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:excl: Puis-je Me Mettre à La Place D'autrui ? Important


coeurgrenadine

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Travail à partir du texte de Merleau-Ponty extrait de Phénoménologie de la perception :

"Je perçois autrui comme un comportement; par exemple je perçois le deuil ou la colère d'autrui dans sa conduite, sur son visage et sur ses mains, sans aucun emprunt à une expérience "interne" de la souffrance ou de la colère et parce que deuil et colère sont des variations de l'être au monde, indivisibles entre le corps et la conscience, et qui se posent aussi bien sur la conduite d'autrui, visible dans son corps phénoménal, que sur ma propre conduite telle qu'elle s'offre à moi. Mais enfin le comportement d'autrui et même les paroles d'autrui ne sont pas autrui. Le deuil d'autrui et sa colère n'ont jamais exactement le même sens pour lui que pour moi. Pour lui, ce sont des situations vécues, pour moi ce sont des situations apprésentées. Ou si je peux, par un mouvement d'amitié, participer à ce deuil et à cette colère, ils restent le deuil et la colère de mon ami Paul : Paul souffre parce qu'il a perdu sa femme ou il est en colère parce qu'on lui a volé sa montre, je souffre parce que Paul a de la peine, je suis en colère parce qu'il est en colère, les situations ne sont pas superposables. Et si enfin nous faisons quelque projet en commun, ce projet commun n'est pas un seul projet, et il ne s'offre pas sous les mêmes aspects pour moi et pour Paul, nous n'y tenons pas autant l'un que l'autre, ni en tout cas de la même façon, du seul fait que Paul est Paul et que je suis moi. Nos consciences ont beau à travers nos situations propres, construire une situation commune dans laquelle elles communiquent, c'est du fond de sa subjectivité que chacun projette ce monde "unique". "

Hypothèse : il s'avère impossible de se mettre à la place d'autrui dans la mesure où je ne peux vivre ce qu'il vit mais seulement me le représenter.

1- Il existera toujours un écart entre ce qu'autrui vit et la manière dont je me représente ce qu'il vit. Autrui est dans un rapport immédiat à la situation puisqu'il la vit; je suis dans un rapport médiat à cette situation puisque je me la représente. D'où nos situations et nos sentiments ne sont pas superposables. Donc cette écart se justifie par :

la médiation entre autrui et moi, c'est une distance supplémentaire lorsque je considère la situation d'autrui car ici on a pour autrui une situation vécue et pour moi une situation apprésentée ;

La différence d'intensité entre ce que autrui vit, ressent, et ce que je peux me représenter qu'il vit, ce que je m'imagine ;

Il est toujours possible pour moi, contrairement à autrui, de revenir à ma position initiale, c'est-à-dire faire cesser le sentiment imaginé.

Exemple: le deuil. « il faut montrer la nature de l'écart entre ce qui est vécu et ce qui est seulement représenté, grâce à l'exemple du deuil. »

Paul a perdu son fils, sa douleur est immense et sans limite. J'ai un fils, je peux imaginer ce que je ressentirai s'il venait à décéder. Mais je ne peux me représenter qu'une partie du deuil étant donné que je peux le voir dans la minute qui suit. De plus, je n'ai pas à organiser son enterrement, je ne peux donc pas me mettre à la place de Paul entièrement. Paul souffre réellement, tandis que moi je ne souffre que partiellement et dans une durée limitée, je peux revenir à ma position initiale en temps voulu. La souffrance de Paul est intense et illimité. On constate donc bien un écart entre situation vécue et apprésentée.

Objection 1- peut-on alors fonder la connaissance d'autrui, non sur une identification, mais sur une compréhension de son comportement ?

La compréhension du comportement d'autrui c'est le comprendre par analogie : c'est une égalité des rapport, je comprends le rapport d'autrui au monde grâce à mon propre rapport au monde. Je peux comprendre l'autre si j'ai déjà vécu ce qu'il vit. Donc rapports égaux.

