait le courage de lire ce que j'ai préparé et m'aider ? Merci d'avance ! 


 

Introduction :

«Comment peut-on faire une chose pareille ?» Il suffit d'ouvrir le journal pour sentir que sa lecture n'est pas seulement prise de connaissance d'informations neutres, mais une prise de conscience qui semble déjà être une prise de position, un début d'action, un commencement de liberté. La prise de conscience est donc une invitation à la réflexion intérieure, à douter, à remettre en question des situations et des points de vues établis, figés. La liberté quant à elle signifie le droit de disposer de sa propre personne, d'agir sans restriction, de choisir. La question est donc de savoir si une prise de conscience permet le développement de la liberté ou au contraire si elle l’entrave. Mais la libération n'est effective que lorsque la découverte est positive pour l'individu, qui peut parfaitement se résoudre à fermer les yeux lorsque la découverte peut s'avérer négative pour lui.
La façon dont la question est posée suggère que dans certains cas, les prises de conscience sont beaucoup plus importantes que ce que nous pensions et ressemblent plus à un anéantissement existentiel de l'individu, pris au piège par sa propre conscience. Il serait alors inapproprié de parler de libération.
Ainsi la prise de conscience est-elle systématiquement une libération ?

 

I-On doit accéder à la conscience de soi pour être libre

 

Cette idée semble aller de soi. Elle est au cœur de tout projet philosophique et de toute approche psychanalytique.

 

1) Cogito cartésien

Descartes a été longtemps attirée par des filles qui louchaient. Il a fini par s’en étonner. Il a alors compris, à la suite d’une recherche, que cette attirance s’expliquait par l'attirance qu'il avait pour une jeune fille il y a plusieurs années. Après cette prise de conscience, il a cessé de se croire épris, dès lors qu'il rencontrait une fille qui louchait. Il était donc libéré de cette addiction. Or une addiction ne témoigne pas d’un choix libre. La prise de conscience de Descartes fut, dans ce cas, libératrice.

 

2) Il vaut mieux marcher les yeux ouverts que les yeux fermés.

La conscience est à l’esprit ce que les yeux sont au corps. Tout homme doué d’intelligence gagnera toujours à en faire usage. La prise de conscience, par exemple de nos préjugés et de nos convictions infondées ou irréfléchies, nous libère des pesanteurs familiales et sociales. Malebranche recommande toujours de « vivre les yeux ouverts » et c’est ce en quoi consiste toute démarche philosophique. Garder les yeux ouverts, cela veut dire penser par soi-même. Et prendre conscience que nos opinions sont déterminés par autre chose que nous.

 

3) Prendre conscience de soi-même.

Accéder aux sentiments de sa propre identité, c’est ainsi que l’on devient un être humain à part entière, une personne. L’enfant qui prend conscience de lui-même le manifeste en disant « je », et ce simple changement constitue une émancipation.

 

Prendre conscience de nous-mêmes de nos présupposés, des causes qui nous font agir, c’est accéder au statut de « personne », potentiellement libre. Toutefois une prise de conscience est-elle immédiatement libératrice ?

 

II-Certaines prises de conscience peuvent être traumatisantes

 

Dans certaines circonstances, une prise de conscience peut-être difficile. C'est même très souvent le cas. De façon générale, tout ce qui nous met face à de nouvelles responsabilités suscite l'angoisse.

 

1) Freud explique certaines névroses par le refus de toute prise de conscience douloureuse.

La prise de conscience de nos propres désirs (refoulés) entraîne, selon Freud, une «sanction du surmoi». Généralement, les symptômes ont une raison d'être : ils permettent de masquer un conflit interieur. Le symptôme est un déguisement pour nous éviter de prendre conscience d'un désir qui entraînerait, s'il était connu de nous, une situation de conflit douloureuse.

 

2) Les disciples de Freud expliquent aussi certaines psychoses suivant ce même schéma.

La folie, peut être comprise comme un mécanisme de défense qui permet au malade de ne pas affronter une situation psychique qu'il suppose ingérable. Réciproquement, la prise de conscience d'une réalité ou d'une vérité intolérable peut nous rendre « fou ». Ainsi par exemple, un artiste contemporain évoque ses accès de mélancolie à la suite de la découverte du comportement abominable de son père pendant l'occupation.

 

3) Cette analyse vaut aussi pour les prises de conscience collectives.

Un peuple entier peut se réfugier dans la maladie sociale pour éviter d'affronter une situation de détresse ou d'humiliation trop profonde pour être assumée. Ainsi par exemple un peuple pour être démocratique doit admettre certains principes de tolérance qui sont douloureux, car ils impliquent que nous renoncions à l'illusion de posséder une quelconque vérité absolue. Cette prise de conscience est très traumatisante. De plus, certaines femmes maltraitées ne veulent pas prendre conscience du fait qu'elles doivent peut-être quitter leur mari.

 

Certaines prises de conscience sont trop douloureuses pour être désirables. Faut-il pour autant préférer l'illusion à la prise de conscience ?


III-A terme, la conscience ne peut pas être seulement libératrice

 

Il s'agit d'un « devoir être ». On ne peut que prôner encore et toujours la prise de conscience (« connais-toi toi même »), a priori libératrice, quoiqu'il puisse nous en coûter.

 

1) Il faut distinguer toujours le court terme et le long terme

A court terme, la prise de conscience d'un désir refoulé est très douloureuse et traumatisante. On pense par exemple à la première année de thérapie de Anna. 0 (période où elle prend conscience de l'origine de ses symptômes). Mais on sait que la guérison désirée est à ce prix. Les analyses préconisées par Freud sont toujours dans un premier temps traumatisantes, car le retour de refoulé se paye au prix fort (crises d’angoisse, mélancolie…). mais, au fond, ses accès d’angoisse, de dépression sont un passage nécessaire vers une guérison possible.

 

2) mieux vaut choisir la vérité qui dérange plutôt que l’illusion qui réconforte.

Freud encourage la prise de conscience de vérités dérangeantes, comme l’importance de la sexualité, même chez les petits enfants. Parmi ces vérités, se trouve la plus dérangeante d’entre elles : « le moi n'est pas le maître de sa propre maison ». Mais alors même que Freud a découvert cette vérité, il n’a jamais cessé de militer pour la lucidité et la prise de conscience de l’intégralité de notre réalité d'esprit, aussi dérangeante et décevante qu’elle puisse être.


3) La prise de conscience de notre réalité psychique est une convocation de notre conscience morale.

Prendre conscience, c’est solliciter la part morale de nous-mêmes. C'est pourquoi nous redoutons souvent les prises de conscience qui nous mettent face à nos responsabilités. Pourtant la conscience est bien cette part de nous qui nous sépare des bêtes.

 

Conclusion :

Ainsi, une prise de conscience n’est pas toujours libératrice. Lorsqu’un fils découvre que son père est un criminel, lorsqu’un peuple comprend qu’il a remis son destin entre les mains d’un tyran, ce type de conscience est plus traumatisant que libérateur ! Il faut cependant continuer d’affirmer que toute libération commence par une prise de conscience. Jamais une personne ne peut s’émanciper d’une tutelle tyrannique tant qu’elle n’a pas admis son propre désir d’émancipation. Et ceci vaut aussi pour le cas des peuples – on le sait bien aujourd’hui – il est impossible d’importer de l’extérieur  la liberté, ou encore la démocratie, si ce peuple n’a pas conscience d’être asservi ou humilié et ne demande pas d’être libéré d’un régime ou d’un système qu’il ne voit pas nécessairement comme une servitude. 

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