E-Bahut Vanderbick Posté(e) le 24 novembre 2004 E-Bahut Signaler Share Posté(e) le 24 novembre 2004 Je mets à la disposition de tous, et particulièrement des élèves de seconde, une synthèse d'ECJS qu'il leur sera libre d'utiliser. « Incivilité ». Les études sociologiques font grand usage de cette notion, nonobstant il est bon de préciser que sa définition tend à varier d’une source à une autre. Ainsi, l’on désignera par ce terme tous les désagréments qui dégradent le climat scolaire quels en soient les aspects. Ces actes d’incivilité intolérables et inadmissibles emplissent spécialement nos écoles d’un sentiment de crainte général, c’est pourquoi – hormis le fait qu’il soit imposé par le sujet de ce dossier – il semble intéressant de se placer dans le cadre scolaire comme étant le point de départ d’une enfance qui sera dans un avenir proche porteuse du flambeau de l’humanité. L’étude de ce phénomène se portera sur plusieurs points essentiels qui seront annoncés au fur et à mesure à l’aide de problématiques. Ainsi, la définition donnée plus tôt sur la notion d‘incivilité répond à la question : à partir de quel moment peut-on parler d’incivilité ? A partir du moment où un (ou des) élément(s) perturbe(nt), de leurs paroles ou leurs gestes, le cours normal de la vie scolaire. Comment se manifeste l’incivilité ? Les manifestations d’incivilité sont de diverses formes et de différentes gravités : langage argotique, injures, agressivité, port de la casquette, intimidations, introduction d’armes, tutoiement du professeur, refus d’obéissance ou autres comportements juvéniles, pouvant atteindre une limite plus grave tels les toxicomanies ou les viols. En effet, ils peuvent aller du simple parasitage au cours jusqu’aux meurtres, et relèvent de ce fait un paradoxe important : la multiplicité des aspects que revêt l’incivilité influe directement sur les conséquences de ses actes. Quelles en sont les causes ? Et les conséquences ? Tous les éléments poussent à dire que les causes prennent leur source dans la société de l’enfant, et plus particulièrement son environnement familial et scolaire. Des parents continuellement absents, ayant un travail précaire avec des horaires imposés et incompatibles ; une vie de famille où personne ne communique et où la violence devient un mode d’expression ; un contexte familial fragilisé par les disputes – si ce n’est le divorce – pire, une mère soumise, battue, spécialement devant les yeux de ses enfants est une scène que l’on rencontre souvent, et qui ne peut que rendre les enfants plus violents, car un adolescent violent est un enfant qu’on a laissé s’installer dans la violence. Un échec scolaire, source de frustration et d’angoisse des parents, ne fait que renforcer la révolte de ses jeunes et les pousser à douter de leur propre utilité. Une famille empreinte de pauvreté et de misère, et dont les enfants veulent améliorer la situation mais, malheureusement, sont dans l’incapacité de la faire ne fait que renforcer ce sentiment. Ceci est surtout présent chez des jeunes issus de familles immigrées et de quartiers populaires. Des divertissements de moins en moins instructifs, des jeux violents, de la musique provocante et injurieuse, des films de moins en moins pudiques : tout contribue à une influence négative sur les jeunes. Du point de vue des professeurs, la cause principale de l’incivilité est la juxtaposition entre deux cultures différentes : l’école et la rue. Par rapport aux élèves, la faute repose sur les enseignants trop rigides ou trop laxistes et qui ne les respectent pas et sur la matière enseignée qu’ils jugent inintéressantes ou inutiles. Les actes d’incivilité ont des conséquences matérielles, tangibles, mais également, et non des moindres, psychologiques. Certes détériorer le matériel a un effet néfaste sur le côté budgétaire de l’établissement, blesser une personne a des conséquences médicalement intolérables, mais le plus dangereux de tout cela, c’est le sentiment de crainte, d’impuissance, et d’insécurité qui ne cesse de gagner les élèves et leurs familles, qui se voient dans l’impuissance de livrer leurs enfants à l’école sachant qu’il pourrait un jour ou l’autre leur arriver malheur ; ou alors, autre alternative, elle tente de contrôler la situation en recherchant la meilleure école sur tous les niveaux, ce qui en résulte une désorientation des élèves. Et il est fort désolant de constater que la réelle valeur de l’école et de l’instruction en sera indéniablement réduite à néant. Qui sont les auteurs ? Et les victimes ? Où et quand tiennent lieu ces actes ? Dans un cadre scolaire, les auteurs sont dans la majorité des élèves, surtout