Paul a perdu sa femme dans un accident, j'ai également perdu la mienne dans un accident similaire ; je peux donc comprendre se que Paul ressent. Nous avons tout les deux le même rapport au monde : rapport égaux.

En réalité il faut distinguer autrui et son comportement, comme le fait Merleau-Ponty : Nous n'avons jamais accès qu'au comportement d'autrui et non à son vécu. Aussi autrui peut mentir en quelque sorte sur ce qu'il ressent tout comme par politesse lorsque quelqu'un nous demande

« sa va? » et que nous répondons « oui » même si l'on a de gros soucis en réalité, Ici Paul a perdu sa femme mais peut-être qu'il est soulagé car il ne l'aimait pas et peut-être même que c'est lui qu'il l'a tué. ( tout comme le personnage, Gabrielle de Sarlat, dans Crime parfait d'Éric-Emmanuel SCHMITT )

De plus le caractère imprévisible d'autrui rend vaine toute tentative de fondation d'une connaissance d'autrui sur son comportement. Si autrui se dérobe aux savoirs que j'ai sur lui, ce n'est pas parce qu'il diffère de moi c'est parce qu'il diffère de lui-même. Par exemple, notre rapport à un même objet diffère. Il est impossible de se mettre à la place d'autrui quelque soit la situation.

Objection 2- Peut-on admettre qu'autrui et moi avons véritablement le même vécu si nous sommes dans une situation

identique ?

Il faut faire, ici, une distinction entre un projet commun et un seul projet. Selon Merleau-Ponty, un projet commun insinue d'avoir un rapport au projet différemment vécu ; alors qu'un seul projet supposerait que les rapports au projet seraient identiques.

Donc nous avons un projet commun, notre rapport au projet est différemment vécu par nous deux, nos situations ne sont donc pas superposables. Nous n'avons donc pas le même vécu. Il est impossible, que la situation soit commune ou non, de se mettre à la place d'autrui. (à démontrer plus précisément et là problème ^^)

Bilan : « Il faut reprendre les acquis de la démonstration. Énoncer la réponse finale. Et construire une transition critique avec l'hypothèse suivante. Ici aussi sa bloque un peu donc si vous avez des idées. »

On peut donner une signification au comportement d'autrui afin de se représenter ce qu'il ressent, ce qu'il vit. On a, chez Merleau-Ponty, une abolition de la distinction entre conscience et corps, entre interne et externe, c'est-à-dire entre ce qu'autrui ressent et ce qu'il nous donne à voir. A partir de là, il faut distinguer les situations vécues, immédiate ; des situations apprésentées, médiates. On peut essayer de connaître autrui , non pas en ce mettant à sa place, mais en essayant de comprendre son comportement, et ce par analogie. C'est-à-dire comprendre le comportement d'autrui à partir de mon rapport au monde. Je peux comprendre autrui si j'ai déjà vécu ce qu'il vit.

Mais nos sentiments et nos situations ne sont pas superposables car autrui peut se dérober au savoir que l'on a sur lui, et son caractère est imprévisible. De plus, il faut distinguer le projet commun d'un seul projet, car dans le premier cas nos rapports au projet diffèrent ; dans le second, ils sont identiques. Ce qui est impossible, car nous ne pouvons pas nous mettre à la place d'autrui, que l'objet soit commun ou non.

En conclusion de quoi nous pouvons dire qu'il est impossible d'établir une connaissance d'autrui à partir de son comportement, car il peut mentir, et son comportement diffère de lui-même. Nous avons donc a concilié deux exigences : l'idée qu'il faut reconnaitre qu'autrui est mon semblable, puisque nous avons au moins un trait commun ; et l'idée qu'autrui est un être libre, puisqu'il peut se dérober aux savoirs que j'ai sur lui.

Mais tout ceci n'est-il pas une perte de temps ? En effet, nous avons, depuis le début, tenter de comprendre autrui ; or autrui est mon semblable car nous avons au moins un trait commun, nous sommes tout deux des rapports au monde donc il vaudrait mieux chercher à comprendre notre communauté humaine dans un trait universel, plutôt que de chercher dans la comparaison des vécus respectifs de chacun.

On passe de la singularité de chacun à l'universalité, l'homme étant une fins, qui ne dépend de rien d'autre que de lui-même, peut-on alors parler de fin en soi à propos des Hommes ?

J'aurai besoin d'aider pour développer l'exemple du deuil si vous avez de petites choses à rajoutez pour complétez, mais c'est surtout pour l'objection 2 que je suis à court d'idées, pourriez-vous m'aider à le développer ainsi que son exemple.

Merci d'avance

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  • E-Bahut

Salutation coeurgrenadine,

Objection 2- Peut-on admettre qu'autrui et moi avons véritablement le même vécu si nous sommes dans une situation

identique ?

Je vois que tu as progresser sur le point de la réflexion depuis notre dernière conversation. :)

Je ne peux pas te répondre de manière élaborée, mais je vais tenter de te donner une piste sur ta deuxième objection. Je vais débuter avec l'aide des sens, puisqu'à l'aide des sens, c'est très évident. Ne t'y trompes pas, je ne fais qu'élaborer une situation fictive. Toute similitude avec la réalité ne serait pas volontaire.

---> Supposons que je suis daltonien. Toi, tu as une vue qu'on considère normal. Lorsque nous regardons le même arbre, je ne vois pas les feuilles vertes tel que toi tu pourrais les voir. Nous allons faire une promenade dans la forêt, et nous pouvons apercevoir des paysages magnifiques, sauf que je ne vois pas la même chose que toi. Pourtant, c'est la même chose que nous voyons, mais c'est la perception que nous en avons qui pourrait différée; dans ce cas, le sens nous donne la perception, soit la vue.

Évidemment, lors de notre promenade, nous avons vue la même chose, peu importe le regard qu'on y a porté. Alors, par rapport à cette situation, puis-je comprendre comment tu vois les choses avec ton regard? Est-ce que je peux m'imaginer ce que tu vois lorsque je regarde au même endroit? Certes, un paysage fantastique, mais le vois-tu de la même manière? À ce moment je ne puis répondre, alors je te laisses t'égarer à ce sujet. :)

Mon deuxième exemple serait le suivant. Si je suis aveugle depuis ma naissance, et toi tu as une vue perçante, Puis-je comprendre ce que tu ressens face à tel ou tel événement. Est-ce que je peux me mettre à ta place? Je n'ai jamais vu, comment pourrais-je penser à la manière dont tu t'y prends pour voir, puisque je ne vois pas et n'ai jamais vu?

De ton coté, comment peux-tu me comprendre, te mettre à ma place? Je ne vois pas, et tu peux voir. Ne peux-tu pas t'imaginer comment cela serait si tu ne pouvais pas voir? Bandes toi les yeux, et essaie de vivre toute une vie de la sorte. J'imagine que tu pourras me comprendre. Je te laisses poursuivre la discussion sur ce point.

Peux être pouvons nous nous mettre à la place des autres, du moment où nous nous arrêtons et réfléchissons un moment à propos de la situation de quelqu'un. Qu'est-ce que cette personne a ou n'a pas? Qu'est-ce que j'ai et que tu n'as pas? Si je possède ce que tu n'as pas, peut-être puis-je plus facilement, ou encore plus difficilement me mettre à ta place.

Concernant le moi aveugle et le toi voyante, n'est-il pas possible de t'imaginer ce que je vis, même si tu ne le vit point? Certes il est impossible de le vivre comme moi, car tu as le choix de fermer ou ouvrir les yeux pour voir, mais il est peut-être possible de compendre que je ne peux pas marcher rapidement, que je ne peux pas traverser la rue en toute hâte, que je ne peux pas savoir où je me trouve si je sors des endroits que je connais. Peut-être tu pourras te moquer de moi lorsque tu changeras une chaise de place dans ma maison, mais cela, tu dois pouvoir le comprendre.