en ce qui concerne les violences physiques – sans arme – et les insultes et menaces, et connaissent très bien leurs victimes. Concernant leur âge, ils sont plutôt âgés au collège, mais plus jeunes au lycée. Sinon, ce sont des personnes de l’entourage de la victime ou inconnues mais extérieures à l’établissement, et cela dans des cas beaucoup plus rares. Enfin, et dans des cas encore moins fréquents, il s’agit de professeurs, de membres du personnel ou de parents d’élèves. Les victimes sont dans plus de la moitié des cas des élèves, qui subissent en premier les violences physiques et les vols. Les personnels comptent pour un quart des victimes, surtout pour les menaces et insultes. Dans un quart des victimes d’atteintes à la personne d’autrui, ce sont des filles, mais aussi pour la quasi-totalité des violences physiques à caractère sexuel, qui sont le plus souvent dans les périodes pubertaires et pré-pubertaires, c'est-à-dire âgées de 10 à 16 ans. Et il est important de noter que pour un sixième des cas, la victime est un objet. Par rapport aux établissements en tant que tels, les actes d’incivilité sont les plus nombreux dans les écoles à plus de 1000 élèves situés en zone difficile telles les banlieues. Mais au sein même de l’établissement, la plupart des actes se produisent dans la cour de récréation, dans les couloirs en ce qui concerne les actes de violence, mais aussi, et moins fréquents, dans les salles de cours. Les moments de la journée concernés sont lors des récréations et des inter-classes, pendant la pause déjeuner et les sorties de cours (mais en ce qui concerne plutôt les actes extérieures à l’établissement néanmoins aux abords immédiats de celui-ci). Quelles sont les réactions suscitées ? Et les sanctions ? Une colère indescriptible mêlée à de l’inquiétude de la part des administrations scolaires, du gouvernement, des familles des victimes et des organisations et autres associations ; mais aussi un fort désir de tout changer, de tout remettre en ordre, telles sont les réactions face à l’incivilité. La victime, après avoir subi une quelconque manifestation d’incivilité, se sent humiliée, méprisée et « mal dans sa peau » ; et trouve pour seule et unique solution la vengeance. Soit elle décide de faire appliquer la loi par elle-même (en utilisant la force), soit elle prévient le CPE (par elle-même ou par le biais de ses parents) qui, pour punir le coupable, sanctionne en différents degrés. La sanction peut aller au moindre cas des heures de retenue et travaux d’intérêt général jusqu’aux exclusions temporaires ou définitives. Pour éviter cette dernière solution car là n’est pas le but de l’éducation, l’élève coupable peut être « inclus », c'est-à-dire intégré dans une autre classe (ou classe-relais) et surveillé de plus près. Cette mesure peut permettre à des jeunes de regagner leur place dans l’école mais elle représente toujours pour l’élève la phase finale avant l’exclusion définitive. Mais lorsque l’incivilité atteint un haut degré de gravité, que le coupable est adulte, et surtout extérieur à l’établissement, il n’y a pas d’autre moyen que de prévenir la police. Ainsi le bizutage et les injures à caractère raciste sont passibles d’amende ou d’emprisonnement. D’autre part, plusieurs campagnes et journées contre la violence ont été mises en place, ainsi que des numéros verts pour pouvoir trouver des solutions plus efficaces en allant au fin fond du problème : mettre la victime en confiance pour qu’elle dénonce la coupable. Quelles sont les mesures préventives ? Plusieurs initiatives sont développées pour prévenir l’incivilité en milieu scolaire par les écoles ainsi que par le ministère de l’Education Nationale. Au niveau des institutions scolaires, les conseils d’école, les heures de vie de classe permettent aux élèves et aux professeurs de s’exprimer et de dissiper les malentendus, l’accueil personnalisé des nouveaux élèves, la formation d’élèves médiateurs pouvant orienter les auteurs et les victimes vers des adultes pour les écouter et les aider, la baisse des effectifs au sein de la classe, les animations sportives et culturelles s’avèrent être les principales démarches suivies par les établissements. D’autres mesures ont été énoncées par les plans anti-violence consistant à augmenter l’effectif des encadrants (surveillants ; conseillers principaux d’éducation ; infirmières…) et à renforcer l’instruction civique permettant aux élèves de développer dès leur plus jeune âge un esprit critique, apprendre à mener un débat et exercer leur citoyenneté. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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