Il est probablement impossible de vivre ce que l'autre vit de manière exacte, mais peut-être est-il possible de se mettre à la place d'un autre, mais cela requiert un effort mental qui peut être difficile, voir même déstabilisant.

Comment se mettre à la place d'un terrorriste si nous ne connaissons pas son histoire et prétendons qu'il naît avec une arme à la main, guidé par une religion qui le force à tuer pour le bien?

Comment se mettre à la place de Paul qui a perdu sa fille, si nous ne connaissons pas Paul, si nous ne savons pas les effets qu'amène la perte d'un enfant.

Comment savoir ce que penses ton ami après qu'il s'est cassé un bras en faisant du ski?

Il est possible que nous ne le sachions jamais. Mais, peut être est-il possible d'entrer en dialogue avec tout ces gens dont nous avons fait mention pour tenter de se mettre à leur place? Sinon, nous ne pourrons jamais se mettre à la place de notre ami qui s'est cassé le bras. Que peut-il faire? Que ne peut-il plus faire suite à cette cassure? Que faisait-il pour que son bras soit si important? Peut-être que notre bras est important, peu importe ce qu'il peut faire... Pour illustrer, admetons que je me suis cassé le bras, mais je m'amusais tout de même sur mon ordinateur très facilement. Cela a peu d'impact sur moi d'un coté. De l'autre coté, tu faisais toujours du sport... Peut-être est-ce important pour toi d'avoir deux bras pour pratiquer tes sports?

Je te laisses maintenant, je sens que je m'égares. Je crois que tu comprends bien le sujet dont tu traites. Prend garde à éviter toute possibilité, peu importe de quoi elle a l'air. Le plus complet tu seras, le mieux tu auras. À moins que la philo ne soit plus ce qu'elle devrait être... :blush:

Bon succès dans ton travail!

À la revoyure!

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Merci pour ce moment d'égarement que tu m'a accordé Jim37. Je désespérais de ne pas te voir me répondre. Je me pose la question à présent de savoir si tu n'as pas été victime d'un des exemples que tu m'as donné, sinon je me demande comment tu as su que j'appréciais les balades en forêt ?

Merci encore pour tes conseils qui m'illumine à chaque fois et me font prendre goût à la philo (ou presque :-P ) ; je ne connais pas encore la note de mon premier devoir mais reviens de temps à autre sur ce post et je te le communiquerais.

A bientôt, j'espère !!!

Ton admiratrice, coeurgrenadine. :wub: ( :D )

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  • 2 semaines plus tard...
  • E-Bahut

Bonjour en retard coeurgrenadine

Il m'a fait plaisir de t'accorder ces quelques lignes afin de t'éclairer un peu sur ton sujet. J'ai été un peu absent durant les fêtes et je compte me reprendre. Ayant emménagé chez mes parents durant les Fêtes, je n'avais pas d'ordinateur à la maison.

Concernant la question des balades en forêt fut un de ces hasards que l'on ne peut expliquer, et ce n'est surement pas la science qui pourra me répondre. Mais je te relance la question: crois-tu qu'il m'est arrivé telle ou telle chose pour que je puisse te l'expliquer? Je peux t'affirmer que non, je n'ai jamais été aveugle, à moins qu'être aveugle puisse signifier ne pas avoir la vue perçante. À cet effet, je n'argumente qu'avec les mots eux-mêmes par eux-mêmes.

Je termine mon intervention en citant une phrase intéressante d'Aristote, qui piquera peut-être ta curiosité. Selon lui, il est nécessaire de philosopher:

"Si la philosophie existe, il faut philosopher; si la philosophie n'existe pas, il faut philosopher pour démontrer qu'elle n'est pas. La philosophie devient donc le point central de toute chose... Je deviens fou, ça y est :P

Bonne continuité dans tes travaux de philos

Je serai heureux de répondre à tes interrogations du mieux que tu peux.

Concernant tes notes, je serais intéressé de les connaître une fois reçue.

:P

À bientôt

J'avoue que ton message remonte bien le moral, la science nous tappe toujours dessus en philo, mais elle ne répond jamais, elle.

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